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FAIRE CE QUI NOUS PLAÎT, EST CE ÊTRE LIBRE ?

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Platon, Gorgias, 491e 493d, trad. M. Canto, Garnier Flammarion, 1987, pp. 229 232.  Rousseau (J. J.), Du Contrat social, , Garnier Flammarion, 1966, p. 55.  Kant (E.), Critique de la raison pure, trad. J. Barni P. Archambault, « Canon de la raison pure » in Garnier Flammarion, 1987, pp. 601 602.

« Demande d'échange de corrigé de Basilo Bertrand ([email protected]). Sujet déposé : faire ce qui nous plait est-ce être libre FAIRE CE QUI NOUS PLAÎT, EST CE ÊTRE LIBRE ? Le sultan nous semble le plus libre des hommes en son pays : riche et puissant, rien ne s'oppose à lui.

Il met à mort à sa guise, prend les femmes de son choix, achète ce qu'il veut.

Ses désirs sont des ordres, son plaisir fait la loi. Parce qu'aucune contrainte ne pèse sur lui, parce qu'il fait tout ce qui lui plaît, il nous paraît tout-puissant et libre. Est-il vraiment le plus libre des hommes ? I .

LA LIBERTÉ DU BON PLAISIR A Affirmer sa propre nature - Tout homme recherche le bonheur dans sa vie.

La liberté de faire ce qui lui plaît, c'est le pouvoir d'imposer la réalisation de son bonheur contre tout, contre tous, car celui qui triomphe de tous les obstacles, c'est celui qui n'a pas d'autre loi que celle qu'il s'est lui-même donnée. - C'est aussi la force de suivre son plaisir : semblable, dit Platon dans le Gorgias, au tonneau percé qu'on veut remplir, le désir n'est jamais satisfait, et chercher à remplir ce tonneau est la tâche la plus éprouvante qui soit.

Être libre, c'est donc avoir la force de suivre les exigences que notre propre nature nous impose. - La puissance d'être libre, c'est en somme la puissance d'être soi-même.

En cherchant toujours à réduire l'écart entre ce que l'on veut et ce que l'on a, en réalisant toujours ce qui nous vient du plus intime de notre être, nous réalisons notre être.

Être libre, c'est s'affirmer soi-même. B Triompher des obstacles - Dans une société humaine, des contraintes pèsent sur nous.

Notre liberté, dit on, s'arrête là où commence celle des autres.

Si nous voulons donc être tout à fait libre, il faut devenir tyran : il faut nier la liberté des autres, pour laisser s'étendre absolument la sienne.

La liberté du bon plaisir porte en soi le projet politique de la tyrannie, ou le caprice d'un seul est la loi de tous les autres. - Le tyran peut mettre à mort qui il veut ; mais il aura beau lancer la pierre en l'air, toujours elle retombera contre sa volonté.

Si être libre, c'est pouvoir faire tout ce que l'on veut, alors nécessairement la liberté humaine a des bornes ; car les lois de la nature n'ont que faire de notre bon plaisir. - Affirmer sa propre nature, c'est nier tout ce qui va contre elle ; mais tout ce qui va contre elle ne peut être nié. La liberté du bon plaisir est par nature illimitée, ou elle n'est pas ; il suffit d'un obstacle infranchissable, et l'homme libre a trouvé son maître : un autre homme, l'âge, la mort. 2 .

LA LIBERTÉ CONTRE LE PLAISIR A Du tonneau percé de Platon à l'âne de Buridan - La métaphore de Platon vise à montrer la servitude de l'homme prétendument libre, authentiquement intempérant, qui cherche à verser le plus possible dans ses tonneaux percés.

Devenu comme l'esclave de ses propres désirs, il se voit contraint de chercher à les satisfaire contre toute autre chose, aux dépens de la prudence, parfois de sa propre vie. - Substituée à la spontanéité de sa volonté, la détermination par les penchants change la vie humaine en mécanique du désir ; ce n'est plus l'homme qui décide de s'avancer vers l'objet de ses voeux, c'est celui-ci qui l'attire, aussi sûrement que l'aimant attire le fer, et la carotte, l'âne. - La toute-puissance de la liberté humaine du bon plaisir peut s'anéantir dans une équivalence de désirs contradictoires.

Comme l'âne de Buridan, qui a aussi soif que faim, meurt sur place entre l'abreuvoir et le picotin d'avoine, l'homme indécis est réduit à l'impuissance par le conflit de ses désirs mêmes. B - Le libre arbitre et la liberté - Au lieu d'être l'affirmation immédiate de notre propre nature, la liberté en est plutôt, dans un premier temps, la négation.

Être vraiment libre suppose de se retirer d'abord du jeu de nos désirs, non pour demeurer dans l'état d'indétermination, mais pour se déterminer soi-même ensuite. - Faire l'exercice d'un tel pouvoir de négation du plaisir immédiat, et du pouvoir de se décider par après, c'est exercer son libre arbitre ; pouvoir absolument indéterminé de choix, le libre arbitre ne se détermine qu'après réflexion pour ou contre un désir qui se propose à nous. - Cependant, se déterminer pour un désir et être déterminé par ce désir aboutissent au même résultat, puisque c'est ce désir qui nous pousse à nous déterminer nous-mêmes pour lui.

Etre libre, c'est donc être déterminé à quelque chose, mais non par ce quelque chose.

Le seul moyen est d'être déterminé par une règle, que l'on s'est. »

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