Est-ce par la raison que l'on connaît la réalité ?
Extrait du document
«
Définition des termes du sujet:
Réalité / Réel :
Réalité: * Caractère de ce qui a une existence concrète, par opposition aux apparences, aux illusions ou aux fictions de notre
imagination.
* Ensemble des choses et des faits réels.
Réel: * Comme adjectif : qui existe effectivement, et pas seulement à titre d'idée, de représentation ou de mot (exemple : un pouvoir
réel).
* Comme nom : l'ensemble des choses qui existent, le monde extérieur (synonyme : réalité).
CONNAÎTRE / CONNAISSANCE: 1.
— Être familier de quelqu'un ou quelque chose.
2.
— Discerner, distinguer quelque chose : « Le
premier et le moindre degré de connaissance, c'est d'apercevoir » (CONDILLAC) 3.
— Posséder une représentation de quelque chose,
en part.
une représentation exacte.
4.
— Connaissance: a) Acte par lequel un sujet s'efforce de saisir de saisir et de se représenter les
objets qui se présentent à lui.
b) Résultat de cet acte.
RAISON: Du latin ratio, « calcul », « faculté de calculer, de raisonner » (en grec logos).
* Au sens subjectif : mode de penser propre à l'homme (lui-même défini comme « animal raisonnable »).
* Par opposition à l'intuition : faculté de raisonner, c'est-à-dire de combiner des concepts et des jugements, de déduire des
conséquences.
* Par opposition à la passion ou à la folie : pouvoir de bien juger, de distinguer le vrai du faux, le bien du mal.
* Par opposition à la foi : la « lumière naturelle », naturellement présente en tout homme.
* Par opposition à l'expérience : faculté de fournir des principes a priori (c'est-à-dire indépendants de l'expérience)
* Au sens objectif : principe d'explication, cause (exemple : les raisons d'un phénomène).
* Argument destiné à légitimer un jugement ou une décision (exemple : donner ses raisons).
Existe-t-il un monde intelligible qui est l'objet de notre pensée rationnelle, ou bien n'existe-t-il qu'un seul monde qui est l'objet de
nos sens et que notre raison s'efforce d'organiser suivant un ordre qui lui est propre? La raison, dans le premier cas, nous donnerait
accès à la réalité authentique, alors qu'elle apparaît dans le second cas comme un mode de connaissance propre à l'homme, qui nous
renseigne plus sur notre propre esprit que sur la réalité extérieure.
1.
Les prétentions de l'idéalisme
• Pour Hegel, le réel est rationnel.
Ce
qui
est
rationnel est réel
et ce qui est réel
est
rationnel.
(Principes de la
philosophie
du
droit)
Cette phrase a donné lieu à bien des débats.
S'agit-il d'une justification de l'ordre établi et
du réel ? En réalité, Hegel lui-même souligne
que la phrase peut aussi signifier que tout ce
qui est rationnel doit être.
Il s'agit surtout de
dire que la philosophie est compréhension du
réel et non la "construction d'un au-delà qui
serait (...) dans l'erreur d'une façon de
raisonner partielle et vide."
Cela ne veut pas dire que la réalité immédiate soit conforme à la raison, mais au contraire que la
raison nous livre la réalité authentique qui n'est pas la réalité immédiate : un savoir immédiat, de
l'ordre de l'intuition, n'est pas une science, un véritable savoir.
Une science, discours vrai sur la
réalité, est le système développé du savoir, lequel est toujours en même temps la négation de
notre rapport premier avec une réalité supposée qui se confond avec l'apparence.
• Parler de réalité immédiate est d'ailleurs un abus de langage : celle que nous livre le savoir
achevé est la seule réalité; affirmer que le soleil se lève, ce n'est pas affirmer quelque chose au
sujet de la réalité, c'est exprimer la première apparence qu'elle prend pour nous avant que le
savoir ne se développe.
On peut appeler idéalisme une philosophie qui voit dans l'idée ou dans l'esprit la réalité vraie, la raison étant
ce qui nous permet de passer du senti au conçu puis au système entier du savoir, seule voie d'accès à la réalité.
11.
Empirisme et méthode expérimentale
• Diderot déconsidère un rationalisme qui voudrait connaître le réel par les seules ressources du raisonnement : c'est l'expérience du
prisme de Newton qui nous livre la nature de la lumière, et non une spéculation a priori.
Il veut revaloriser une approche active du
réel, celle des techniciens, des artisans, qui - dépourvus de savoir théorique - sont pourtant à l'origine de toutes nos inventions.
« Il est
plus facile et plus court de se consulter soi que la nature.
Aussi la raison est-elle portée à demeurer en elle-même, et l'instinct à se
répandre au-dehors.
L'instinct va sans cesse regardant, goûtant, touchant, écoutant; et il y aurait peut-être plus de physique
expérimentale à apprendre en étudiant les animaux qu'en suivant les cours d'un professeur» (Diderot, De l'interprétation de la nature,
10).
• L'empirisme est une philosophie qui valorise l'expérience et souligne que le réel ne peut pas être déduit par l'intelligence humaine.
Ces positions s'accordent avec la nouvelle approche de la nature par les sciences expérimentales : la nature d'une chose est sa
manière de réagir à nos manipulations, car, comme l'exprime Francis Bacon, de même que le naturel de quelqu'un se découvre mieux
lorsqu'il est dans le trouble, « les opérations cachées de la nature se livrent mieux sous le tourment des arts que dans leur cours
ordinaire» (Novum Organum de 1620).
C'est la technique de laboratoire qui livre le dernier mot sur la nature, et notre raison ne sert
qu'à présenter en ordre les résultats de nos expériences une fois ceux-ci acquis..
»
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