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Commenter et discuter cette idée de Kant : « Assurer son propre bonheur est un devoir (au moins indirect); car le fait de ne pas être content de son état, de vivre pressé de nombreux soucis et au milieu de besoins non satisfaits pourrait devenir aisément

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Le texte proposé ne répond pas au problème classique : le bonheur est-il la fin générale de la conduite (problème résolu affirmativement par les eudémonistes et les utilitaristes). Kant prend pour base l'idée qu'il y a une notion de devoir, entièrement originale, et en laquelle se résume toute la morale. Mais il demande si le bonheur n'est pas une condition de l'exercice des devoirs et par là, indirectement objet de devoir. La discussion doit être faite d'abord d'un examen des conditions de l'honnêteté ou de l'action morale. Puis il faudra chercher si, le bonheur étant considéré, ainsi que le propose Kant, comme condition de devoir, il devient par là un devoir : ce qui nécessitera une analyse rapide de cette idée du devoir. On introduira le problème en définissant, suivant les remarques ci-dessus, la position de Kant. Plan. (Position du sujet). — Kant considère la notion de devoir comme la base de la morale, et il ne veut admettre comme fin aucune autre notion. Mais son rigorisme ne veut pas pour cela se représenter la vertu dans la sévérité des attitudes : le bonheur a son rôle ; il devrait intervenir pour créer une atmosphère favorable à l'exercice du devoir. « Assurer son bonheur, dit-il, est un devoir » et il en donne comme raison le danger pour la moralité d'inquiétudes excessives : « le fait de ne pas être content de son état, etc... » En fait, le bonheur vient-il donc en aide à la moralité ? Et si c'est exact, faut-il vraiment parler de devoir ?

« Commenter et discuter cette idée de Kant : « Assurer son propre bonheur est un devoir (au moins indirect); car le fait de ne pas être content de son état, de vivre pressé de nombreux soucis et au milieu de besoins non satisfaits pourrait devenir aisément une grande tentation d'enfreindre ses devoirs.

» (Fondements de la Métaphysique des Moeurs). Le texte proposé ne répond pas au problème classique : le bonheur est-il la fin générale de la conduite (problème résolu affirmativement par les eudémonistes et les utilitaristes).

Kant prend pour base l'idée qu'il y a une notion de devoir, entièrement originale, et en laquelle se résume toute la morale.

Mais il demande si le bonheur n'est pas une condition de l'exercice des devoirs et par là, indirectement objet de devoir. La discussion doit être faite d'abord d'un examen des conditions de l'honnêteté ou de l'action morale.

Puis il faudra chercher si, le bonheur étant considéré, ainsi que le propose Kant, comme condition de devoir, il devient par là un devoir : ce qui nécessitera une analyse rapide de cette idée du devoir.

On introduira le problème en définissant, suivant les remarques ci-dessus, la position de Kant. Plan.

(Position du sujet).

— Kant considère la notion de devoir comme la base de la morale, et il ne veut admettre comme fin aucune autre notion.

Mais son rigorisme ne veut pas pour cela se représenter la vertu dans la sévérité des attitudes : le bonheur a son rôle ; il devrait intervenir pour créer une atmosphère favorable à l'exercice du devoir.

« Assurer son bonheur, dit-il, est un devoir » et il en donne comme raison le danger pour la moralité d'inquiétudes excessives : « le fait de ne pas être content de son état, etc...

» En fait, le bonheur vient-il donc en aide à la moralité ? Et si c'est exact, faut-il vraiment parler de devoir ? I.

(Les raisons de l'idée).

— A.

(Positivement).

— L'héroïsme peut mépriser la misère, physique ou sociale (Job ; Épictète).

Mais la moralité moyenne est certainement soutenue par une vie heureuse; il est aisé d'être honnête quand jamais ne se pose le problème du besoin ; agir dans la joie, c'est le moyen de travailler avec entrain ; — réciproquement, l'extrême misère enlève tellement à l'homme son caractère humain qu'il ne faut même plus dire qu'alors il transgresse son devoir ; il en perd l'idée ; ses réactions ne sont plus que les convulsions d'un organisme qui défend sa vie. B.

(Restrictions).

— Remarquer cependant : a) que dans les situations moyennes, la gêne ou la souffrance agissent de façon variable, suivant les individualités ; b) que dans une situation devenue meilleure, le devoir est moins assuré par cette amélioration même que par les habitudes, déjà prises, ou par certaines disciplines (l'homme sans scrupules ne devient pas honnête avec la fortune; le travailleur indolent ne prend pas goût au travail par le fait seul qu'il est mieux rémunéré, etc.); c) que Kant, tout en ne mentionnant pas les cas où le bonheur est en conflit avec des devoirs, admettrait sûrement cette limitation à l'idée. Mais ces restrictions ne nient pas les raisons générales précédemment énoncées ; elles laissent donc subsister l'idée, comme généralement, sinon universellement applicable. II.

(Discussion de la formule).

— Cela posé, faut-il parler d'un devoir d'assurer son bonheur ? A) D'abord, est-il nécessaire d'introduire ici l'idée du devoir ? Kant remarque que le bonheur est par lui-même objet d'une très forte inclination, puisque justement c'est dans cette idée que viennent s'unir toutes les inclinations.

Mais il fait observer qu'il n'y a pas toujours, entre les inclinations, harmonie nécessaire, et il faut savoir imposer la tendance universelle, la volonté d'équilibre, à l'espoir d'une jouissance dans le moment présent.

Et il est exact que l'idée de bonheur implique celle d'une organisation de la vie, donc nécessité d'une réflexion et d'une volonté : par là s'introduirait l'idée de devoir.

Mais cela suppose d'autres conditions. B) Devoir implique volonté de réaliser une valeur.

D'une part, nous venons de montrer qu'effectivement le bonheur vaut, moralement, au moins comme condition favorable à la réalisation du devoir.

Mais, d'autre part, la volonté ne peut porter que sur le réalisable : en ce sens, comment parler d'un devoir d'assurer son bonheur ? Kant a lui-même remarqué ailleurs que le bonheur ne se définit pas : comment vouloir l'indéfinissable ? Il faudrait limiter l'idée pour la ramener à cette autre : définir et vouloir une oeuvre ou un type d'action qui en nous libérant de la misère, puisse satisfaire à notre caractère et à nos goûts.

Mais encore on objectera que la réalisation, malgré nos efforts, n'est pas à notre disposition dans tous les cas.

Il reste, que l'essentiel est de ne pas renoncer à l'effort pour créer les conditions extérieures de bonheur, et en n'oubliant pas, « après avoir fait notre mieux touchant les choses qui nous sont extérieures », comme dit Descartes, la nécessité de vouloir la sérénité d'âme, à la façon des Stoïciens, malgré les choses. Conclusion.

— Il reste donc, de Kant, l'idée de fond : vouloir le bonheur pour l'atmosphère de facilité et d'aisance dont il entoure le devoir ; et il y a lieu de retenir même la notion d'un devoir d'assurer le bonheur, en ce double sens : devoir, non pas tant d'assurer son bonheur matériel que d'en vouloir les conditions ; devoir d'assurer surtout ce contentement intérieur que Descartes appelait félicité.. »

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