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Faut-il dire que la société dénature l'homme ou qu'elle l'humanise ?

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« Aide du prof fourni à l'élève. Ici on vous interroge sur les conséquences de la vie sociale sur l'homme en vous proposant une alternative.

Demandez-vous donc simplement en quoi la société peut dénaturer l'homme et en quoi elle peut l'humaniser.

Dès lors, il faudra s'interroger sur le sens et la légitimité de cette alternative.

La société, à savoir une certaine organisation de la vie en commun, fait que l'homme ne vit plus de manière naturelle.

On oppose d'ailleurs ainsi traditionnellement la vie naturelle à la vie sociale ou encore l'état de nature à la vie en société.

Ici, vous pouvez penser aux analyses de Rousseau dans le Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes.

Rousseau s'attache à montrer en quoi la société pervertit les hommes en les installant dans des rapports de rivalité, de lutte et de comparaison. Au début de la seconde partie, il montre en quoi la naissance de la société civile est source de guerre.

Cette dénaturation est alors considérée par Rousseau comme une perte.

Il dira ainsi au tout début de l'Emile que « Tout est bon sortant des mains de l'auteur de la nature, tout est mauvais sortant des mains de l'homme ».

Ainsi, en un sens, la société dénature l'homme car elle l'extrait de l'existence naturelle et solitaire qui serait la sienne dans l'état de nature (état antérieur à la vie sociale et politique).

De plus, la société peut dénaturer l'homme en le pervertissant (le luxe, la compétition, etc).

Pourtant la possibilité d'instaurer une société, avec ses structures, son ordre, ses codes, ne manifeste-t-elle pas la nature humaine, au sens où l'homme est un être de culture qui n'est pas qu'un animal ? Ici, vous pouvez penser aux analyses d'Aristote dans la politique lorsqu'il définit l »homme comme animal politique.

Dans ce cas, à quelle condition la société peut-elle garantir la liberté et la culture humaines ? Dès lors, il faudrait se demander si cette opposition qui vous est proposée en est une vraiment.

La société ne peut elle pas à la fois dénaturaliser l'homme et l'humaniser ? Mais alors à quelles conditions les effets de la société peuvent-ils être bénéfiques ? Le professeur propose un plan pour traiter ce sujet : thèse : l'homme s'éloigne de la nature par la société antithèse : l'homme s'humanise par la société synthèse : l'homme, par SA nature, se sépare de LA Nature par la socialisation. C'est effectivement une bonne méthode pour traiter ce sujet qui pose le problème du sens que l'on attribue au mot "nature" en ce qui concerne l'homme. 1) la société fait de l'homme un être artificiel, de plus en plus détaché de la nature. Rousseau: «...Je n'imagine pas comment [les hommes] auraient jamais renoncé à leur liberté primitive et quitté la vie naturelle, pour s'imposer sans nécessité l'esclavage, les travaux, les misères inséparables de l'état social.» Il est manifeste que l'homme n'est pas un être naturel, au sens où il n'est plus, comme les autres animaux, tributaire uniquement de ce que son corps biologique, son instinct et l'environnement lui imposent.

L'humanité est au contraire basée sur le langage, sur l'établissement de règles sociales, sur la maîtrise de la nature par l'intelligence.

Selon Rousseau, cet éloignement de la nature est une aliénation : la dénaturation de l'homme, déduite à partir d'une naturalité originelle supposée, entraîne avec elle guerre, conflit permanent entre les aspirations de l'individu et les contraintes de la vie sociale.

Pour Rousseau, l'homme a perdu en sortant de la nature sa liberté. 2) la société est essentielle à l'homme, elle constitue sa nature. « Toute cité est un fait de nature, [...] et l'homme est par nature un vivant politique.

» Aristote, La Politique Pourtant, selon Aristote, la société n'est pas un accident, résultant de circonstances qui auraient forcé les hommes à quitter leur état de nature préalable, mais c'est la signification même de ce que c'est qu'être homme.

"on appelle homme le vivant à qui la vie sociale est essentielle", voilà ce que signifie "l'homme est par nature un animal politique".

En effet, il semble bien que l'on ne soit homme au plein sens du terme qu'à partir du moment où on appartient à une communauté de langage, qui organise l'économie, la violence, la sexualité, en vue de la survie du groupe.

La nature de l'homme serait alors avant tout de participer à la vie politique, c'est à dire à la vie en société. 3) la nature de l'homme est de constituer une société pacifiée. « On peut envisager l'histoire de l'espèce humaine en gros comme la réalisation d'un plan caché de la nature pour produire une constitution politique parfaite.

» Kant, Idée d'une histoire universelle, 1784. il n'y a qu'une apparence d'opposition entre les deux thèses : là où Rousseau appelle nature la vie "à l'état sauvage", par opposition à la culture, Aristote comprend la nature comme la définition d'un être : "la nature de l'homme".

Rien n'empêche dès lors que la nature de l'homme le conduise à quitter l'état sauvage.

On pourrait dire : "la nature humaine, c'est la culture".

Kant est de cet avis lorsqu'il affirme, dans l'Idée d'une histoire universelle, que la Nature, comme système général d'organisation du monde, a fait l'homme tel que son destin, par le conflit permanent entre ses penchants égoïstes et son intérêt pour la vie sociale, est de constituer, par la raison, un ordre artificiel nécessaire à la pacification des rapports humains.

L'homme serait donc en conformité avec ce que la Nature a voulu pour lui, en conformité avec sa nature, lorsqu'il aura surmonté l'état de guerre de tous contre tous qu'implique la vie sauvage ou la société non encore régie par le droit. Mais Rousseau ne disait pas autre chose lorsqu'il estimait que l'homme, une fois perdue sa liberté originelle, ne pourrait la recouvrer que par le contrat social, c'est à dire par la mise sous tutelle des libertés individuelles par la raison.

La nature pour Rousseau n'est en aucun cas, comme l'a prétendu Voltaire avec un peu de mauvaise foi, l'état rêvé auquel il faut absolument retourner, en laissant de côté culture, confort et science.

C'est un état radicalement passé, dont il faut au contraire assumer la perte, pour constituer une société vivable, libre, et si possible, heureuse.. »

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