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Est-il vrai que la loi morale se présente sous la forme d'un impératif ?

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« Est-il vrai que la loi morale se présente sous la forme d'un impératif ? On connaît le passage célèbre dans lequel Henri Poincaré déclare que de propositions scientifiques à l'indicatif on ne pourra jamais tirer des lois morales à l'impératif .

Poincaré, et le sens commun avec lui, ne conçoit pas que les lois morales ne soient pas à l'impératif.

Ne pourraient-elles pas se présenter sous d'autres formes ? A.

Lévy-Bruhl (La morale et sa science des moeurs) prétend faire de la morale une science positive comme la physique ou la chimie.

Dans ce cas, les lois morales seraient à Vindicatif et non à l'impératif : le sociologue constaterait, non pas qu'il ne faut pas mentir, s'enivrer ou se mettre en colère, mais que dans une société donnée le mensonge, l'ivresse ou la colère passent pour mauvais et entraînent certaines sanctions soit légales, soit diffuses. Certes, une telle science des moeurs est possible et a même été partiellement réalisée.

Bien plus, la loi morale se présente souvent à la conscience individuelle au mode indicatif : je constate que, dans le milieu où je viens d'arriver, il est mal porté de ne pas aller à la messe ou de lancer, des jurons.

De ces constatations à l'indicatif résultent des jugements au conditionnel : si je veux être bien vu, je dois aller à la messe, ne pas jurer.

Mais, ainsi que l'a très bien remarqué Kant, les impératifs hypothétiques nous indiquent comment réussir; ils ne nous disent pas comment nous serons moraux.

Ce ne sont pas des lois morales.

La loi morale, pour Kant, et pour l'ensemble des moralistes, n'est pas à l'indicatif, ni même à un impératif hypothétique : elle se présente sous forme d'impératif catégorique. Est-il vrai que la morale est essentiellement impérative ? B.

Bergson a mis en valeur la pensée confuse d'un certain nombre de penseurs qui trouvaient peu psychologique et artificielle la distinction classique entre les impératifs de la morale et les indicatifs ou les conditionnels de la pratique. a) Sans doute, la morale vulgaire est la morale du devoir et de l'impératif : premièrement la morale qui nous impose le minimum nécessaire pour être vraiment homme; deuxièmement, la morale qui est exigée par notre milieu. b) Mais la morale supérieure est à l'optatif : premièrement, la morale qui nous porte vers les sommets; deuxièmement la morale des initiateurs. Cette conception paraît tout à fait acceptable et elle se fonde sur une observation d'une psychologie plus profonde que celle de Lévy-Bruhl : les injonctions de la morale commune se présentent sous la forme impérative; mais les appels à plus de perfection personnelle, les invitations de l'idéal, semblent bien prendre la forme de l'optatif. CONCLUSION.

— KANT lui-même aurait dû, semble-t-il, arriver à une morale à l'optatif.

En effet, il veut que l'homme soit autonome.

Mais précisément, seule une invitation à l'optatif nous laisse notre autonomie.

C'est la forme catégorique et non la forme impérative qui caractérise la loi morale.. »

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