Faut-il combattre les passions pour être libre ?
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«
VOCABULAIRE:
PASSION:
* Ce que l'âme subit, ce qu'elle reçoit passivement.
Chez Descartes, le mot désigne tout état affectif, tout ce que
le corps fait subir à l'âme.
Son origine n'est pas rationnelle ni volontaire.
* Inclination irrésistible et exclusive qui finit par dominer la volonté et la raison du sujet (la passion amoureuse).
LIBERTÉ:
Ce mot, en philosophie a trois sens :
1° Libre arbitre.
Pouvoir mystérieux de choisir entre les motifs qui me sollicitent sans être déterminé par aucun
d'eux.
2° Liberté de spontanéité.
S'oppose non plus au déterminisme mais à la contrainte : état de celui qui agit sans être
contraint par une force extérieure.
3° Liberté du sage.
État de celui qui est délivré des passions et agit à la lumière de la raison.
POUR DÉMARRER
Est-il possible d'accéder à une capacité d'autodétermination et à une autonomie de choix en expérimentant une
passion, c'est-à-dire une affection durable de la conscience, si puissante qu'elle s'installe à demeure et se fait
centre de tout ? Ne suis-je pas, dès lors, sous le joug de cette affection ? La question posée semble donc a priori
énigmatique.
CONSEILS PRATIQUES
N'oubliez pas que toute une tradition classique (le stoïcisme, etc.) voit dans la passion un phénomène subi et passif.
La liberté ne consiste-t-elle pas à s'assurer la maîtrise des passions ? Au contraire, Sartre assure que nous sommes
entièrement libres dans nos passions.
La liberté n'est pas seulement fille de la raison.
Par ailleurs, la passion permet
parfois de mener à bien une oeuvre.
Donc elle n'exclut pas la liberté.
BIBLIOGRAPHIE
HEGEL, La raison dans l'histoire,10/18-UGE.
KANT, Anthropologie du point de vue pragmatique, Vrin.
SARTRE, L'existentialisme est un humanisme, Nagel.
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Introduction
L'étymologie du terme « passions » — patior, « souffrir », « supporter» — induit une passivité, une impuissance du
passionné : l'amoureux est aveuglé, le jaloux ne s'appartient plus, le joueur est esclave de sa passion.
Les passions
auraient donc une emprise telle sur l'individu qu'il leur serait totalement aliéné, privé aussi bien de sa capacité à
juger de manière clairvoyante que de celle d'agir volontairement.
Combattre les passions serait une condition de
possibilité nécessaire pour briser les chaînes qui entravent la liberté du passionné.
Pourtant, on ne se sent vraiment libre que lorsque notre liberté est effective, c'est-à-dire lorsque nous parvenons à
mener à bien les choix que notre libre arbitre a effectués.
Or l'élan que nous donne la passion dans la réalisation de
nos actions nous aide à surmonter des obstacles qui nous auraient semblé insurmontables si nous avions été
indifférents.
D'où le problème : les passions, en tant qu'elles peuvent être aliénantes, doivent-elles nécessairement
être combattues pour que nous soyons libres et maîtres de nous-mêmes, ou au contraire le « feu » de la passion
peut-il être un allié dans la réalisation de notre liberté?
1.
Oui, il faut combattre les passions pour être libre
A.
Les passions nous ôtent notre liberté car elles se substituent à la volonté
Le crime passionnel est puni moins sévèrement qu'un crime commis de « sang-froid », parce que l'on reconnaît que
la passion — l'amour ou la jalousie, par exemple — s'apparente à une forme de folie.
Elle se substitue à notre
volonté, nous faisant agir comme malgré nous.
Phèdre sait que son amour pour Hippolyte est coupable, et pourtant
elle ne peut s'empêcher de l'aimer (Racine, Phèdre).
Si le passionné reste coupable des actes répréhensibles qu'il
commet — c'est bien lui qui agit —, sa responsabilité est néanmoins difficile à évaluer car il n'aura pas agi
délibérément.
Les passions sont donc ennemies de la liberté en tant qu'elles dépossèdent l'individu de lui-même.
B.
Les passions, par leur caractère obnubilant, aveuglent notre raison
Il paraît d'autant plus nécessaire de combattre les passions que leur puissance ne paralyse pas seulement notre
volonté mais encore notre faculté de juger.
Sous l'emprise de la passion, le joueur ne veut pas jouer : il y est
contraint par la passion; mais il n'est pas non plus apte à juger des avantages et des inconvénients du jeu.
La
passion une fois à son comble est exclusive et obsédante : le passionné s'illusionne sur l'intérêt de l'objet de sa
passion.
Il n'est plus apte à l'objectivité : par conséquent il ne peut plus choisir en connaissance de cause et perd
donc tout usage de son libre arbitre..
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