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Etre libre, est-ce faire ce qui nous plaît ?

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« Introduction & Problématique: Si ce qui nous plaît le plus, c'est d'être libre.

Être libre, est-ce, pour autant faire ce qui nous plaît ? C e désir de liberté peut-il se réaliser par la liberté des désirs qui ne visent que le plaisir ? Il semble bien, en un certain sens, qu'être libre, c'est faire ce qui nous plaît: car comment pourrions-nous seulement nous sentir libres si on nous empêchait d'agir en fonction de notre "bon plaisir" ? C 'est cette liberté d'action qu'il nous faudra interroger de manière critique en examinant son fondement, qui doit être la liberté de la volonté.

C ar si être libre, c'est faire ce qui me plaît, ce qui me plaît doit nécessairement résulter d'une libre décision de ma volonté pour que ma liberté ne soit pas qu'une illusion.

Sans quoi la liberté serait seulement l'ignorance des causes qui me déterminent... Première partie: un premier sens, être libre, c'est ne subir aucune contrainte d'ordre physique ou légal.

M ais si l'absence de contraintes rend possible la liberté, elle ne suffit cependant pas à la définir concrètement en situation. Positivement, être libre se dit par rapport à une action qui résulte d'une décision de la volonté.

Quand on se dit libre, on agit en fonction de ce que réclame sa volonté.

Un acte libre serait donc un acte non contraint et qui résulterait d'une décision de la volonté.

Or, que veut ma volonté ? Q ue demande-t-elle ? Le bon sens fait du plaisir la règle de détermination de la volonté.

C e que je veux, c'est c e qui me plaît.

La volonté semble donc s e déterminer immédiatement en fonction du plaisir.

Mais cette règle du plaisir peut-elle être à son tour justifiée pour que la liberté puisse être incontestable et non illusoire ? Quand je fais ce qui me plaît, je satisfais une tendance naturelle.

Le concept de plaisir, dénotant ce qui en moi est le plus personnel, le plus intime, semble bien être, à juste titre, la règle de détermination de l'acte libre en tant qu'acte de réalisation de soi. TRANSITION: Si être libre, c'est faire ce qui nous plaît, ce qui nous plaît résulte-t-il pour autant d'une libre détermination ? C ar ce n'est qu'à cette condition que l'on pourra vraiment être libre et non seulement se sentir libre.

"Faire ce qui nous plaît" suffit-il à définir de manière pertinente la liberté ? Suis-je bien certain d'être à la racine, à la source de mon vouloir ? Ne sont-ce pas mes parents, les autres, la mode, le conformisme, etc., qui veulent à ma place ? Une référence pour étoffer: La liberté et le bonheur n'est pas dans la satisfaction immédiate du désir. Il est de bon ton de condamner le plaisir.

P laton, dans le « Gorgias », affirme ainsi qu'une vie réglée contente et satisfaite de ce que chaque jour lui apporte et préférable à une existence inassouvie et sans frein.

L'homme qui entend mener une vie de plaisir est comparable à un tonneau percé qu'il faudrait constamment remplir : à peine satisfait, le désir renaît et avec lui la souffrance.

M ais fixer son attention sur le plaisir, c'est, surtout, s'attarder sur les objets du monde sensible et renoncer au bonheur d'une vie contemplative qui seule peut nous mettre en contact avec l'éternité.

On retrouve cette idée chez SaintPaul qui affirme que seul le renoncement aux appétits du corps et aux plaisirs suscités par la vie matérielle et sociale permet d'atteindre cette pureté intérieure qui rapproche la créature de Dieu.

Un tel ascétisme repose sur une opposition absolue entre le corps et l'âme, le charnel et le spirituel, et peut parfois aller jusqu'à la mortification du corps. Hegel, de son côté, considère que la jouissance oisive ne peut donner à l'homme la satisfaction complète et définitive, car elle reste purement subjective et n'a pas de « vérité », de réalité objective, révélée à tous.

V ouer sa vie au plaisir, c'est aussi renoncer à créer quelque chose de stable, de durable en dehors de soi, et ne pouvoir donc surmonter son angoisse de la mort. « Gorgias : V eux-tu savoir ce que sont le beau et le juste selon la nature ? Hé bien, je vais te le dire franchement ! V oici, si on veut vivre comme il faut, on doit laisser aller ses propres passions, si grandes soient-elles, et ne pas les réprimer.

A u contraire, il faut être capable de mettre son courage et son intelligence au service de si grandes passions et de les assouvir avec tout ce qu'elles peuvent désirer.

Seulement, tout le monde n'est pas capable, j'imagine, de vivre comme cela.

C 'est pourquoi la masse des gens blâme les hommes qui vivent ainsi, gênée qu'elle est de devoir dissimuler sa propre incapacité à le faire.

La masse déclare donc bien haut que le dérèglement est une vilaine chose.

C 'est ainsi qu'elle réduit à l'état d'esclaves les hommes dotés d'une plus forte nature que celle des hommes de la masse ; et ces derniers, qui sont eux-mêmes incapables de se procurer les plaisirs qui les combleraient, font la louange de la tempérance et de la justice à cause du manque de courage de leur âme. Socrate : M ais, tout de même la vie dont tu parles, c'est une vie terrible ![...] En effet, regarde bien si ce que tu veux dire, quand tu parles de ces genres de vie, une vie d'ordre et une vie de dérèglement, ne ressemble pas à la situation suivante.

Suppose qu'il y ait deux hommes qui possèdent, chacun, un grand nombre de tonneaux.

Les tonneaux de l'un sont sains, remplis de vin, de miel, de lait, et cet homme a encore bien d'autres tonneaux, remplis de toutes sortes de choses.

C haque tonneau est donc plein de ces denrées liquides qui sont rares, difficiles à recueillir et qu'on obtient qu'au terme de maints travaux pénibles.

M ais, au moins, une fois que cet homme a rempli ses tonneaux, il n'a plus à y reverser quoi que ce soit ni à s'occuper d'eux ; au contraire, quand il pense à ses tonneaux, il est tranquille.

L'autre homme, quant à lui, serait aussi capable de se procurer ce genre de denrées, même si elles sont difficiles à recueillir, mais comme ses récipients sont percés et fêlés, il serait forcé de les remplir sans cesse, jour et nuit, en s'infligeant les plus pénibles peines. A lors, regarde bien, si ces deux hommes représentent chacun une manière de vivre, de laquelle des deux dis-tu qu'elle est la plus heureuse ? Est-ce la vie de l'homme déréglé ou celle de l'homme tempérant ? En te racontant cela, est-ce que je te convaincs d'admettre que la vie tempérante vaut mieux que la vie déréglée ? [...] Gorgias : T u ne me convaincs pas, Socrate.

C ar l'homme dont tu parles, celui qui a fait le plein en lui-même et en ses tonneaux, n'a plus aucun plaisir, il a exactement le type d'existence dont je parlais tout à l'heure : il vit comme une pierre.

S'il a fait le plein, il n'éprouve plus ni joie ni peine.

A u contraire, la vie de plaisirs est celle où on verse et reverse autant qu'on peut dans son tonneau ! » Platon, « Gorgias ». Textes de Hegel. « Mais, dans le domaine des besoins physiques, le contenu de la satisfaction présente un caractère fini et limité ; la satisfaction n'est pas absolue et est aussitôt suivie d'un réveil du besoin.

Le fait de manger, le sommeil, la satiété ne donnent jamais de résultats définitifs : la faim et la fatigue réapparaissent le lendemain ! Dans le domaine spirituel, l'homme recherche la satisfaction et la liberté dans le vouloir et le savoir, dans les connaissances et les actions. L'ignorant n'est pas libre, parce qu'il se trouve en présence d ‘un monde qui est au-dessus et en-dehors de lui, dont il dépend, sans que ce monde étranger soit son oeuvre et qu'il s'y sente comme chez lui.

La recherche du savoir, l'aspiration à la connaissance, depuis le degré le plus bas jusqu'au niveau le plus élevé, n'ont pour source que ce besoin irrésistible de sortir de cet état de non-liberté, pour s'approprier le monde par la représentation et la pensée.

» « C 'est seulement chez l'homme et dans l'esprit humain que cette opposition prend la forme d'un monde dédoublé, de deux mondes séparés : d'une part le monde vrai et éternel des déterminations autonomes, d'autre part la nature, les penchants naturels, le monde des sentiments, des instincts, des intérêts subjectifs, personnels.

Nous voyons, d'une part, l'homme emprisonné dans la vulgaire réalité et la temporalité terrestre, accablé par les besoins et les tristes nécessités de la vie, enchaîné à la matière, courant après des fins et des jouissances sensibles, dominé et entraîné par des penchants naturels et des passions ; d'autre part, nous le voyons s'élever jusqu'à des idées éternelles, vers le royaume de la pensée et de la liberté.

Nous le voyons plier sa volonté à des lois et déterminations générales, dépouiller le monde de sa réalité vivante et florissante pour le résoudre en abstractions, l'esprit n'affirmant son droit et sa liberté qu'en traitant sans pitié la nature, comme s'il voulait se venger des misères et des violences qu'elle lui avait fait subir.

». »

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