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Faut-il oublier le passé ?

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« [Le passé constitue une entrave à l'évolution de l'homme.

L'oubli est nécessaire à la vie.] Le temps ne se saisit que dans l'instant Toute prise de conscience du temps se fait dans l'instant présent, par rapport auquel le passé n'est plus et l'avenir n'est pas encore.

Ce qui fait l'originalité du rapport de la conscience à elle-même, c'est l'immédiateté. Nul intermédiaire, nulle médiation, la conscience se donne immédiatement.

Pour Descartes, la vérité se saisit dans le présent et plus précisément dans l'instant.

En effet, c'est au moment où je prononce « je suis, j'existe » que cette proposition est vraie.

C'est dans l'instant où elle se donne que je l'éprouve dans sa vérité.

Le présent est la seule chose qui échappe au doute.

Il se distingue du passé qui, en tant qu'il suppose la mémoire, dépend de la fiabilité de cette dernière et de la reconstruction qu'elle implique.

Seul, le présent est ce qui peut signifier cette immédiateté.

Le présent est le temps de la vérité de la conscience.

Le temps apparaît donc comme une succession d'instants toujours différents, toujours hétérogènes: «une nouveauté, toujours soudaine, ne cesse d'illustrer la discontinuité essentielle du temps», écrit Bachelard.

Si je veux profiter pleinement du moment présent, je ne peux à la fois penser à mon passé et à mon avenir. L'oubli est nécessaire Si l'animal jouit d'un bonheur que l'homme jalouse, c'est parce qu'il n'a pas de mémoire supérieure.

Seul l'homme dit « je me souviens » et pour cela il lui est impossible de vivre heureux et pleinement.

En effet : 1) C'est par la mémoire, conscience du passé, que l'homme acquiert la conscience du temps et donc celle de la fugitivité et de l'inconsistance de toutes choses, y compris de son être propre.

Il sait que ce qui a été n'est plus, et que ce qui est est destiné à avoir été, à n'être plus.

Cette présence du passé l'empêche de goûter l'instant pur, et par conséquent le vrai bonheur. 2) Le passé apparaît à l'homme comme l'irréversible et l'irrémédiable.

Il marque la limite de sa volonté de puissance.

L'instant présent, ouvert sur l'avenir, est le lieu du possible où peut s'exercer sa volonté de puissance.

Le passé, au contraire, change et fige la contingence du présent en la nécessité du « cela a été ». Dès lors la volonté ne peut que se briser sur cette pétrification du passé qui se donne comme le contre-vouloir de cette volonté.

C'est pourquoi « l'homme s'arc-boute contre le poids de plus en plus lourd du passé qui l'écrase ou le dévie, qui alourdit sa démarche comme un invisible fardeau de ténèbres ». 3) Sans l'oubli l'homme ne peut pleinement vouloir ni agir : il est un être malade, il est l'homme du ressentiment. La « santé » psychique dépend de la faculté de l'oubli, faculté active et positive dont le rôle est d'empêcher l'envahissement de la conscience par les traces mnésiques (les souvenirs).

Car alors l'homme réagit à ces traces et cette réaction entrave l'action.

Par elles l'homme resent, et tant qu'elles sont présentes à la conscience, l'homme n'en finit pas de ressentir, « il n'en finit avec rien ».

Englué dans sa mémoire, l'homme s'en prend à l'objet de ces traces dont il subit l'effet avec un retard infini et veut en tirer vengeance: « On n'arrive à se débarrasser de rien, on n'arrive à rien rejeter.

Tout blesse.

Les hommes et les choses s'approchent indiscrètement de trop près, tous les événements laissent des traces; le souvenir est une plaie purulente.

» C'est l'avenir qui détermine le présent. »

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