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Faut-il rêver d'une société parfaite ?

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« Introduction L'homme, considéré comme espèce, est par nature un être social.

L'homme en société doit ainsi s'adapter à ce qui lui est demandé. Mais il s'avère que toute société a son lot d'injustices et d'inégalités.

Certains en viennent alors à penser un idéal politique ou social séduisant, mais toutefois irréalisable.

En effet, ces conceptions dites « utopistes » ne tiennent pas compte des faits réels, de la nature de l'homme et des conditions de la vie.

L'utopie devient alors synonyme de rêve, de chimère, et n'est que le reflet d'une considération subjective.

Ainsi, à défaut de rêver un système social idéal ou parfait (et subjectif), peut-on entrevoir la possibilité d'une amélioration des structures sociales à partir du sujet lui-même ? De la littérature utopique aux théories sociales, y a-t-il un fossé aussi important, et apportent-elles réellement l'espoir d'une politique basée sur la justice sociale ? I.

La question de l'utopie a.

Dans la République, et ensuite dans les Lois, Platon trace le modèle de la cité idéale.

Il présente ses réflexions sur ce qu'il tient pour le meilleur Etat possible.

Ainsi ses écrits politiques relèvent de l'utopie.

Platon fait donc une analogie entre l'Etat et les individus, et plus spécialement, entre les classes sociales et les fonctions de l'âme.

L'âme est divisée en trois parties, l'Etat lui aussi est divisé en trois ordres : 1) l'ordre dominant : seul les sages sont aptes à chercher la juste manière dont tous les citoyens doivent conduire leur vie.

Alors Platon pense que c'est aux philosophes de diriger l'Etat, d'où la théorie du philosophe-roi.

Cet ordre correspond à la partie intelligible de l'âme, ou raison ; 2) l'ordre des gardiens : ils veillent à la défense de l'Etat à l'intérieur et à l'extérieur (ordre des guerriers, qui correspond à la partie sensible de l'âme, au courage) ; 3) et l'ordre des autres citoyens, des artisans, des commerçants et des paysans qui doivent assurer l'approvisionnement de la communauté (ordre des producteurs, correspond là encore à la partie sensible de l'âme, ou appétits).

La force et la sagesse n'appartiennent donc qu'au philosophe-roi.

Platon a tenté de mettre en pratique sa conception de la cité idéale au côté du tyran de Syracuse, Denys le Jeune.

Mais ce fut un échec, et Platon dû s'enfuir. b.

L'utopie est chez Thomas More (cf.

Utopia) l'instrument d'une critique sociale et politique de la société réelle (les vertus des lois et des mœurs des « utopiens » s'opposent aux vices de l'Angleterre du XVIe siècle).

Utopia est une île lointaine qu'un voyageur découvre et décrit ensuite la merveilleuse ordonnance et la parfaite félicité.

Il y a toujours une ambiguïté permanente dans le discours utopique, puisqu'il n'exclut pas que le système décrit soit réalisable, ailleurs ou plus tard : ambiguïté permanente entre rêve et projet, ce qu'affirme More à la fin de son ouvrage.

Les utopies peuvent aussi, selon Kant, constituer un idéal régulateur, une condition limite du progrès moral et politique.

Cette dimension critique ou régulatrice se reconnaît surtout dans les « utopies théoriques », dont les auteurs n'attendent aucune réalisation effective. c.

C'est à la renaissance surtout que s'élabore une pensée de l'utopie, ainsi qu'au XIXe siècle avec ce que Marx appelait le « socialisme utopique » (Fourier, St Simon), qui projetait une société égalitaire, harmonieuse et fraternelle.

C'est dans le Manifeste du parti communiste (1848) que Marx et Engels dénoncent ce socialisme utopique, jugé incapable de percevoir le caractère essentiel de la lutte des classes et des conditions matérielles de l'émancipation prolétarienne.

L'utopie, pur idéalisme, tente de plaquer sur la réalité sociale mouvante « une organisation […] fabriquée de toutes pièces ».

Les « utopies pratiques », tels les phalanstères de Fourier, se veulent un projet historiquement réalisable.

Il reste difficile cependant de voir dans l'utopie un facteur réel de changement social.

Elle peut même être réactionnaire : on l'accuse alors de refuser l'histoire ou de se réfugier dans un passé mythique.

De fait les utopies se situent souvent dans des îles et conçues comme des micro-sociétés retirées, non exposées aux vicissitudes du temps.

C'est pourquoi des penseurs comme Marx ou Machiavel ont pu reprocher à l'utopie d'être non seulement inutile, mais politiquement nuisible : en étant en dehors du réel, l'utopie ne permet aucune prise sur lui et rend donc impossible toute transformation véritable. II.

l'idéal de justice a.

Rejeter l'Etat revient à ne plus avoir d'autorité capable de réguler les masses.

Ainsi l'anarchie est une doctrine politique désirant une absence d'autorité organisatrice, refusant toute autorité au-dessus de l'individu.

Proudhon et Bakounine reprendront ce sens, tout en pensant que seule une révolution fera disparaître l'Etat : Bakounine affirme : « ni Dieu ni maître ».

L'anarchisme se caractérise en général par un refus de toute autorité religieuse ou politique, une critique de l'Etat quel qu'il soit, car il empêche la libre expression de l'individu en réglementant sa vie sociale, et l'idéal d'une organisation de la société par elle-même, sans institutions ou appareils d'Etat, fondée sur l'association des producteurs (mutuelles, coopératives) et l'absence de propriété privée.

De plus l'Etat est source de guerres bien plus meurtrières que de simples conflits individuels.

Les anarchistes pensent qu'une démocratie directe est seule à pouvoir donner à chacun une liberté d'expression.

Car avec un tel dispositif, chacun est en mesure de faire entendre sa volonté (influence de Rousseau). b.

C'est dans sa Théorie de la justice que J.

Rawls élaborera une théorie d'une société juste.

Son œuvre est centrée sur la question de savoir en fonction de quels principes doivent être réglés les droits et les libertés des citoyens les uns à l'égard des autres, et la répartition des biens entre eux au sein d'une société.

Pour clarifier cette question, Rawls mène une expérience de pensée contractuelle : nous nous représentons un état originel où les hommes se rassemblent pour arrêter les règles fondamentales de leur future société.

Et pour garantir le principe moral d'impartialité, les personnes de cet état primitif sont recouvertes d'un « voile d'ignorance », c'est-à-dire qu'elles ne connaissent pas leurs propres aptitudes, leur position sociale, etc.

Pour cette raison, elles choisiraient une structure sociale qui tienne compte des intérêts possibles de tous.

Deux principes se trouvent ainsi déterminés : « 1) Tout homme doit posséder le même droit au système le plus large de mêmes libertés fondamentales s'accordant avec un système identique pour tous les autres ; 2) Les inégalités sociales et économiques doivent prendre une forme telle que l'on puisse attendre raisonnablement qu'elles servent l'intérêt de chacun, et qu'elles soient liées à des positions et des fonctions ouvertes à tous ». Conclusion Le thème de la société idéale est récurrent au fil des siècles, et notamment depuis l'entrée en matière de Platon et de se cité idéale. Platon avait ce désir de mettre le philosophe à la tête de l'Etat.

Par la suite, l'utopie s'est montrée autarcique, en ce sens qu'elle désigne, à l'écart de tout monde extérieur, une communauté autosuffisante qui se forme au rythme des décisions des hommes euxmêmes.

Le désir de réaliser un tel type de société est apparu au XIXe siècle, avec Fourier qui désirait fonder les phalanstères, petites communautés autonomes.

L'idée d'une société idéale vient nécessairement d'une insatisfaction de la dynamique des sociétés bien réelles.

Ainsi, des théories anarchistes, au libéralisme rawlsien, beaucoup se sont attachés à transformer le monde, et non plus de le penser, ou de le rêver uniquement.. »

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