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La connaissance commune est-elle, pour la connaissance scientifique, un point d'appui ou un obstacle ?

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« [Introduction] Dans l'histoire de la philosophie, il est traditionnel, depuis Platon, d'opposer l'opinion commune au véritable savoir.

En conséquence, le philosophe conseille volontiers de se détourner de la connaissance immédiate pour accéder à l'élaboration d'un savoir de tout autre nature.

La même recommandation doit-elle être répétée lorsqu'il s'agit d'accéder cette fois à une connaissance scientifique ? Cette dernière est-elle dans la continuité de la connaissance commune, ou celle-ci constitue-t-elle en réalité un obstacle, éventuellement grave, freinant la constitution de la connaissance scientifique ? [I - Caractères et buts de la connaissance scientifique] On peut commencer par rappeler, avec Auguste Comte (loi des trois États) que la connaissance scientifique correspond à une manière nouvelle de questionner la nature : il ne s'agit plus de se demander pourquoi les phénomènes se produisent (ce qui entraînait vers une recherche théologique ou métaphysique des causes premières ou finales), il convient désormais de chercher à comprendre comment ils ont lieu. Cela signifie que la science, qui répond d'abord à un besoin d'explication de la nature (cf.

document du sujet 18), cherche à découvrir des lois, qui se situent au-delà des phénomènes et n'apparaissent jamais directement (aucune feuille ne nous donne en tombant une illustration immédiate de la loi de la chute des corps).

Élaborant ces lois, la connaissance scientifique s'intéresse à des phénomènes universels (on le sait depuis Aristote). En raison de cette visée, la science doit travailler sur des faits reconstruits, intellectuellement maîtrisés : elle ne s'élabore pas à partir des données de la perception ordinaire, qu'elle considère au contraire, et par principe, comme trompeuses ou insignifiantes. L'observation scientifique implique en conséquence le recours à des moyens d'observation sophistiqués — dont l'existence elle-même est due à la mise en application technique de théories antérieures. Dans son histoire, une connaissance scientifique se modifie.

Il existe une progression des concepts et des théories, qui s'effectue peutêtre davantage par correction d'erreurs antérieures que par accumulation d'un savoir entièrement nouveau.

C'est dire aussi bien que la connaissance scientifique s'accompagne en permanence d'esprit critique. Aussi la connaissance scientifique est-elle par principe « modeste », en ce sens que, quelle que puisse être l'importance d'une découverte ou théorie nouvelle, il est sous-entendu qu'elle doit être éventuellement modifiable.

Pour la science, il n'y a pas de connaissance authentiquement définitive. [II — Caractères et buts de la connaissance commune] Elle répond aussi à un besoin de savoir, mais autrement orienté : en quête d'explications globales et définitives, aussi bien que d'explications concernant des phénomènes singuliers ou extraordinaires. Elle se fonde avant tout sur l'« opinion » (qui a pour caractère d'être anonyme et sans responsable initial repérable), et sur la perception.

Ce qui l'intéresse n'est pas tant l'ensemble des lois impliquées par les phénomènes qu'une explication simple et globale de ce qu'elle perçoit du monde.

De ce point de vue, on doit admettre que la connaissance commune se satisfait des apparences. Elle cherche la stabilité, la certitude durable, et se montre pour le moins réservée à l'égard de l'esprit critique, qui peut lui paraître dangereusement destructeur (que ce soit en science ou en philosophie...). Elle se contente d'allusions à l'expérience commune (non scientifique), dont les enseignements sont d'abord singuliers ou personnels, mais se trouvent admis comme exemplaires ou rapidement généralisables, sans qu'il soit nécessaire de les éprouver à nouveau. SUPPLEMENT: Les obstacles épistémologiques selon Bachelard ? 1) L'expérience première.

C'est l'obstacle du sensualisme ou de l'empirisme naïf « qui prétend recevoir directement ses leçons d'un donné clair, net, sûr, constant, toujours offert à un esprit toujours ouvert ».

L'observation première de ce donné « se présente avec un luxe d'images, elle est pittoresque, concrète, naturelle, facile.

Il n'y a qu'à la décrire et à s'émerveiller.

On croit alors la comprendre ».

Elle s'oppose ainsi radicalement à l'expérimentation qui fait appel à la critique et qui exige donc une rupture psychologique avec l'expérience première. 2) L'obstacle verbal : un mot « permet d'exprimer les phénomènes les plus variés.

Ces phénomènes, on les exprime : on croit donc les expliquer.

On les reconnaît, on croit donc les connaître ».

Ainsi, pour expliquer la dissolution de l'air dans l'eau, Réaumur compara l'air à une éponge, et crut, en disant que l'air est un corps spongieux, avoir fait avancer la pensée scientifique. 3) L'obstacle animiste : la croyance au caractère universel de la vie conduit à voir dans tous les phénomènes des phénomènes vitaux : ainsi l'électricité fut-elle considérée comme un fluide vital.. »

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