Faut-il être moderne ?
Extrait du document
«
« La fortune est une femme qui peut être conquise si l'on use de la force.
» Machiavel.
Qu'est-ce que la modernité ? Qu'est-ce que le « classicisme » appliqué à la science politique ainsi qu'à la
philosophie politique mais pas seulement car, comme tout système de pensée, la modernité politique découle d'une
conception ontologique de l'homme, c'est-à-dire une définition de l'essence de l'homme.
Sans que nous sachions véritablement ce que cela signifie, nous nous savons hommes modernes en ce que
nos sociétés contemporaines et je parle là des sociétés occidentales car, pour ne pas faire d'ethnocentrisme, il
convient de rappeler que la modernité est un concept occidental, nous nous savons modernes donc car nous nous
savons vivre dans des sociétés marquées par le droit, les droits de l'homme (deux notions qui ne vont pas forcément
de paire) et par une organisation politique en Etat souverain.
Voilà donc les quatre traits fondamentaux de la
modernité :
le pouvoir politique, institutionnalisé et centralisé est exercé par ses détenteurs via un appareil administratif,
fortement hiérarchisé et spécialisé que l'on appelle l'Etat et qui jouit de deux monopoles fondamentaux que
sont les monopoles fiscal et militaire.
Ce dernier monopole (celui de lever les armées et d'exercer la violence
légitime à l'encontre des sujets ou des citoyens) fonde par ailleurs cette notion capitale pour la modernité
qu'est la souveraineté de l'Etat (« la compétence de la compétence » ) qui s'exerce sur un territoire donné et
délimité par des frontières.
partant, les relations interindividuelles qui ne sont plus régies par des liens de féodalité puisque seuls les
fonctionnaires spécialisés sont habilités à rendre justice, ces relations interindividuelles sont donc
progressivement régies par le droit.
quant à la norme suprême des sociétés modernes, il s'agit des droits de l'homme ; une notion corrélative à la
notion de souveraineté.
En effet, la souveraineté qui va à l'encontre des systèmes féodaux et impériaux, fonde
le droit à la vie et à la sûreté qui reste le premier des droits de l'homme.
I.
L'Homme moderne, maître de toute chose.
1.
La conscience de soi (= subjectivité) comme point d'ancrage de toute réalité
Heidegger, grand critique de la modernité, affirme que « le processus fondamental des Temps Modernes, c'est la
conquête du monde en tant qu'image conçue.
»
En fait, apparaît, à partir de Descartes, quelque chose d'impensable dans le monde grec et même médiéval, l'idée
d'une « conception du monde », conception qui n'apparaît que lorsque l'homme est perçu comme sujet et le monde
comme image, représentation.
Pour bien comprendre cela, on peut faire référence à des penseurs pas trop obscurs
que sont Platon et Descartes.
Vous connaissez peut-être la comparaison du taon que s'applique Socrate.
Le
philosophe dit qu'il est comme l'insecte qui harcèle le cheval en ce qu'il harcèle l'homme pour lui rappeler qu'il ne
connaît pas la Vérité, c'est là toute la raison d'être de la maïeutique qui vise à confronter l'homme à sa propre
ignorance.
Platon, même s'il trahit un peu son maître en voulant systématiser le réel, n'affirme pas autre chose
lorsqu'il parle du « réellement réel » du monde des Idées, qui n'a rien d'abstrait, au contraire ! C'est la prétendue
réalité qui nous entoure qui n'est qu'un mirage et, au final, il est impossible pour l'homme, à l'exception du philosophe
mais là encore ce n'est qu'un idéal vers lequel tendre, il lui est impossible d'embrasser du regard toute la réalité.
Chez les médiévaux, l'abîme est moins grand mais néanmoins, l'homme n'est perçu que comme création de Dieu
qui doit se conformer à la cause pour laquelle il a été créé.
En revanche, avec Descartes, « l'étant dans sa totalité…est pris de telle manière qu'il n'est vraiment et
seulement étant que dans la mesure où il est fixé par l'homme dans la représentation et la production ».
Heidegger
affirme que, au final, la philosophie moderne opère une assimilation entre la subjectivité humaine et la notion
d'upokeimenon (υπόκειμενον) qui en grec évoque le fond essentiel, ce qui gît en deçà du réel et qui néanmoins est
plus réel mais que l'homme ne peut atteindre.
Or, si l'on identifie ces deux notions, l'homme en tant qu'être pensant
devient la référence de l'être en tant que tel.
C'est tout le travail de Descartes qui, par son doute hyperbolique,
aboutit à cette seule conclusion anthropologique : tout ce qui m'entoure ne m'amène qu'à une seule et unique
certitude : je suis, moi en tant qu'être conscient de moi-même.
Les phénomènes sont donc réduits à leur seule
présence à l'homme, à la subjectivité humaine.
2.
Le refus d'une téléologie transcendantale et l'avènement de l'autonomie
« L'homme moderne […] fuit la loi et la poursuit.
Il fuit la loi qui lui est donnée par la Nature, par Dieu, ou qu'il s'est
donné à lui-même hier, et qui aujourd'hui lui pèse comme la loi d'un autre » (P.
Manent).
Ce que décrit ici Pierre Manent, c'est le désir de l'homme moderne d'être sa propre genèse ; la modernité rejette
les concepts de « nature humaine » et de loi naturelle ou divine et postule l'homme comme naturellement vide,
essentiellement indéterminé.
Aussi, c'est dans le sentiment le plus immédiat qu'il lui faut aller chercher un principe
organisateur.
C'est là tout l'intérêt de la fiction théorique d' « état de nature » qui fonctionne de la même manière,
méthodologiquement parlant, chez Hobbes et Rousseau bien que leur vision de celui-ci soient radicalement
différentes.
En fait, les deux philosophes partent des mêmes prémisses : le sentiment premier chez l'homme c'est le
désir de conservation, de persistance dans son être.
Or, ce désir, en ce qu'il est commun à tous les hommes,
s'autolimite et donne naissance au contrat social tacite qui unit les membres des sociétés.
La loi provient donc du désir de l'homme de ne pas périr, de former un ensemble politique qui assure sa survie
dans la société.
Une telle idée, de la même manière que l'idée de « vision du monde », s'avère impensable dans le.
»
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