Aide en Philo

L'apologue, petit récit à visée morale est une forme d'argumentation indirecte dont le but est de faire passer un message. Est-il selon vous plus efficace d'argumenter à l'aide de récits imagés plutôt que de manière directe ?

Extrait du document

Voltaire a beaucoup écrit pour exprimer ses idées et a employé des genres très différents, recourant aussi bien à l'argumentation directe dans ses essais qu'à l'argumentation indirecte dans ses contes par exemple. Une des formes d'argumentation n'est-elle cependant pas supérieure à l'autre ? De l'argumentation directe ou indirecte, laquelle peut-on juger la plus efficace ? Après avoir examiné les atouts de l'argumentation directe, nous analyserons le fonctionnement et les qualités de l'argumentation indirecte .    Lorsque l'on cherche à convaincre, l'argumentation directe semble être la stratégie la mieux adaptée. En effet, l'argumentation directe affiche explicitement ses objectifs et s'exprime dans des genres ouvertement argumentatifs comme les essais par exemple. Il est impossible alors pour le lecteur de passer à côté de la visée argumentative. Ainsi, lorsqu'on aborde l'ouvrage de Condorcet intitulé Réflexions sur l'esclavage, on comprend dès le titre le projet de l'auteur et le recours à la première personne, lorsqu'il accuse les esclavagistes d'être des criminels, nous permet d'identifier sa position d'opposant à l'esclavage. De même, dans La Controverse de Valladolid, on comprend immédiatement le point de vue de Sepulveda : ce texte met en scène un dialogue entre le philosophe Sepulveda et le dominicain Las Casas au sujet des Peuples d'Amérique du Sud nouvellement découverts : doivent-ils être utilisés comme esclaves ?

« Demande d'échange de corrigé de nogues pascale ([email protected]). Sujet déposé : L'apologue, petit récit à visée morale est une forme d'argumentation indirecte dont le but est de faire passer un message.

Est-il selon vous plus efficace d'argumenter à l'aide de récits imagés plutôt que de manière directe ? Voltaire a beaucoup écrit pour exprimer ses idées et a employé des genres très différents, recourant aussi bien à l'argumentation directe dans ses essais qu'à l'argumentation indirecte dans ses contes par exemple.

Une des formes d'argumentation n'est-elle cependant pas supérieure à l'autre ? De l'argumentation directe ou indirecte, laquelle peut-on juger la plus efficace ? Après avoir examiné les atouts de l'argumentation directe, nous analyserons le fonctionnement et les qualités de l'argumentation indirecte . Lorsque l'on cherche à convaincre, l'argumentation directe semble être la stratégie la mieux adaptée.

En effet, l'argumentation directe affiche explicitement ses objectifs et s'exprime dans des genres ouvertement argumentatifs comme les essais par exemple.

Il est impossible alors pour le lecteur de passer à côté de la visée argumentative.

Ainsi, lorsqu'on aborde l'ouvrage de Condorcet intitulé Réflexions sur l'esclavage, on comprend dès le titre le projet de l'auteur et le recours à la première personne, lorsqu'il accuse les esclavagistes d'être des criminels, nous permet d'identifier sa position d'opposant à l'esclavage.

De même, dans La Controverse de Valladolid, on comprend immédiatement le point de vue de Sepulveda : ce texte met en scène un dialogue entre le philosophe Sepulveda et le dominicain Las Casas au sujet des Peuples d'Amérique du Sud nouvellement découverts : doivent-ils être utilisés comme esclaves ? Pour Las Casas, la réponse est oui, « les Indiens sont des esclaves-nés ».

Ainsi, on peut appréhender très vite la thèse développée dans un essai alors qu'il est parfois difficile de comprendre celle d'un conte par exemple : recourir à une forme d'argumentation indirecte pour exprimer ses idées peut alors paraître risqué.

Ainsi, le court récit de F.Pavloff intitulé Matin brun peut laisser indifférents certains lecteurs.

Sans la quatrième de couverture qui nous invite à réfléchir aux conséquences de nos petites lâchetés quotidiennes, on risquerait de ne pas comprendre les allusions à l'état brun, aux chats bruns et aux nouvelles brunes comme marques d'un régime totalitaire et répressif.

L'argumentation directe a donc le mérite d'afficher clairement sa visée.

On peut reconnaître aussi que l'argumentation directe est d'une grande efficacité dans la mesure où elle déroule un discours rigoureux, composé, organisé cohérent et logique.

Ainsi le chapitre « Raisons dont on se sert pour excuser l'esclavage des nègres » de l'essai de Condorcet sur l'esclavage est construit sur le dialogue fictif entre deux thèses, celle des esclavagistes qui visent à présenter l'esclavage comme une preuve d'humanité : on sauve les vies de pauvres Nègres qui, sans cela, seraient condamnés à mort, et celle de Condorcet qui affirme que ce commerce est criminel.

Son raisonnement progresse de façon logique et très convaincante : il concède que lors de l'achat des esclaves sur les côtes de Guinée, on sauve peut-être la vie de quelques prisonniers mais que cet argument devient intenable pour des esclaves nés dans l'habitation du maître.

Condorcet invite ainsi le lecteur à entrer dans le débat et sollicite sa raison, son esprit critique.

A l'inverse, dans l'argumentation indirecte, il est parfois difficile de saisir l'expression ou le cheminement d'une pensée.

Ainsi, dans Candide, on suit les aventures du héros mais le morcellement du récit en courts chapitres, les changements de lieux, de personnages, les disparitions et les retrouvailles nous font parfois perdre de vue le projet d'ensemble, à savoir la réfutation de l'optimisme et la démonstration par Voltaire que le mal est omniprésent sur la terre et qu'il appartient à chacun de nous de créer ses propres conditions d'accès au bonheur. >L'argumentation directe présente donc des qualités indéniables mais l'argumentation indirecte peut s'avérer plus efficace quand on cherche à toucher le plus grand nombre. >Un des principaux atouts de l'argumentation indirecte est en effet son accessibilité car dans certaines de ses formes, elle s'adresse à un public très large.

Ainsi, B.

Bettelheim a montré que les contes de fée étaient très profitables aux enfants et leur permettaient de se construire.

De façon plus générale, les contes de Voltaire ou les fables de la Fontaine permettent aussi, de façon brève et simple, de transmettre un enseignement.

Par exemple, dans le chapitre 19 de Candide, lorsque le héros éponyme rencontre le Nègre à Surinam, on perçoit l'émotion de Candie et l'ironie de Voltaire et on comprend facilement que l'auteur a voulu dénoncer l'esclavage à travers le sort réservé aux esclaves : leur dénuement, le rôle mystificateur de l'Eglise, l'inhumanité des maîtres.

Ces éléments sont très facilement intégrés par le lecteur, grâce à la simplicité de la langue et à l'attrait du récit.

Il est vrai alors que, par comparaison, l'essai de Condorcet est moins accessible : le vocabulaire est plus recherché, les phrases plus longues et complexes et le propos peut donc s'avérer plus difficile à appréhender ou en tout cas décourager les lecteurs les plus fragiles.

De la même façon, autant l'argumentation directe peut paraître aride et austère, autant l'argumentation directe peut séduire le lecteur, l'amuser, retenir son attention.

On sait depuis l'Antiquité que la fonction des fables est de plaire et d'instruire.

La Fontaine a excellé dans cet art de la fable.

Par exemple, dans « Le corbeau voulant imiter l'aigle », il met en scène un corbeau affamé qui, voulant comme l'aigle s'emparer d'un mouton, se retrouve piégé et « encagé » par le Berger.

On comprend dans la morale, si on ne l'avait pas compris avant, qu'à vouloir faire le vaniteux on se retrouve humilié.

Le récit permet d'être une illustration concrète et imagée de la morale et de séduire les lecteurs, de retenir leur intérêt : le corbeau est présenté avec humour comme « glouton » et à vrai dire un peu bête et on s'attend donc naturellement à ce que son entreprise échoue car il n'a pas les talents de «l'oiseau de Jupiter » et qu'il a jeté son dévolu sur le mouton le plus lourd ! L'argumentation indirecte pousse ainsi le lecteur à rester vigilant et adopter une attitude de lecture active : quant on lit une fable on peut s'amuser à en deviner la fin ou à en dégager la morale avant qu'elle ne soit énoncée.

Plus généralement, les formes d'argumentation indirecte suscitent la réflexion du récepteur.

Par exemple, dans le film Elephant qui traite du problème des massacres perpétrés régulièrement aux Etats Unis par des étudiants sur leurs camarades, le réalisateur, Gus Van Sant ne propose pas de thèse claire par rapport à ces massacres.

Il semble évoquer plusieurs hypothèses et laisse le spectateur tirer ses propres conclusions du film. Ainsi, si la violence des jeux vidéo ou l'accès libre aux armes sont des pistes évoquées, le film nous invite plus particulièrement à réfléchir à la déliquescence des relations entre les adultes et les adolescents.

C'est la société tout entière qui est coupable, et les deux jeunes criminels peuvent alors être, d'une certaine façon, considérés comme des victimes.

L'argumentation indirecte peut donc favoriser la réflexion personnelle du destinataire . Pour conclure, si l'argumentation directe a le mérite d'afficher ouvertement ses objectifs, elle est cependant parfois moins accessible que l'argumentation directe et moins séduisante.

Il me semble donc plus d'efficace d'avoir recours à l'argumentation indirecte. Toutefois, ce qui prime dans l'argumentation, c'est de pouvoir d'abord exprimer ses idées, puis de les faire partager au plus grand nombre.

Dans cette optique, il faut parfois se montrer pragmatique et choisir opportunément la forme d'argumentation qui s'impose en fonction, par exemple, du public visé .

L'idéal semble donc d'associer les deux, comme l'a fait Voltaire en son temps. Sujet désiré en échange :Sujet : Joachim DU BELLAY (1522-1560) (Recueil : Les Regrets) - J\'aime la liberté, et languis en service. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles