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Faut-il toujours suivre la conscience ?

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« Analyse du sujet : - - - - - Dans tout sujet qui porte sur la conscience, il convient de se demander en quel sens on entend ce terme.

On peut distinguer deux définitions du terme de conscience qui parcourt la philosophie. Le premier sens concerne la philosophie de la connaissance.

La conscience tend à y désigner un certain rapport aux choses, ou de nous-mêmes (nous disons aussi bien, en effet, que nous prenons conscience de quelque chose ou que nous prenons conscience de nous-mêmes).

Ce rapport conscient est compris comme une saisie mentale par laquelle le sujet connaissant pense un objet et en même temps le pense dans sa singularité.

Prendre conscience des choses et de soi sont deux phénomènes qui se supposent l'un l'autre.

Je ne prends conscience de moi-même que parce que je prends conscience que je ne suis pas ce que je perçois, et que je me découvre moi-même comme celui qui saisi ces choses en pensée. Le second sens concerne, quant à lui, la philosophie morale.

Le mot désigne alors plus une instance dans l'esprit qu'une activité de l'esprit.

La conscience dicte les devoirs, elle est ce qui permet de distinguer le juste de l'injuste. Dans ce sujet c'est bien sûr du second sens qu'il s'agit de traiter, bien que les deux sens du terme ne sont pas tout à fait hermétiques.

Dans les deux cas, il s'agit pour le sujet d'émettre un jugement et donc d'avoir vis-à-vis du monde extérieur une certaine position.

En outre, la conscience morale est aussi en quelque sorte une connaissance, connaissance du bien et du mal, dont un des grands problèmes posés par la philosophie est de savoir si elle est innée ou acquise, naturelle ou conventionnelle. On peut remarquer également que l'expression « suivre sa conscience » nous amène à la concevoir comme une entité dans l'esprit qui n'est pas le moi.

Si je peux suivre ma conscience, c'est que je ne la suis pas automatiquement, la conscience ne me force pas à la suivre.

Si je n'étais pas tenté de la nier et, si je n'en avait pas le pouvoir, la question ici posée n'aurait aucun sens. Problématique : Je ne veux pas spontanément ce que ma conscience m'indique comme étant ce qui est juste.

En outre, je peux accomplir une mauvaise action tout en ayant conscience qu'elle soit mauvaise.

Je peux vouloir et je peux faire ce que la conscience m'interdit.

Cela ne signifie pas nécessairement que je choisisse le mal pour le mal, mais parfois que je choisisse un autre « bien », ou que je décide de satisfaire un désir.

En règle générale, il semble que mon devoir est de suivre la conscience.

Mais ai-je toujours tort quand je choisis de ne pas obéir à une règle morale? La conscience n'est-elle pas parfois trop sévère, voire inadaptée à des circonstances particulières qui rendent une règle généralement juste injuste ? Mais plus encore, comment s'assurer que ce que je prends pour une conscience morale ne soit pas des règles arbitraires que j'ai érigé en règle de justice par habitude et imitation ? Ne peuton pas dans ce cas faire le mal à cause de ce qui ressemble à bien des égards à une conscience morale sans l'être tout à fait ? La problématique réunissant toutes les questions que nous venons d'évoquer pourrait s'énoncer ainsi : Au nom de quoi puis-je ne pas suivre ma conscience ? 1.Puis-je toujours suivre ma conscience ? a) Plaçons-nous dans un premier temps dans un cas où le juste et l'injuste sont clairement distincts et aisément reconnaissables.

Je reconnais dans une telle situation idéale ce qui est juste et injuste, par exemple si je vole ce qui ne m'est pas nécessaire, pour satisfaire un désir passager.

Entre ce que la conscience m'interdit de faire et mon désir, il y a un véritable conflit.

Ce que mon désir me porterait à faire presque « naturellement », ma conscience me l'interdit, elle m'empêche d'être sous le joug de mon désir.

Ce schéma si commode se trouve pourtant mis à mal quand nous remarquons que celui qui n'a pas de notion de vol ne commet pas une mauvaise action, désirer ce que possède autrui est tout autre chose que désirer ce qui n'appartient selon moi à personne.

Dans le premier cas, je désire posséder, dans le second je ne veux que satisfaire un désir spontané.

Un désir naturel peut devenir mauvais dans une situation donnée sans l'être toutefois naturellement. Ceci étant précisé, ce n'est que dans la situation où un désir entre en conflit avec un interdit que la question du choix et de la liberté se pose.

Cette dernière remarque est cruciale, puisqu'elle engage la responsabilité dans l'action juste comme injuste. b) Je peux ne pas satisfaire un désir, je le peux d'autant plus aisément que j'ai pris l'habitude de ne pas le faire.

Ainsi Aristote observe dans l'éthique à Nicomaque que nous sommes enclin à prendre des dispositions à agir de façon juste et injuste.

Une personne qui a une vie déréglée aura plus de mal à être un homme juste, ayant pris l'habitude d'être injuste, il lui faut un supplément d'effort au point qu'il lui est presque impossible de suivre sa conscience, ou toute autre règle éthique.

De ce constat, nous pourrions en tirer que l'homme qui n'a pas eu une bonne éducation n'est pas aussi responsable d'une action injuste que celui qui s'est exercé à bien agir.

Mais il est difficile de penser des degrés dans la responsabilité sur une action que nous avons accomplie sans être sous la contrainte.. »

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