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La connaissance scientifique dissipe-t-elle la superstition ?

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« Introduction Dans sa Loi des Trois États, Auguste Comte montre comment la connaissance humaine finit par accéder au stade positif ou scientifique. Doit-on en déduire qu'une fois parvenu à cet état « final », l'esprit abandonne totalement ses attitudes antérieures? Malgré tous les problèmes qu'elle rencontre au XXe siècle, on sait bien que la foi religieuse n'a pas disparu.

Il serait donc a priori surprenant que toute superstition soit dissipée par la connaissance scientifique. I.

Fondements de la superstition — Elle s'appuie sur un animisme diffus qui prête intentions et pouvoirs à une multiplicité d'êtres et d'objets : influence des planètes, des nombres, de la couleur des animaux ou des fleurs... — Elle établit donc des causalités complexes entre des ordres d'existence qui, du point de vue rationnel, n'ont pas de relations. — Elle suppose une « complicité » ou du moins la possibilité de contacts efficaces (dans un sens plus magique ou spirituel que matériel) entre un sujet humain et l'univers des choses, dont certaines le concerneraient plus particulièrement.

Le monde est ainsi peuplé de «signes» ou d'indices, qui menacent, avertissent, protègent, etc.

L'attitude superstitieuse témoigne donc de la quête, par tous les moyens, de sens et de significations grâce auxquelles le sujet se sentirait moins isolé ou perdu par rapport au réel. II.

Ce qu'apporte la connaissance scientifique — Elle s'établit par une interrogation sur le «comment» et non sur le «pourquoi» (cf.

Comte). "En étudiant ainsi le développement total de l'intelligence humaine dans ses diverses sphères d'activité, depuis son premier essor le plus simple jusqu'à nos jours, je crois avoir découvert une grande loi fondamentale, à l laquelle il est assujetti par une nécessité invariable. [...] Cette loi consiste en ce que chacune de nos conceptions principales, chaque branche de nos connaissances, passe successivement par trois états théoriques différents : l'état théologique, ou fictif, l'état métaphysique, ou abstrait, l'état scientifique ou positif.

En d'autres termes, l'esprit humain, par sa nature, emploie successivement dans chacune de ses recherches trois méthodes de philosopher, dont le caractère est essentiellement différent et même radicalement opposé : d'abord la méthode théologique, ensuite la méthode métaphysique et enfin la méthode positive.

De là, trois sortes de philosophie, ou de systèmes généraux de conceptions sur l'ensemble des phénomènes, qui s'excluent mutuellement ; la première est le point de départ nécessaire de l'intelligence humaine ; la troisième, son état fixe et définitif ; la seconde est uniquement destinée à servir de transition.

Dans l'état théologique, l'esprit humain, dirigeant essentiellement ses recherches vers la nature intime des êtres, les causes premières et finales de tous les effets qui le frappent, en un mot, vers les connaissances absolues, se représente les phénomènes comme produits par l'action directe et continue d'agents surnaturels plus ou moins nombreux, dont l'intervention arbitraire explique toutes les anomalies apparentes de l'univers.

Dans l'état métaphysique, qui n'est au fond qu'une simple modification du premier, les agents surnaturels sont remplacés par des forces abstraites, véritables entités (abstractions personnifiées) inhérentes aux divers êtres du monde, et conçues comme capables d'engendrer par elles-mêmes tous les phénomènes observés, dont l'explication consiste alors à assigner pour chacun l'entité correspondante.

Enfin, dans l'état positif, l'esprit humain, reconnaissant l'impossibilité d'obtenir des notions absolues, renonce à chercher l'origine et la destination de l'univers, et à connaître les causes intimes des phénomènes." COMTE Auguste Comte est célèbre pour avoir fondé le positivisme, doctrine selon laquelle seule la démarche scientifique est en mesure de découvrir le vrai.

la connaissance du réel n'est possible que si l'esprit humain abandonne les explications religieuses et métaphysiques. Problématique. De même que l'être humain se développe en traversant des étapes, de même l'humanité progresse dans la connaissance du réel selon une loi des trois états.

A la connaissance théologique qui explique l'univers par des forces cachées, détenant une puissance sur l'homme, succède l'état métaphysique, adolescence de l'humanité, où des entités viennent se substituer aux forces, au terme d'un processus d'abstraction.

Avec l'état positif, l'esprit humain atteint sa maturité en renonçant à se poser des questions métaphysiques.

Il se tourne vers les faits et découvre les grandes lois de la nature.

Cette évolution que décrit Comte vise à montrer que l'histoire humaine forme un tout. Enjeux. En proposant un système global du développement de l'esprit humain, Auguste Comte met en évidence le rôle essentiel que loue la société par rapport à l'individu, qu'il conçoit comme une abstraction.

C'est la société qui donne à l'individu les moyens de se développer.

Il lui doit la vie.

En d'autres termes, l'humanité est conçue comme une totalité qui englobe l'individu et le détermine dans son évolution. — Elle progresse en détruisant au moins partiellement ce qu'elle affirmait antérieurement (cf.

Bachelard).

Dans cette optique, elle s'oppose radicalement à toute attitude traditionaliste; la science s'annonce comme n'étant jamais définitive (alors que la superstition transmet aisément ses croyances d'une génération à la suivante).

L'histoire de la science est celle d'une révolution permanente.

Non pas un progrès linéaire par accumulation d'observations, mais une histoire tourmentée et dramatique semée de « coupures épistémologiques ».

Le savoir rationnel est un savoir polémique, une incessante rectification.

Sans cesse la science « se forme en se réformant ». — Elle élabore des causalités locales et pratique un principe d'économie de la pensée (dans ses hypothèses et ses raisonnements) qui contredit la confusion et la complexité du monde de la superstition. — Elle produit un monde objectivé, à portée de certaines démarches efficaces, mais qui, fondamentalement, est privé de dimension spirituelle et échappe à toute emprise également spirituelle. — La connaissance scientifique contredit donc, dans ses fondements mêmes, l'attitude superstitieuse.

Cela suffit-il pour qu'elle la dissipe?. »

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