La conscience de soi est-elle une connaissance?
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I - LES TERMES DU SUJET
Le sujet invite à mettre en rapport deux concepts proches mais distincts : conscience et connaissance.
Il importe
donc de délimiter avec soin leurs sphères de signification.
"Prendre conscience de" signifie constater, entrer en
contact avec un objet.
"Prendre connaissance de" implique un travail de l'intelligence, débouchant sur la possession
de concepts, donc de contenus essentiels.
II - ANALYSE DU PROBLÈME
Il faut apercevoir et approfondir le décalage qui existe entre conscience de soi et connaissance de soi.
La
conscience de soi est un fait, un point de départ, mais aussi une incitation à la recherche.
La question est donc de
savoir si le "moi" peut faire l'objet d'une connaissance, et d'autre part si cette connaissance peut se résumer à la
conscience de soi ou du moins consister dans un approfondissement de la conscience de soi.
Il convient donc de
commencer par décrire la conscience de soi, sa signification et ses limites, et de la confronter aux exigences
propres à une connaissance véritable.
III - LES GRANDES LIGNES
ALa connaissance de soi est l'une des finalités primitives assignées au philosophe.
D'où vient cette exigence, dans
quelle mesure s'appuie-t-elle sur le fait premier de la conscience de soi ? DESCARTES croit pouvoir identifier l'une à
l'autre.
BCependant KANT remet en cause cette assimilation : le "moi" contenu dans toute représentation du sujet n'est pas
à proprement parler un objet connu, mais un simple principe d'unité des représentations.
CCe moi formel, dont le contenu essentiel reste à inventer constamment, n'est-il pas cependant, dans son indéfinition
même, le véritable contenu d'une "essence de l'homme" ? Peut-on imaginer une connaissance de soi qui me donne à
connaître un objet véritablement constitué ?
IV - UNE DÉMARCHE POSSIBLE
ASOCRATE avait fait sienne la devise du temple de Delphes : "Connais-toi toi-même".
La connaissance de soi est en
effet la condition ultime d'une maîtrise de soi, de ses origines et de ses volontés.
Il n'y a pas de recherche de la
vérité et de la justice sans un travail de réflexion de la pensée sur elle-même : que valent mes certitudes
spontanées, mes désirs, tout ce qui relève des préjugés et de l'opinion ? Comment puis-je les conformer à l'idéal
d'une pensée libre et raisonnée ? On voit par là quel est l'enjeu véritable d'une connaissance de soi : conformer
l'homme à une idée de l'homme, permettre un contrôle et une maîtrise de soi.
Et l'on voit aussi comment cette
exigence prend pour point de départ la conscience de soi : c'est bien le mouvement de réflexion de la pensée sur
elle-même qui à la fois me donne l'idée d'une connaissance de moi-même et m'ouvre la voie d'une telle
connaissance.
C'est la voie dans laquelle s'engage DESCARTES dans les Méditations métaphysiques .
Ayant dégagé
le noyau de toute activité de pensée, à savoir la conscience de soi (le "cogito", le "je pense" comme contenu ultime
de toute pensée), DESCARTES construit sur ce fondement une véritable connaissance.
"Je suis, mais que suis-je ?",
demande DESCARTES.
Et la réponse vient aussitôt : "à savoir, une chose qui pense".
L'essence, ou encore le
fondement substantiel de "je" est ainsi descriptible sous forme d'un objet conceptualisable : une substance
pensante, mieux, une res cogitans (chose pensante), dont le caractère de substance permet de déduire des
caractères essentiels : unité, immortalité, mais aussi chose créée, dépendante d'un créateur infiniment parfait.
Je
suis essentiellement une âme, disposant d'une liberté infinie et d'un entendement fini, fécondée par les "germes de
vérité" placés en elle par la bonté infinie de Dieu.
BLes conclusions de cette enquête sur l'essence du moi, conclusions que l'on peut qualifier de métaphysiques, sont
remises en cause dans leur fondement par E.
KANT dans la Critique de la raison pure , au chapitre de l'analytique
transcendantale.
"La conscience de soi, écrit Kant, n'est pas encore une connaissance de soi".
La conscience de soi
est simplement le fait que chacune de mes représentations (j'ai peur, je sais que la terre est ronde, j'ai faim, etc...)
est accompagnée de la représentation "je pense".
Le "je" qui accompagne mes représentations est donc un simple.
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