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« La conscience enferme un refus de soi : on ne connaît de soi que ce Qu'on change. » Quelles réflexions vous suggère cette pensée d'Alain ?

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« Dans le sommeil, écrit Alain, je suis tout ; mais je n'en sais rien. La conscience suppose réflexion et division. La conscience n'est pas immédiate. Je pense, et puis je pense que je pense, par quoi je distingue Sujet et Objet. Moi et le monde. Moi et ma sensation. Moi et mon sentiment. Moi et mon idée. » b) On notera qu'une telle séparation ne brise pas l'unité profonde de la conscience : « Quel est donc le principe des principes ? C'est que toute expérience possible doit s'accorder avec l'unité de la conscience.

« « La conscience enferme un refus de soi : on ne connaît de soi que ce qu'on change.

» Quelles réflexions vous suggère cette pensée d'Alain ? plan indicatif Remarque : Dans le but d'éclairer la pensée d'un auteur au programme, nous analyserons ici cette phrase d'Alain en nous plaçant du point de vue de ce dernier, dans le cadre de sa philosophie.

Cependant il n'est aucunement nécessaire pour bien traiter ce sujet de connaître cette philosophie, puisque son libellé ne demande pas ce qu'Alain entend par là, mais quelles réflexions nous suggère cette pensée.

Ce qui laisse grand ouvert l'éventail des approches possibles. introduction Quand je perçois un objet, j'ai conscience de celui-ci.

Mais cette conscience spontanée de l'objet est inséparable de la conscience de moi-même percevant cet objet.

Avoir conscience suppose donc avoir conscience de soi.

Avoir conscience, c'est se poser et se saisir soi-même dans et par ses représentations.

De là le caractère apparemment paradoxal de cette remarque faite par Alain dans un de ses Propos intitulé « Le spectateur du spectateur » (Avril 1929, éd.

Pléiade, I, p.

844) : « La conscience enferme un refus de soi : on ne connaît de soi que ce qu'on change.» Première partie : Analyse de la conscience psychologique a) Pour Alain, la conscience, qui est toujours une conscience réfléchie, implique une séparation, entre le soi et le monde.

« Dans le sommeil, écrit Alain, je suis tout ; mais je n'en sais rien.

La conscience suppose réflexion et division.

La conscience n'est pas immédiate.

Je pense, et puis je pense que je pense, par quoi je distingue Sujet et Objet.

Moi et le monde.

Moi et ma sensation.

Moi et mon sentiment.

Moi et mon idée.

» b) On notera qu'une telle séparation ne brise pas l'unité profonde de la conscience : « Quel est donc le principe des principes ? C'est que toute expérience possible doit s'accorder avec l'unité de la conscience.

Je pense ce que que je pense.

C'est toujours moi le même et indivisible.

Principe purement formel.

Il ne s'agit pas de savoir si je suis le même en fait, mais de savoir si je puis me penser autre absolument, ou double absolument.

Dès que je pense que je change, il faut bien que je pense que c'est moi le même qui change, etc.

Cela compris, et il y faudra du temps, on sait a priori qu'une expérience qui romprait cette unité ne peut entrer dans la conscience.

» (Histoire de mes pensées, p.

130.) c) Cependant, pour Alain, comme pour Husserl ou Sartre, toute conscience est conscience de quelque chose.

De même donc qu'il ne saurait y avoir d'objet (d'une conscience) sans sujet, il ne saurait y avoir de sujet sans objet.

La conscience se réduirait à un simple néant si elle ne saisissait pas le monde.

La conscience de soi ne peut par conséquent se saisir elle-même qu'en se saisissant comme une conscience de ce qui n'est pas elle.

Ainsi toute conscience de soi nécessite la conscience d'autre chose que soi. Récapitulation et transition Toute conscience, bien que une, implique une division entre soi et le monde, et la conscience de soi, autre chose que soi.

Mais peut-on considérer cela comme « un refus de soi » ? Il ne semble pas.

Qu'entend donc Alain par là ? Deuxième partie : Identité des consciences psychologique et morale a) Le langage commun ne distingueras entre la « conscience morale » et la « conscience psychologique ».

Il faut, selon Alain, lui donner raison.

(« Le langage, note-t-il, enferme bien des secrets ; et qui saurait bien sa langue saurait tout ce qui importe.

» Propos, op.

cit., p.

844.) En effet : — La conscience est corrélative à un sentiment d'insuffisance, de manque, de défaillance suscité par un obstacle (autrement il y a automatisme). — Être conscient, comme l'indique l'étymologie (cum-sciens), c'est posséder un savoir « rassemblé » autour d'un centre, celui que constitue la personne.

La conscience, écrit Alain, « c'est le savoir revenant sur lui-même et prenant pour centre la personne humaine elle-même, qui se met en demeure de décider et de juger.

Ce mouvement intérieur est dans toute pensée ; car celui qui ne se dit pas finalement : "Que dois-je penser?" ne peut pas être dit penser. b) Dans ces conditions, il est clair que « La conscience est toujours implicitement morale ; et l'immoralité consiste toujours à ne point vouloir penser qu'on pense, et à ajourner le jugement intérieur.

On nomme bien inconscients ceux qui ne se posent aucune question d'eux-mêmes à eux-mêmes.

Ce qui n'exclut pas les opinions sur les opinions et tous les savoir-faire, auxquels il manque la réflexion, c'est-à-dire le recul en soi-même qui permet de se connaître et de se juger ; et cela est proprement la conscience.

» (Id.) Récapitulation et transition Mouvement de réflexion sur soi-même, la conscience pleine ne peut séparer la représentation de ce que je suis de celle de ce que je devrais être.

Nous apercevons donc pourquoi elle « enferme un refus de soi ».

Ce qu'il nous faut maintenant analyser plus en détail.. »

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