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La conscience est-elle préférable à l'inconscience ?

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« Introduction Il nous faut concevoir en quoi cette question peut poser problème.

Car dans notre vie courante, préférer la conscience est une évidence : ainsi quelqu'un d' « inconscient » est décrit comme irresponsable, manquant à un devoir de conscience qui permettrait de mener une vie humaine normale.

La conscience est donc d'emblée présentée comme préférable, à un tel point que la question d'un choix de la conscience contre l'inconscience ne se pose même pas.

Il sera donc nécessaire d e préciser la possibilité même d e ce choix, avant d'examiner les raisons d'effectuer ce choix en faveur, ou non, de la conscience.

La conscience peut-elle se « préférer », impliquant une liberté fondamentale ? Et en quoi ce choix est-il bénéfique à l'existence humaine ? I La conscience comme choix de la volonté libre : Descartes et Kant - Descartes : Le cogito permet à Descartes ( Discours de la méthode) de découvrir le fondement absolu de toute certitude : d'abord celle de ma propre existence, laquelle permet ensuite de fournir le socle de toute science humaine.

Cet énoncé cartésien met à jour les vertus cardinales de la conscience humaine : clarté et distinction, qui écartent tout doute possible.

La conscience apparaît alors comme la valeur suprême de la pensée humaine.

Mais ce qu'il faut voir, c'est que la pensée du cogito est une pensée libre, provenant d'un acte de volonté qui fait violence à notre existence naturellement portée aux préjugés qui nous ont été transmis par la tradition humaine.

C'est cette liberté de la volonté, qui outrepasse les pouvoirs de l'entendement pour Descartes, qui permet de sortir ce dernier des préjugés qui limitent l'exercice de la science.

La conscience se pose donc comme éminemment préférable, et même comme impérative, nécessaire face à l'inconscience de nos préjugés. - Kant va plus loin dans sa Critique de la raison pratique : toute conscience a pour tâche de déterminer les critères du bien et du mal, qui doivent être universels.

Dès lors, être conscient c'est essentiellement s'élever au niveau moral de l'existence, car la conscience devient la condition même de possibilité du choix raisonnable.

Par conséquent, la conscience est en elle-même préférable, y compris à l'inconscience, car elle est la forme même du choix, de la préférence : il est donc impossible de préférer l'inconscience, car il s'agirait d'une préférence non raisonnable, donc illégitime. II Vertu critique de la conscience : préférer la conscience n'est pas invalider l'inconscience : Alain et Bergson -Cependant, si la conscience est la forme même de toute préférence raisonnée, il faut en conclure qu'on ne choisit pas « entre » la conscience et l'inconscience.

Préférer la conscience n'est pas supprimer l'inconscience, mais adopter un regard critique sur notre conduite qui provient nécessairement de motifs inconscients.

Comme le dit Alain dans Les arts et les dieux, être conscient c'est mettre en question sa propre pensée, et donc la suspecter à chaque instant d'inconscience : le doute cartésien ne connaît pas de fin.

Le choix de la conscience est donc à renouveler incessamment. -A partir de là, préférer la conscience, c'est également permettre une affirmation bénéfique des vertus de l'inconscience.

Car le choix de la conscience provient lui-même d e notre volonté, dont les fondements sont inconscients.

Préférer la conscience, c'est donc finalement réguler notre vie inconsciente, comme l'expose Bergson dans Matière et mémoire : le choix de la conscience est un choix qui s'annule luimême, car il est pris à son tour dans l'inconscience, il y fait retour, et contribue à rendre cette inconscience dynamique, sans cesse renouvelée par la sélection de la conscience. III Le choix de la conscience permet finalement de préférer l'inconscience : Nietzsche -On s'aperçoit en fait que les raisons du choix conscient sont-elles mêmes inconscientes : il est impératif de ne pas perdre cela d e vue, sinon on risque d e faire passer la préférence pour une évidence, comme c'est spontanément le cas.

Dans Le gai savoir, Nietzsche pointe ainsi du doigt les aspects néfastes de la conscience, qui fait passer pour évident ce qui est précisément l'objet d'un choix. Dès lors pour Nietzsche la conscience nivelle les vertus singulières de la vie humaine : sa clarté finit par dissimuler l'origine dynamique de notre pensée, et affaiblit notre vie psychique. -Dans Ecce homo, Nietzsche précise sa pensée : préférer la conscience n'exclut pas de préférer l'inconscience, sous une autre forme.

Préférer la conscience, c'est affirmer le pouvoir de la raison et ses vertus critiques, y compris envers elle-même.

Préférer l'inconscience est une opération différente : elle ne passe pas par la raison consciente, mais consiste à donner libre cours dans une certaine mesure à notre vie inconsciente.

Nietzsche dit ainsi qu'il y a un risque que le choix de la conscience étouffe notre préférence de l'inconscience (il ne faut pas que la conscience intervienne trop tôt) : il faut donc préférer fondamentalement l'inconscience, afin de pouvoir exercer un choix critique et conscient sur elle. Conclusion -La conscience n'est pas préférable à l'inconscience, car il est possible de « préférer » simultanément les deux, en se rappelant que la préférence n'a alors pas le même statut. -La préférence de la conscience est un choix rationnel, critique, visant à réguler notre vie inconsciente. -La préférence de l'inconscience ne relève pas du choix mais d'une affirmation de nos possibilités naturelles. -Préférer la conscience ou l'inconscience n'est donc pas une alternative exclusive (soit tout l'un, soit tout l'autre). >>> Suite de ce corrigé: http://www.devoir2philo.com/dissertations/102131.htm. »

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