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Histoire de la philosophie: LUCRECE.

Extrait du document

Lucrèce naquit à Rome, vers l'an 98 avant Jésus-Christ, d'une famille de chevaliers. Sa vie est peu connue. Il ne prit aucune part aux affaires publiques, bien que, par sa naissance, il pût prétendre aux honneurs. On croit qu'il passa sa jeunesse à Athènes et qu'il y étudia la philosophie sous l'épicurien Zénon. C'est, sans doute, à son retour qu'il composa le poème de Natura rerum, où il se proposait d'expliquer et de vulgariser la doctrine d' Épicure. Il dédia cet ouvrage à son ami Caïus Memmius, orateur distingué et poète très versé dans les lettres grecques. Ce Memmius, d'abord préteur en Bithynie, puis tribun du peuple, tenta vainement d'obtenir le consulat; ses intrigues le firent exiler, et il se retira à Athènes, puis à Patras, en Achaïe, où il mourut. Lucrèce fut également en relation avec Atticus, Cicéron et Catulle.  L'obscurité qui environne la vie de Lucrèce a donné lieu à une foule de légendes peu dignes de foi. Saint Jérôme qui les rapporte, raconte, par exemple, qu'un philtre lui fit perdre la raison, que le poêle composa son ouvrage dans les intervalles lucides que lui laissait sa folie, et enfin qu'à l'âge de quarante-quatre ans, dans un de ses accès, il termina sa vie par le suicide. Quelques-uns attribuent, sans plus de fondement, sa mort volontaire aux troubles qui agitaient la République, et d'autres, au chagrin que lui causa l'exil de son ami Memmius. » Résignons-nous, dit Martha, à ignorer la vie de ce poète philosophe qui s'est peut-être lui-même dérobé volontairement à ses contemporains et, par suite, à la postérité. Fidèle en tout à sa doctrine, il aura trop mis en pratique un des plus importants préceptes d'Épicure, qui est celui-ci : « Cache ta vie. »

« I.

— VIE DE LUCRÈCE Lucrèce naquit à Rome, vers l'an 98 avant Jésus-C hrist, d'une famille de chevaliers.

Sa vie est peu connue.

Il ne prit aucune part aux affaires publiques, bien que, par sa naissance, il pût prétendre aux honneurs.

On croit qu'il passa sa jeunesse à Athènes et qu'il y étudia la philosophie sous l'épicurien Zénon. C'est, sans doute, à son retour qu'il composa le poème de Natura rerum, où il se proposait d'expliquer et de vulgariser la doctrine d'Épicure.

Il dédia cet ouvrage à son ami C aïus Memmius, orateur distingué et poète très versé dans les lettres grecques.

C e Memmius, d'abord préteur en Bithynie, puis tribun du peuple, tenta vainement d'obtenir le consulat; ses intrigues le firent exiler, et il se retira à A thènes, puis à Patras, en Achaïe, où il mourut.

Lucrèce fut également en relation avec Atticus, C icéron et C atulle. L'obscurité qui environne la vie de Lucrèce a donné lieu à une foule de légendes peu dignes de foi.

Saint Jérôme qui les rapporte, raconte, par exemple, qu'un philtre lui fit perdre la raison, que le poêle composa son ouvrage dans les intervalles lucides que lui laissait sa folie, et enfin qu'à l'âge de quarante-quatre ans, dans un de ses accès, il termina sa vie par le suicide.

Quelques-uns attribuent, sans plus de fondement, sa mort volontaire aux troubles qui agitaient la République, et d'autres, au chagrin que lui causa l'exil de son ami Memmius.

» Résignons-nous, dit Martha, à ignorer la vie de ce poète philosophe qui s'est peut-être lui-même dérobé volontairement à ses contemporains et, par suite, à la postérité.

Fidèle en tout à sa doctrine, il aura trop mis en pratique un des plus importants préceptes d'Épicure, qui est celui-ci : « Cache ta vie.

» II.

— LE POÈME DE LA NATURE 1.

Idée générale du poème de la Nature. Lucrèce, comme nous venons de le dire, dédia le poème de la Nature à son ami G.

Memmius Gemellus.

La vie de Memmius nous est bien plus connue que celle de Lucrèce.

Issu d'une famille illustre qui prétendait remonter aux Troyens, il était tout à la fois orateur, poète et homme politique.

C'était un épicurien pratique, initié sans doute à la doctrine du maître.

On raconte qu'à A thènes il s'était fait concéder par l'Aréopage une partie des jardins d'Epicure. Memmius et Lucrèce n'étaient pas les seuls à professer l'épicuréisme à Rome.

Cette doctrine avait dû son succès, en Grèce, à la paix et à la tranquillité qu'elle promettait, aux devoirs simples et faciles qu'elle prescrivait et au prestige qu'exerçait la vie d'Épicure.

Son caractère pratique plut aux Romains, dont l'esprit était peu fait pour les subtilités de l'école.

Ils s'accommodèrent aisément d'une doctrine qui n'exige ni initiation, ni culture intellectuelle. D'ailleurs, la morale épicurienne ne prêchait pas une volupté grossière; bien loin de donner un libre essor aux passions, elle les modérait en disant que « le plus près du bonheur est celui qui sait se retrancher le plus sans souffrir, et circonscrire le plus étroitement son action et ses besoins ».

Le meilleur moyen d'être heureux, est de pratiquer la vertu; ce qui faisait dire à Sénèque que « la morale d'Épicure est pure et honnête, et qu'à y regarder de près, elle est austère ».

C ependant, une telle morale était dangereuse; elle pouvait servir de prétexte aux excès les plus honteux.

En fait, chez les Grecs, bien des hommes y avaient cherché un masque pour déguiser toutes leurs passions.

Lorsqu'elle pénétra à Rome, elle fut adoptée « par tous ceux qui tenaient à couvrir et à décorer leur corruption d'un nom philosophique.» Si quelques esprits conservèrent encore la doctrine dans sa pureté primitive, il faut reconnaître qu'un grand nombre ne justifièrent que trop les attaques des écoles rivales. Lucrèce, dégoûté des affaires et de l'ambition, s'était jeté dans l'épicuréisme, pour y trouver le calme et la quiétude que promettait celte doctrine.

Mais, quoiqu'il soit doux, comme il le dit lui-même, d'assister du rivage aux épreuves que l'orage fait subir aux autres, il comprit que le privilège de la science doit être d'arracher ceux qui s'égarent aux ténèbres qui les enveloppent.

Voilà pourquoi il voulut dissiper les vaines tendeurs qui rendent les hommes malheureux.

L'humanité se trouble, parce qu'elle se croit soumise à des dieux qui gouvernent tout, Lucrèce va lui montrer que tout se produit sans l'intervention de ces êtres supérieurs.

L'humanité redoute la mort, parce qu'elle croit à des supplices dans une vie future, Lucrèce va lui prouver que cette vie à venir n'existe pas.

Débarrasser les hommes de ce qui est pour eux un sujet d'inquiétude, tel est le but du poète.

C 'est de ce point de vue qu'il faut juger le poème de la Nature des choses.

Sans doute, c'est un exposé scientifique, mais il a un but moral; c'est la pitié pour l'humanité qui l'inspire. 2.

Doctrines de Lucrèce. Épicure s'était proposé de rendre l'homme heureux, eu éloignant de lui les causes de troubles et de misères.

Or, suivant lui, trois choses contribuent ici-bas au malheur de l'homme : les erreurs de son esprit, l'ignorance des lois du monde et les tourments de la conscience.

La philosophie devait donc, pour atteindre son but, enseigner à l'homme le moyen de bien diriger son esprit dans la recherche delà vérité, lui montrer la véritable origine et les véritables lois du monde, l'instruire enfin sur la nature du bien et du mal.

De là, trois parties dans la philosophie d'Épicure : la canonique ou la logique, la physique et la morale.

Lucrèce marche sur les traces d'Epicure; il se propose le même but, et cherche à l'atteindre par les mêmes moyens.

Il professe les sentiments de la plus tendre vénération pour son maître.

C'est le sage par excellence, c'est le plus courageux des hommes, puisque, le premier, il sut résister au torrent des superstitions; c'est l'inventeur de la véritable philosophie, c'est un dieu, deus ille fuit, deus.

Lucrèce est heureux de faire connaître la doctrine d'un tel maître à ses concitoyens, il est fier de parcourir des lieux que nul pied n'avait foulés avant lui.

Un ouvrage d'Épicure, découvert à Herculanum, a permis de constater que les enseignements de Lucrèce ne diffèrent pas sensiblement de ceux du philosophe grec.

Toutefois, Lucrèce ne professe pas, à propre ment parler, dans son poème, un système de morale; dans aucun endroit, on ne retrouve les théories d'Épicure sur le plaisir et sur la vertu, mais il est facile de voir qu'il ne pense pas d'une autre manière que son maître.

Le poème de la Nature, d'ailleurs, n'a pas d'autre but, comme nous l'avons dit, que d'amener les hommes à cette ataraxie si chère aux épicuriens.

Voilà pourquoi, après les terreurs qu'inspire la superstition, ce que Lucrèce croit le plus opposé au bonheur de l'homme, c'est la cupidité et l'ambition.

« Vivre content de peu, c'est la grande richesse » La morale de Lucrèce, comme celle d'Épicure, n'est point fondée sur la croyance aux dieux et à la vie future, mais elle admet la liberté; toutefois, cette liberté n'est pas autre chose qu'une déclinaison d'atomes, capable de troubler, à un instant donné, l'ordre fixé par le destin; c'est une part arrachée à la fatalité, fatis avolsa potestas. La physique est la partie principale de la philosophie de Lucrèce.

Elle traite tout à la fois de l'origine du monde, des dieux et de l'âme humaine.

Rien ne naît de rien.

Tout est formé de deux choses : la matière et le vide.

Les éléments des choses ou atomes sont éternels, ils se meuvent dans le vide; mais, à un moment donné, ils s'écartent de la ligne droite et se rencontrent.

Leur réunion constitue les corps.

C'est ainsi que le monde s'est formé, puis il s'est développé par ses propres forces et en suivant certaines lois. Les dieux existent; mais ils ne sont pour rien dans la création du monde.

La nature peut se passer d'eux, et ils peuvent se passer de nous.

Ils jouissent de l'immortalité, et goûtent une paix profonde.

Ils ne sont pas troublés par le gouvernement du monde, puisqu'ils ne s'en occupent pas.

Ils ne sont point la cause de tous ces phénomènes qui nous effrayent, et que la superstition leur attribue, tels que les orages, la foudre, les trombes, les tremblements de terre, les éruptions des volcans, les épidémies, etc. L'âme est une partie de l'homme, elle est corporelle de sa nature, puisqu'elle est en contact avec le corps, et qu'elle en partage les accidents; mais elle est composée d'éléments plus petits, d'atomes lisses et ronds, ce qui explique la mobilité de l'esprit-.

L'âme et le corps ne peuvent être séparés sans périr.

Ils naissent et se développent ensemble, ils meurent en même temps.

Lucrèce donne trente preuves de la destruction de l'âme.

Il conclut en disant que la mort n'est pas un mal, et que c'est ici-bas seulement qu'on trouve tous les supplices placés par la Fable dans l'Achéron La conséquence à tirer de toute cette doctrine physique, est que l'homme ne doit craindre ni les dieux ni l'A chéron. A ces théories, Lucrèce joint quelques enseignements sur les simulacres ; enseignements qui ne sont que le résumé de la doctrine d'Épicure sur la connaissance.

Les corps laissent échapper certaines particules très subtiles qui pénètrent dans les sens et y forment nos représentations.

Les sens ne nous trompent pas; les erreurs que nous leur attribuons viennent des conjectures que notre esprit ajoute à leur témoignage.

Les figures bizarres que nous Croyons percevoir parfois, ne proviennent que d'une réunion fortuite de simulacres échappés des corps.. »

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