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Est-il légitime de parler de beauté à propos des objets quotidiens ?

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« On oppose ordinairement la beauté avec ce qui relève du quotidien, la beauté serait justement ce qui transfigure celui-ci et lui donne une signification plus haute.

Un objet de la vie quotidienne qui accèderait au statut d'objet esthétique, d'objet beau ne ferait plus partie des objets absolument utilitaires et quotidiens.

Cette question permet d'ouvrir la question du possible correspondance entre le beau et l'utile, le fonctionnel et l'agréable.

N'est-ce pas le pouvoir de l'art que d'embellir le quotidien.

Le design est né de cette volonté de rendre beau les objets de la quotidienneté. 1) La beauté du quotidien à travers la publicité ? Aussi W.

Benjamin, dans ses écrits sur Baudelaire et dans l'Oeuvre d'art à l'époque de sa reproductibilité technique définit la modernité par le choc.

Le passant et le flâneur sont bombardés de signaux lorsqu'ils évoluent en ville, il s'opère un renouvellement continu de formes et d'images qui touchent directement le spectateur et ne lui laissent plus de recul.

Le passant moderne est entouré d'un art qui semble sans profondeur, qui n'est là que pour attirer le regard.

La ville moderne est remplie d'enseignes, de publicités, d'affiches qui parlent tout de suite à l'homme grâce à des couleurs chatoyantes.

Le début du XX e siècle est l'époque des « chromos » qui sont des lithographies en couleur, des images qui se caractérisent par leur sentimentalisme, leur excès du fini, et des couleurs criardes.

Ce kitsch publicitaire né à la fin du XIX e et au début du XX e siècle s'inspire, comme on le verra plus loin, des peintures romantiques et de l'Art Nouveau.

L'arrivée de l'affiche est corrélative à l'apparition de la civilisation industrielle.

L'invention de la lithographie facilite la production d'affiches en couleurs.

L'impression d'affiches connut donc un essor considérable au début du XIX e siècle et servit à promouvoir toutes sortes de biens et de services.

Les affiches de théâtre feront usage de représentations très réalistes de pièces, de spectacles.

Mais jusqu'au milieu du XIX e siècle , ces affiches ont manqué d'inspiration et sont souvent tombées dans le kitsch avant que des artistes plus talentueux comme Jules Chéret ,qui sont sortis du réalisme, créent des affiches au style plus idéalisé.

Des grands artistes comme Toulouse-Lautrec modifièrent le contenu même de affiches, en produisant des publicités au style japonisant.

Plus tard, les artistes du mouvement Art Nouveau comme Henry Van de Velde donnent des courbes végétales, stylisées, et allongées aux motifs picturaux.

Dans les années 1920-30, les affiches ont commencé à refléter une multitude de tendances comme le cubisme, le surréalisme, le dadaïsme, et le style Art Déco.

C'est ainsi que des affiches concernant les transports ferroviaires ou maritimes ont repris le vocabulaire romantique du sublime dans un style Art Nouveau, le tout donnant un aspect kitsch à l'ensemble.

Parmi les créateurs célèbres, on retrouve l'artiste Cassandre qui réalisa des affiches Art Déco qui servirent de publicité pour le réseau ferroviaire français et représentèrent des trains et des voies ferrées aux formes géométriques marquées par le cubisme.

De cette façon, l'art s'adresse aux masses et non plus aux seuls initiés.

Benjamin, dans L'œuvre d'art à l'époque de sa reproductibilité technique souligne l'importance des masses dans la vie actuelle, et écrit : « Car rendre les choses spatialement et humainement plus « proches » de soi, c'est chez les masses d'aujourd'hui un désir tout aussi passionné que leur tendance à déposséder tout phénomène de son unicité au moyen d'une réception de sa reproduction.

»On désire se rapprocher le plus possible et s'approprier ces nouveaux objets fabriqués en série par l'industrie.

Benjamin a aussi compris que des techniques comme le cinéma avaient détruit une certaine dimension du rapport que l'on a au passé. 2) la mise au jour de la beauté des objets quotidiens. Les artistes eux-mêmes ne rendent pas forcément les objets quotidiens en les produisant eux-mêmes par le biais du design, mais en donnant aux objets déjà existants une autre signification, en les sortant de leur contexte, en en révélant la beauté, une beauté trop souvent ignoré.

Notre regard sur les objets quotidiens subit une véritable conversion.

Les premières œuvres de Marcel Duchamp qui ont marqué ont été les ready-Made, véritable objet de la vie quotidienne récupérés, et simplement décontextualisés et élevées au rang d'œuvre d'art.

Un porte-bouteille, une roue de vélo, un bidet.

On peut imaginer que par là s'amorce une rupture avec toute définition traditionnelle de l'art, de l'art conçu comme un objet, un artefact conçu des mains de l'artiste, de l'art comme création.

La récupération amorcée par les Nouveaux Réalistes et dans un forme différente par le pop art laisse imaginer que tout peut rentrer dans le domaine de l'art, qu'il n'y plus de critère discriminant pour rejeter une œuvre hors de l'art.

Des artistes comme Arman, César reprend des éléments de la vie quotidienne dans des compressions, des réarrangements avec notamment des poubelles, des déchets, des voitures. Le pop art par le biais de Warhol fait rentrer des boites de conserve, d'emballage dans le domaine de l'art.

Aussi, c'est le regard de l'artiste qui fait d'un objet quelque chose d'artistique, qu'il lui donne une signification.

Ainsi n'importe quel objet vu par un photographe peut devenir artistique, comme chacun selon Warhol peut avoir son quart d'heure de célébrité.

Tout est nivelé, il n'y a plus de supériorité de objets sur les autres au risque de l'insignifiance.

La distinction entre l'art et les objets quelconque semble bien mince.

Un simple changement de contexte suffit, mais sinon la différence peut être imperceptible.

Ainsi ce qui rend esthétique un objet est sa simple transposition dans l'univers de l'art. 3)Le design comme l'esthétique du quotidien. On mesure alors les inconvénients du terme d'esthétique industrielle.

Il souligne bien que les objets produits par l'industrie ne s'épuisent pas dans leurs fonctions utilitaires, et qu'ils peuvent développer de surcroît des qualités plus généralement humaines.

Mais, à cause des traditions qui lient spontanément l'idée d'esthétique à celle de beauté, il ne donne pas à penser que ce surcroît est d'abord d'ordre sémantique (informationnel), et comprend principalement : les messages dénotés et connotés au sens habituel de la théorie des signes, et les messages de l'espace-temps sensible, que devrait déchiffrer une sémantique plastique (ou sémantique esthétique, au sens précis où le terme est entendu dans l'étude consacrée aux « expériences esthétiques »).

C'est pourquoi s'est imposé le terme d'industrial design.

Design a l'avantage de signifier à la fois dessein et dessin.

Dessein indique le propre de l'objet industriel, qui est que tout s'y décide au départ, au moment du projet, tandis que dans l'objet ancien, fait à la main, le projet se différenciait en cours d'exécution.

Et dessin précise que, dans le projet, le designer n'a pas à s'occuper des fonctionnements purs, affaire de l'ingénieur, mais seulement de la disposition et de la forme des organes dans l'espace et dans le temps, c'est-à-dire de la configuration. Conclusion. On peut parler de beauté pour les objets quotidiens de plusieurs façons, d'une part une beauté qui ne serait pas intrinsèque aux objets mais une beauté révélée par les artistes eux-mêmes par le biais de leur représentation artistique que ce soit dans le cadre de la peinture de genre qui montre des scènes de la vie quotidienne ou dans l'art moderne par la récupération, la transposition de ces mêmes objets dans un autre contexte .Soit dans le cadre du design qui transforme lui-même les objets du quotidien pour les embellir . Dans les deux cas, il n'est pas légitime de rejeter la beauté du quotidien.. »

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