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Est-ce un devoir de rechercher le bonheur ?

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« Termes du sujet: DEVOIR: 1) Obligation morale, opposée à obligation juridique; le devoir est une obligation interne au sujet, l'obligation juridique une obligation externe (une contrainte). 2) Le problème sous-jacent consistant à trouver le fondement de cette obligation, Kant fera du devoir un absolu: "Le devoir est la nécessité d'accomplir l'action par pur respect pour la loi." 3) Un devoir: tout ce qui correspond à une obligation morale. BONHEUR: De bon et heur (terme dérivé du latin augurium, présage, chance).

État de complète satisfaction de tous les penchants humains. • Le bonheur se distingue du plaisir et de la joie, qui sont des émotions éphémères et toujours liées à un objet particulier.

• Dans les morales eudémonistes, le bonheur est la fin de l'action humaine.

Pour Kant, en revanche, c'est le respect de la loi morale qui doit orienter la volonté, et non la recherche du bonheur.

Car cette recherche est toujours déjà intéressée, égoïste donc contraire à la morale. La recherche du bonheur semble naturelle à l'homme.

Ainsi, comme le dit Pascal dans les Pensées : "Tous les hommes recherchent d'être heureux.

Cela est sans exception, quelques différents moyens qu'ils y emploient." Mais en quel sens la recherche du bonheur, sa quête, peut-elle devenir l'objet d'une obligation essentiellement morale ? Quelle est la nature du bonheur ? Est-elle compatible avec la notion de devoir ? Moralement, on pourrait distinguer bonheur égoïste ou recherche du bonheur des autres.

Mais n'y a-t-il pas un devoir intime de rechercher le bonheur ? En quoi le bonheur est-il nécessaire, et de quel genre de nécessité s'agit-il ? L'intitulé semble demander une distinction entre "rechercher" le bonheur, et "trouver" le bonheur.

En quoi devrions-nous chercher ce que l'on n'est pas sûr de trouver ? N'est-il pas plutôt futile et préjudiciable de rechercher le bonheur pour lui-même ? N'est-ce pas plus ou moins condamné par la société ? Doit-on faire au contraire de sa vie une quête du bonheur, comme le pensaient les épicuriens ? Références utiles : Épicure, Lettre à Ménécée ; Kant, Fondements de la métaphysique des moeurs. C'est un des types d'énoncés dont la compréhension est particulièrement importante, car le risque est grand de traiter un autre sujet que celui qu'il pose.

Il n'est pas demandé si le bonheur doit être le but de toute action morale ou si la recherche du bonheur peut constituer un fondement moral de la vie humaine, mais si le souci du bonheur doit être tout à fait étranger à la conscience morale ou si, au contraire, il peut y avoir un devoir d'être heureux et en quel sens'. § 1.

Bonheur et vertu dans l'Antiquité. Il est vrai que cette confusion était inhérente à la philosophie antique et à la philosophie moderne jusqu'à Kant.

« Le but que l'on se propose dans les écoles de philosophie ancienne, écrit Brochard, aussi bien dans l'école stoïcienne que dans celle d'Épicure ou de Platon, c'est d'atteindre à la vie heureuse [...].

Sans doute les divers systèmes se distinguent par la façon de définir le souverain bien.

Tous le cherchent, mais nulle part il ne vient à l'esprit de le séparer du bonheur.

» On peut dire, en effet, que tous les philosophes anciens identifient aussi bien le souverain bien que la vertu avec le bonheur ou, tout au moins, les considèrent comme inséparables. Le bonheur, selon Platon, est atteint par la recherche de la justice intérieure : le juste peut être méconnu et même supplicié, il n'en jouira pas moins du bonheur'.

Aristote fait du bonheur la fin et le souverain bien de l'homme, car agir selon sa nature est vertu, la vertu consistant pour chaque être à remplir la fonction qui lui est propre et, dans cet accomplissement, qui est pour l'homme la vie contemplative, il trouve la joie la plus élevée.

Épicure lui-même, s'il pose crûment que «le plaisir du ventre est la racine de tout bien », ne se dissimule pas que certains plaisirs sont à éviter comme générateurs de douleurs, et il est conduit ainsi à prôner une vie très tempérante, faite de plaisirs simples, générateurs d'autres plaisirs, car l'essentiel, en fin de compte, est «de ne pas souffrir dans son corps et de ne pas être troublé dans son âme ».

Ce qui est la véritable félicité.

C'est sans doute chez les stoïciens qu'apparaît le plus nettement cette idée que le bonheur est le devoir.

La liberté de l'âme ne peut être forcée, elle échappe au pouvoir des choses et des hommes, et même des dieux.

La volonté, qui n'en est qu'un autre nom, porte en elle tout bien et tout mal.

A son égard, les objets extérieurs, comme les actions extérieures, ne sont ni bons ni mauvais, à la condition de bien distinguer ce qui dépend de nous, à savoir le jugement, et ce qui n'en dépend pas, c'est-à-dire tout le reste.

Supprimer tout désir et toute aversion pour ce qui est extérieur, tel est le secret de la sagesse et du bonheur, car, dès lors, rien ne peut nous atteindre.

Le stoïcien laisse ainsi toute la place à la volonté.

Or, si le bien ne réside que dans la volonté, le mal n'existe pas dans le monde et les dieux ne doivent pas être accusés mais aimés. Comme le sage comprend et aime, dit Marc-Aurèle, «l'intelligence très bonne» qui a disposé toutes choses, il comprend et admire le monde même, oeuvre visible de cette intelligence invisible.

Et puisque tout est lié dans ce monde, puisque chaque chose «est dans un harmonieux concert avec l'ensemble », il approuve et aime ce qui arrive. Le sage va au devant du destin et s'offre à lui, il se dévoue au tout.

S'il pouvait, dit Épictète, embrasser l'avenir, il «travaillerait lui-même à sa maladie, à sa mort, à sa mutilation, sachant que l'ordre du tout le veut ainsi».

Bien plus, il y travaillerait gaiement, car le monde est une grande fête, et il faut s'associer à sa joie.

Et Marc-Aurèle s'écrie de même : «Je dis au monde : j'aime ce que tu aimes, donne-moi ce que tu veux, reprends-moi ce que tu veux.

Tout ce qui t'accommode, ô monde, m'accommode moi-même [...].

Tout ce que m'apportent les heures est pour moi un. »

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