La conscience du sujet peut-elle se passer de l’autre ?
Extrait du document
«
Introduction
L'expression « conscience du sujet » amène à définir la conscience en terme de conscience de soi, une
conscience réflexive qui donnerait à l'homme la capacité de faire quelque chose et de s'apercevoir au moment où il
le fait qu'il est en train de le faire.
La « conscience du sujet » sous tend que le sujet est autonome, qu'il est avant
tout intériorité.
L'altérité, l'autre a ce statut ambigu d'être à la fois ce qui est radicalement différent, et ce qui est un alter
ego, un autre moi.
Quel rapport concevoir entre la conscience du sujet et l'autre ? Le sujet est-il autonome ou
dépend-il d'un autre pour se concevoir comme tel ? Peut-on prendre conscience de soi sans prendre conscience de
l'autre ? L'autre est-il déjà présent quand la conscience se constitue ? Une fois constituée peut-elle s'émanciper de
l'autre et revenir vers elle-même ?
I.
Descartes : la conscience du sujet se constitue sans l'autre
A.
La conscience définie comme intériorité
1.
L'idéalisme de Descartes : la conscience est la base de la connaissance
L'unique certitude qui résiste au doute : cogito ergo sum
La conscience est le fondement et le modèle de toute connaissance
La conscience est ce qu'il y de plus pur en nous, elle est totalement
indépendante et incorruptible par l'altérité
2.
« Par le mot de pensée, j'entends tout ce qui se fait en nous de telle sorte
que nous l'apercevons immédiatement en nous-mêmes »
La conscience de soi est cette capacité que nous aurions de faire quelque
chose et de nous apercevoir au moment où ne le faisons que nous sommes ne
train de le faire, capacité à nous apercevoir de nos états mentaux
Immédiateté du rapport à soi
B.
Un doute hyperbolique
1.
Une conscience isolée du monde
La connaissance ne peut plus que se développer dans une logique purement
immanente.
L'altérité se trouve toujours soupçonnée d'être trompeuse, source d'illusion, Descartes n'est même pas sûre
que la réalité extérieure existe.
L'altérité peut corrompre l'âme en la trompant.
2.
Le seul chemin vers le monde : la doctrine innéiste des idées
Dieu est le seul garant de l'adéquation de nos idées et de ce qu'elles représentent, il nous a créé de telle sorte
que nous puissions penser le réel
TRANSITION:
• Descartes associe donc bien penser et sentir, idées et sentiments comme émanant de la conscience.
Et de ce
fait, conscience = connaissance.
C'est ma conscience qui va me faire prendre connaissance de ma liberté.
Plus j'ai conscience, plus j'ai connaissance
et plus je suis libre de me déterminer.
Un être qui serait toute conscience et toute connaissance serait entièrement
libre et ne se tromperait jamais, comme Dieu, d'où me vient ma liberté infinie.
• Le cogito a donc affirmé mon existence et ainsi prouvé que la vérité est accessible.
En me libérant des préjugés,
je m'élève vers la connaissance qui seule me rendra véritablement libre (vision très platonicienne).
Mais la
découverte de mon existence n'assure pas l'existence d'autres sujets.
Le cogito affirme une conscience solitaire
(c'est ce qu'on appelle le solipsisme cartésien).
Puis-je être libre seul ? Hegel critiquera sévèrement le solipsisme
cartésien : je ne peux m'affirmer conscience de soi que face à une autre conscience de soi, car, être conscience de
soi comme homme, c'est être reconnu comme homme par un autre homme — « Pour être humain, il faut au moins
être deux ».
Mais nous ne connaissons les autres ni par la science (la connaissance cartésienne) ni par le sentiment
immédiat (la conscience) de leur ressemblance.
Seule la lutte pour la reconnaissance, et une lutte à mort, fondera
ma liberté.
De cette lutte je sortirai libre et reconnu ou esclave et aliéné (j'appartiendrai à un autre).
II.
La conscience du sujet se constitue dans un rapport de force avec autrui.
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