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Existe-t-il une différence entre parler et bavarder ?

Extrait du document

« [On peut bavarder et ne pas prêter attention à ce que l'on dit.

Le bavardage n'est qu'un moyen de passer le temps.

Il n'exprime jamais clairement une pensée.

Qui parle veut traduire ce qu'il pense et ressent.] Le bavardage est gratuit Lorsque l'on bavarde, on ne se préoccupe pas de traduire exactement ce que l'on pense, ni de conserver un suivi logique dans les propos que l'on tient.

L'esprit qui bavarde se détend.

Il ne vise rien d'autre que le plaisir de partager avec autrui un moment qui n'est soumis à aucune contrainte intellectuelle.

Les mots lui viennent sans qu'il y prête attention. Le bavardage est un refuge Bavarder n'engage à rien.

L'homme est ainsi fait qu'il supporte difficilement d'être seul avec lui-même.

Mais il supporte encore plus difficilement de se dévoiler.

Le bavardage lui permet de résoudre cette contradiction.

Les mots qu'il échange peuvent parfois trahir les traits profonds de sa personnalité, mais il n'en a pas conscience.

Plus il bavarde, moins il se révèle. Parole et révélation Toute parole est un engagement.

Si parler pour ne rien dire est la définition même du bavardage, parler pour dire quelque chose de précis et cohérent est l'expression d'une pensée qui avance.

Voilà qui fait dire à Gilles Deleuze que «le concept, c'est ce qui empêche la pensée d'être une simple opinion, un avis, une discussion, un bavardage» (Pourparlers). [Que l'on parle, bavarde, plaisante, écrive, on ne vise jamais qu'un seul but: communiquer avec autrui.

Le bavardage est un mode de communication, tout comme l'humour ou bien la poésie.] On ne parle Jamais pour ne rien dire Si l'on considère seulement le progrès des idées, il est évident que les êtres humains perdent un temps considérable à bavarder sans faire avancer d'un iota les connaissances.

Mais c'est oublier que l'homme a besoin de communiquer.

C'est pourquoi, il ne parle jamais pour ne rien dire.

Comme le dit Roland Barthes: «Le langage est une peau: je frotte mon langage contre l'autre» (Fragments d'un discours amoureux). Avant de parler, l'esprit bavarde avec lui-même Dans son roman Ulysse, James Joyce dépeint très bien, au cours d'un long monologue, ce qui se passe dans l'esprit d'un être en l'occurrence une femme.

Ce célèbre passage met en évidence le fait que le bavardage, c'est-à-dire la «suite sans suite» des idées qui nous viennent à l'esprit, précède et structure ce dont on souhaite parler à un moment donné. Il existe plusieurs façons de communiquer Ma relation à autrui est primordiale.

Que je bavarde avec lui, que je plaisante, que je lui parle de choses graves, en tous ces cas, ce que je viser c'est son être.

Dès que des liens humains se nouent, je cherche, prioritairement au moyen du langage, à découvrir autrui et être apprécié de lui. Du point de vue de la communication en général, on peut dire qu'il n'existe pas de différence notable entre parler et bavarder. Dans les deux cas, on utilise des mots, un code linguistique, et ce que l'on vise avant tout, c'est maintenir un contact avec autrui. Mais, du point de vue des idées et de la connaissance, la différence entre parler et bavarder est considérable.

Parler suppose avoir l'intention d'exprimer, avec la plus grande clarté possible, un contenu de pensée.

Le bavardage, quant à lui, ne procède pas d'une telle exigence.

Il n'est que l'expression de la pensée qui vagabonde.

Il n'est soumis à aucune contrainte intellectuelle. C'est ce qui le rend si peu intéressant.

Les philosophes, à commencer par Parménide, Héraclite et Platon, l'ont condamné parce qu'il véhicule des opinions toutes faites, des lieux communs, et parce qu'il n'oblige pas l'esprit à réfléchir.. »

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