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Faut-il être libre pour être heureux ?

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« [On peut, au nom du bonheur, refuser d'être libre. La liberté est un état, non une vertu.

Ce n'est pas elle qui conduit au bonheur.

Qu'on en soit ou non prive, seule la vertu nous rend heureux.] Les hommes n'aspirent pas tous à la liberté Nombre d'études, dont celle de Georges Friedmann (Le Travail en miettes), ont mis en évidence ce fait apparemment paradoxal: très souvent, les employés d'une entreprise refusent, ou acceptent difficilement, certaines reformes visant à améliorer leurs conditions de travail.

Changer d'habitudes coute plus que d'apprendre faire usage d'un nouvel espace de liberté. Liberté et malheur Rousseau, dans son Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, compare la liberté a ces «aliments solides et succulents» qui réussissent aux natures fortes, mais ruinent la sante des natures faibles et délicates.

L'enfant livré à lui-même est malheureux.

Ce constat vaut également pour bon nombre d'adultes. La liberté comme fardeau La liberté est un poids.

Beaucoup d'hommes préfèrent même un bonheur à une liberté pleine et entière.

Que l'on songe à la médiocrité de certains couples qui, par peur de la solitude ou au nom du confort conjugal, restent ensemble.

Sartre développera ce thème. Sartre doit son immense notoriété à la vogue de l'existentialisme (philosophie de la liberté et de la responsabilité), dont il fut considéré comme le fondateur, même si la lecture de la « Phénoménologie » de Husserl et de « L'Etre et le Temps » de Heidegger l'a profondément influencé.

Deux formules pourraient résumer sa conception de la liberté.

La première, que l'on trouve dans « Saint Genet » (1952): « L'important n'est pas ce qu'on a fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous.

» La seconde, qui figure dans un opuscule intitulé « L'Existentialisme est un humanisme » (Nagel) où Sartre répond à diverses objections formulées notamment, par les catholiques et les marxistes à sa conception existentialiste de l'homme: « L'homme est condamné à libre.

» Qu'est-ce que l'existentialisme ? C'est l'affirmation que, chez l'homme, l'existence précède l'essence.

Autrement dit, rien n'est donné d'avance à l'homme.

N'ayant pas d'essence préalable, l'homme se trouve condamné à choisir librement son essence : « Qu'est-ce que signifie ici que l'existence précède l'essence ? Cela signifie que l'homme existe d'abord, se rencontre, surgit dans le monde, et qu'il se définit d'abord.

L'homme tel que le conçoit l'existentialiste, s'il n'est pas définissable, c'est qu'il n'est d'abord rien.

il ne sera qu'ensuite, et il sera tel qu'il se sera fait.

» L'homme n'est ni ceci ni cela.

Son existence n'est d'abord soutenue par rien.

C'est précisément parce que l'homme n'est d'abord rien qu'il se distingue de toute autre réalité et que son existence est liberté, ne peut qu'être liberté.

La chose qui est ceci ou cela, qui n'est que ce queue est, ne saurait être libre.

Un arbre ne peut jamais être que l'arbre qu'il est.

Un objet n'a pas à être : un coupe-papier, par exemple, est.

Tout objet matériel est.

L'homme n'est pas.

Il n'est pas d'avance ceci ou cela, ce qu'il va devenir n'est pas décidé d'avance.

L'homme est ce qu'il se fait: « Ainsi il n'y a pas de nature humaine, puisqu'il n'y a pas de Dieu pour la concevoir L'homme est seulement, non seulement tel qu'il se conçoit, mais tel qu'il se veut, et comme il se conçoit après l'existence, comme il se veut après cet élan vers l'existence; l'homme n'est rien d'autre que ce qu'il se fait.

» Et si l'homme n'est d'abord rien et doit librement choisir son essence, cela signifie qu'il est pure subjectivité, projet : « C'est aussi ce qu'on appelle la subjectivité.

et que l'on nous reproche sous ce nom même.

Mais que dire par là, sinon que l'homme a une plus grande dignité que la pierre ou la table ? Car nous voulons dire. »

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