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Faut-il dire que la conscience est dans le temps, ou que le temps est dans la conscience ?

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« introduction « Qu'est-ce donc que le temps ? Si personne ne me le demande, je le sais ; mais si on me le demande et que je veuille l'expliquer, je ne le sais plus » (saint Augustin, Confessions, XI, 14).

Ce que je sais, c'est que je me sens durer et que je saisis les phénomènes comme s'ordonnant dans une succession irréversible.

Mais est-ce ma conscience qui est dans le temps, ou le temps qui est dans ma conscience ? En d'autres termes, le temps a-t-il une réalité hors de ma représentation ? Le temps est-il dans les choses, a-t-il une réalité objective, ou n'est-il qu'une forme subjective que je projette dans les impressions de ma sensibilité ? Le temps est-il en nous ou hors de nous ? Première partie : Le temps est indépendant de la conscience • Pour saint Augustin, le temps a une réalité objective : le temps est l'oeuvre de Dieu, qui lui, est hors du temps.

Le temps est corrélatif à la création du monde.

Dieu est dans l'éternité, le monde dans le temps.

Saint Augustin prolonge ainsi la conception platonicienne du temps qui faisait de ce dernier une image de l'éternité.

Cf.

Timée, 37 e : « L'auteur du Monde s'est préoccupé de fabriquer une certaine imitation mobile de l'éternité, et, tout en organisant le Ciel, il a fait, de l'éternité immobile et une, cette image éternelle qui progresse suivant les lois des Nombres, cette chose que nous appelons le Temps ».

Ainsi le temps est-il une réalité qui n'est pas subordonnée au monde physique, mais qui constitue un milieu dans lequel passent les choses.

Ce milieu, les néoplatoniciens, comme Plotin, l'identifieront au mouvement de l'Âme du monde qui enveloppe l'univers. • Aristote et le temps comme mesure du mouvement. a) Le temps est inséparable du mouvement Pour le percevoir il est nécessaire de percevoir du changement.

Mais comme il n'est pas le mouvement, il est « quelque chose du mouvement » (Physique, 219 a).

Lié à l'étendue par l'intermédiaire du mouvement il est caractérisé par l'antérieur et le postérieur ».

En distinguant ces derniers nous distinguons des phases dans le mouvement, nous le déterminons en enfermant un intervalle entre des instants.

Ainsi le temps n'est-il rien d'autre que le mouvement déterminé par de instants.

« Voici en effet ce qu'est le temps : le nombre du mouvement selon l'antérieur-postérieur ». b) Mais, dès lors, Aristote se pose « la question embarrassante de savoir si, sans l'âme, le temps existerait ou non ; car, s'il ne peut y avoir rien qui nombre, il n'y aura rien de nombrable, par suite pas de nombre ; car est nombre ou le nombre ou le nombrable.

Mais si rien ne peut par nature compter que l'âme, et dans l'âme, l'intelligence, il ne peut y avoir de temps sans l'âme, sauf pour ce qui est du sujet du temps, comme si par exemple on disait que le mouvement peut être sans l'âme » (id.

223 a).

Ainsi, sans que l'on soit véritablement en présence d'une théorie subjectiviste du temps (puisqu'il place le temps dans un sujet qu'il conçoit comme réel et qui est le mouvement), Aristote fait-il un pas dans cette direction.

C'est ce qu'avait observé Plotin qui proteste : « Et puis pourquoi le temps n'existerait-il pas avant qu'il y ait une pensée qui le mesure à moins qu'on aille dire qu'il est engendré par la pensée ? » (Ennéades, III, 7, 9).

C'est en effet ce que dira d'une certaine manière Kant. • La conception aristotélicienne du temps prévalut jusqu'au XVIIe siècle.

Newton fera alors du temps un attribut divin en posant un temps absolu s'écoulant uniformément, et Leibniz affirmera que « le temps et l'espace sont de la nature des vérités éternelles qui regardent également le possible et l'existant.

» (Nouveaux Essais, XIV, 26).

Ainsi est-ce bien la conscience qui est dans le temps.. »

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