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La connaissance commune est-elle pour la connaissance scientifique un obstacle ou un point d'appui ?

Extrait du document

« Qu'est-ce qu'une connaissance commune ? On pourrait la définir comme une connaissance qui se base sur un critère d'évidence, comme un contact immédiat avec l'expérience.

Cette expérience renseigne sans avoir été élaborée ou décomposée en propriétés.

La connaissance commune, en tant qu'évidence première, est-elle un obstacle, puisqu'elle empêche toute évolution des mentalités par cette qualité d'évidence ? Ou est-elle un point d'appui, le point de départ d'une expérimentation à caractère scientifique ? Si elle est un point d'appui, peut-on identifier dans certains cas ces deux types de connaissance ? Si la connaissance scientifique n'est pas "plus vraie" que la connaissance commune, qu'est-ce qui peut encore les distinguer ? La connaissance scientifique n'est pas vraie absolument, mais est-ce que la façon dont les théories scientifiques se succèdent a quelque chose de comparable avec la façon dont la connaissance commune "évolue" ? Est-ce que la connaissance commune évolue ? Il semble au contraire que la connaissance scientifique se distingue en ceci qu'elle ménage la possibilité d'une évolution : une théorie pour être scientifique doit donner les conditions de sa réfutation ; elle doit indiquer de quelles expériences et de quels concepts elle dépend, et quels sont les résultats qui la vérifient ; par là on pourra la réfuter si l'expérience la dément, ou de nouvelles théories pourront la compléter.

Au contraire, l'idée d'une évolution, d'un devenir de la vérité est tout à fait étrangère à la connaissance commune.

Quel est le point de départ de la science ? Est-ce qu'elle trouve son point de départ dans une expérience commune du monde, une expérience au sens non pas d'expérimentation mais au sens d'expérience sensible que l'on fait tous les jours ? Par exemple, tous les jours on observe le soleil, et l'on constate que son mouvement obéit à une certaine régularité.

Est-ce le point de départ d'une théorie en astronomie ? Est-ce qu'il y a continuité entre l'expérience commune et l'expérimentation scientifique ? Parce que, d'un autre côté, il est clair qu'il n'y a pas continuité entre les concepts de la connaissance commune et les fonctions et variables de la connaissance scientifique.

Donc, si continuité il y a, il faut la chercher à ce point de départ que pourrait être l'expérience.

Mais justement, en science, est-ce que le point de départ, c'est l'expérience commune ? Ou est-ce que ce sont les concepts, les fonctions d'une théorie ? Et si la connaissance commune est un point d'appui, ne peut-elle être en même temps un obstacle ? Références utiles : sur la notion d'obstacle, La Formation de l'esprit scientifique de Gaston Bachelard ; Alan Chalmers, Qu'est-ce que la science ? surtout le troisième chapitre sur l'importance de l'observation par rapport à la théorie. [Introduction] Dans l'histoire de la philosophie, il est traditionnel, depuis Platon, d'opposer l'opinion commune au véritable savoir.

En conséquence, le philosophe conseille volontiers de se détourner de la connaissance immédiate pour accéder à l'élaboration d'un savoir de tout autre nature.

La même recommandation doit-elle être répétée lorsqu'il s'agit d'accéder cette fois à une connaissance scientifique ? Cette dernière est-elle dans la continuité de la connaissance commune, ou celle-ci constitue-t-elle en réalité un obstacle, éventuellement grave, freinant la constitution de la connaissance scientifique ? [I - Caractères et buts de la connaissance scientifique] On peut commencer par rappeler, avec Auguste Comte (loi des trois États) que la connaissance scientifique correspond à une manière nouvelle de questionner la nature : il ne s'agit plus de se demander pourquoi les phénomènes se produisent (ce qui entraînait vers une recherche théologique ou métaphysique des causes premières ou finales), il convient désormais de chercher à comprendre comment ils ont lieu. Cela signifie que la science, qui répond d'abord à un besoin d'explication de la nature (cf.

document du sujet 18), cherche à découvrir des lois, qui se situent au-delà des phénomènes et n'apparaissent jamais directement (aucune feuille ne nous donne en tombant une illustration immédiate de la loi de la chute des corps).

Élaborant ces lois, la connaissance scientifique s'intéresse à des phénomènes universels (on le sait depuis Aristote). En raison de cette visée, la science doit travailler sur des faits reconstruits, intellectuellement maîtrisés : elle ne s'élabore pas à partir des données de la perception ordinaire, qu'elle considère au contraire, et par principe, comme trompeuses ou insignifiantes.

L'observation scientifique implique en conséquence le recours à des moyens d'observation sophistiqués — dont l'existence elle-même est due à la mise en application technique de théories antérieures. Dans son histoire, une connaissance scientifique se modifie.

Il existe une progression des concepts et des théories, qui s'effectue peut-être davantage par correction d'erreurs antérieures que par accumulation d'un savoir entièrement nouveau.

C'est dire aussi bien que la connaissance scientifique s'accompagne en permanence d'esprit critique. Aussi la connaissance scientifique est-elle par principe « modeste », en ce sens que, quelle que puisse être l'importance d'une découverte ou théorie nouvelle, il est sous-entendu qu'elle doit être éventuellement modifiable. Pour la science, il n'y a pas de connaissance authentiquement définitive. [II — Caractères et buts de la connaissance commune] Elle répond aussi à un besoin de savoir, mais autrement orienté : en quête d'explications globales et définitives, aussi bien que d'explications concernant des phénomènes singuliers ou extraordinaires. Elle se fonde avant tout sur l'« opinion » (qui a pour caractère d'être anonyme et sans responsable initial repérable), et sur la perception.

Ce qui l'intéresse n'est pas tant l'ensemble des lois impliquées par les phénomènes qu'une explication simple et globale de ce qu'elle perçoit du monde.

De ce point de vue, on doit admettre que la connaissance commune se satisfait des apparences. Elle cherche la stabilité, la certitude durable, et se montre pour le moins réservée à l'égard de l'esprit critique, qui. »

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