Faut-il souhaiter une société multiculturelle ?

« [Les hommes, avant de se sédentariser, ont d'abord été des nomades.

L'histoire des peuples est l'histoire d'incessants mélanges culturels.

Ce sont ces mélanges qui font la richesse d'une société.] Il n'existe pas de «races pures» Si on prend pour exemple la Grèce antique et classique, l'on est forcé de s'apercevoir que cette brillante civilisation, l'une des plus brillantes de toute l'histoire de l'humanité, est le résultat d'invasions successives, de nombreux échanges avec les cultures orientales.

Le «type grec», dont Nietzsche parle si souvent, n'a aucune consistance raciale.

L'homme grec est au croisement de plusieurs cultures. Le fondement de la culture est rechange L'ethnologue Claude Lévi-Strauss s'est appliqué à montrer que le principe sur lequel repose toute société est l'échange.

Les hommes échangent des mots, des biens et des services, mais aussi des femmes.

L'échange des femmes a pour règle l'interdit de l'inceste.

Cet interdit, dans les sociétés archaïques, conduit les hommes à trouver compagne en dehors du groupe auquel ils appartiennent. Les cultures s'enrichissent réciproquement Les Latins ont intégré la culture grecque, puis la culture chrétienne.

Les Gallo-Romains vouaient un culte à des divinités égyptiennes, celtes, romaines, grecques.

La peinture italienne et la peinture flamande se sont mutuellement influencées.

La richesse culturelle des pays européens n'est jamais que le fruit d'échanges réciproques. [Les grandes nations sont le fruit d'une sélection impitoyable.

Elles se sont constituées en résistant aux invasions et aux influences étrangères.

Elles doivent protéger les valeurs qui ont fait leur force.] Le maintien de l'unité nationale est un impératif absolu Ce serait renoncer à tous les acquis de l'histoire que d'accepter que des hommes d'une culture étrangère influencent le destin de la nation.

La nation est une patrie.

Des générations d'hommes et de femmes se sont battues pour la construire.

Il est du devoir de chaque membre de la communauté nationale de respecter et défendre ce qu'il a reçu en héritage. Une société muticulturelle est ingouvernable Il est déjà assez difficile de gouverner des hommes qui ont le sentiment d'appartenir à une même culture.

Comment, dès lors, gouverner une communauté composée d'êtres dont les moeurs et les coutumes sont différentes? Il est dans l'intérêt de toute nation de se protéger de l'immigration. La force d'un peuple repose sur la tradition Les mélanges culturels corrompent la pureté des traditions.

Or, comme le dit Joseph de Maistre, «l'homme ne peut se donner des droits à lui-même, il ne peut que défendre ceux qui lui sont attribués par une puissance supérieure, et ces chartes sont les bonnes coutumes (...) bonnes parce qu'on ne peut en assigner ni le commencement, ni l'auteur» (Étude sur la souveraineté).

Le maintien des traditions est incompatible avec l'intégration, au sein de la nation, de cultures étrangères. Il ne faut ni souhaiter une société multiculturelle, ni rejeter l'apport des autres cultures.

Il faut simplement accepter le destin de l'histoire.

Ce destin est tout à la fois celui des grands peuples, dont les traditions ont influencé d'autres cultures, et celui des hommes qui, au hasard des migrations, des guerres, des invasions, ont mêlé différentes cultures, lesquelles, au fil du temps, ont fini par constituer la base d'une identité nationale.

Le nationalisme et l'impérialisme américain, pourtant extrêmement exacerbés, sont bien issus d'un extraordinaire mélange culturel.

L'Europe des rois fut l'Europe des mariages entre souverains de différentes nationalités.

On pourrait ainsi continuer la liste des exemples montrant que les nations, les civilisations ne sont jamais «pures». Leurs racines, même si elles sont extrêmement lointaines, sont toujours au départ multiculturelles. invasions, ont mêlé différentes cultures, lesquelles, au fil du temps, ont fini par constituer la base d'une identité nationale.

Le nationalisme et. »