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Est-ce le privilège de l'humanité que d'avoir une histoire ?

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« Termes du sujet: HISTOIRE: Ce mot désigne soit le devenir, l'évolution des individus et des sociétés (allemand Geschichte), soit l'étude scientifique de ce devenir (allemand Historie). Pour démarrer Toute la difficulté du sujet provient de l'ambiguïté du terme « histoire » : suite d'états qui se succèdent dans le temps, connaissance du passé et des sociétés humaines, devenir de ces dernières, etc.

Selon le point de vue, la question posée : « le genre humain pris dans son unité est-il le seul à posséder une histoire ? » acquiert une signification toute différente. Conseils pratiques Il est capital de bien préciser les sens du terme « histoire ».

N'oubliez pas, par ailleurs, que l'humanité représente elle-même une structure complexe de sociétés et d'individus.

Vous pouvez alors développer un plan progressif ou un plan dialectique qui, l'un et l'autre, conduisent à conclure que seul l'homme peut donner un sens à l'histoire, quelle que soit la définition de cette dernière. Bibliographie HEGEL, La raison dans l'histoire, 10/18-UGE. A.

KOJEVE, Introduction à la lecture de Hegel, NRF-Gallimard. M.

MERLEAU-PONTY, Sens et non-sens, Nagel. H.

VÉDRINE, Les philosophies de l'histoire, Payot. Introduction Le fait d'« avoir une histoire » permet-il, plus que la bipédie, le logos, ou le travail (Hegel), de déterminer la spécificité de l'humain ? Cette distinction peutelle être pensée comme un « privilège » sans relever d'un anthropocentrisme sommaire ? Car la nature, comme les choses n'ont-elles pas aussi une histoire (cf.

Darwin, Bergson) ? Lorsque nous disons que les choses ont une histoire, c'est soit une histoire pour des hommes, soit celle des changements qui s'opèrent dans la nature, l'altération par exemple d'un objet par l'usure du temps.

Mais, et second lieu, avons nous une histoire comme nous avons un ordinateur, une maladie, des enfants ? I - Avoir, être, et faire l'histoire a) S'il est possible de parler d'une histoire naturelle, le privilège de l'homme, ce qui le distingue, c'est de faire, ou au moins de contribuer à faire son histoire. Autrement dit, si l'homme a une histoire en propre, s'il est un « animal historique », c'est que celle-ci est partiellement au moins son oeuvre (cf.

Vico, Marx, etc.), qu'elle est le champ d'expression de sa liberté.

Doit-on pour autant penser celle-ci comme le privilège qui excepte l'homme du reste de la nature, de sorte qu'il serait comme un empire dans un empire (Spinoza), ou simplement comme l'indétermination de l'existence humaine, c'est-à-dire — dans les termes de Rousseau — comme la possibilité aussi bien de son perfectionnement (la « perfectibilité ») que de sa corruption ? b) Mais comme l'homme se constitue lui-même à travers ce « faire », et que cette activité d'auto-production n'est jamais possible que sur le fond d'un donné ou d'une situation qui ne relève pas d'un choix, et dans laquelle chacun est toujours déjà jeté, il est encore plus juste de dire que l'homme est un être historique.

Ce qui le distingue, c'est l'historicité de son être même (cf.

Heidegger). L'humanité nomme ce qui constitue l'humain, mais celui-ci n'existe pas isolément, de sorte que le fait d'avoir une histoire n'est pas le privilège des grands hommes ou des individus historiques.

L'historicité est en fin de compte toujours celle d'une société ou d'une culture.

Or 1'< humanité » désigne précisément aussi la collectivité ou l'ensemble des hommes : peut-on aller jusqu'à parler d'une histoire de l'humanité en ce sens là du terme ? II- L'avènement d'une histoire de l'humanité a) Ici, le présupposé est que, malgré la diversité des cultures, « l'humanité » est une notion claire ; or, en dehors du fait qu'apparemment cette notion n'existe même pas dans toutes les cultures, que penser de l'idée selon laquelle il y aurait des sociétés ou des peuples sans histoire (cf.

Race et Histoire de Lévi-Strauss) ? b) Mais si l'on reconnaissait à toute culture son historicité, l'unité de ces histoires reste problématique ; tissée par l'infinité des histoires que peuples et individus, incessamment, racontent et se font raconter (cf.

Schapp), cette histoire ne reste-t-elle pas irréductiblement plurielle et imprévisible, de sorte qu'il faudrait plutôt parler des aventures de l'humanité ? Ou faut-il reconnaître que cette unité est aujourd'hui, à l'ère de la « communication » et d'une économie devenue mondiale, un « fait » accompli, de sorte que c'est seulement aujourd'hui que commencerait véritablement l'histoire de l'humanité ? Et de quel privilège ce fait serait-il alors l'expression ? c) Cette unité relève-t-elle plus que de l'universelle aliénation d'une civilisation dont on peut se demander ce qu'elle a d'« humain » (cf.

la dialectique des Lumières telle que la pense Adorno) ? Change-t-elle quelque chose à l'idée que le spectacle de l'histoire est d'abord celui des souffrances de l'humanité ? La mondialisation de l'économie, le fait que soit advenu le temps où toutes les cultures se voient embarquées dans une même histoire, rend d'autant plus urgent le souvenir d'une unité de l'histoire de l'humanité proprement « humaine », à savoir comme tâche éthique — souvenir d'une histoire telle que la pensent en particulier Kant, Cassirer ou Husserl.

Mais, ici encore, que peut bien signifier « privilège » ? III - Le défi de l'héritage a) « Privilège » s'entend communément encore plus comme un bénéfice dont on jouit que comme une simple distinction du style : « l'homme est un bipède sans plume ».

La jouissance propre au privilège est autant jouissance d'une activité refusée à d'autres (un droit) que jouissance d'être dispensé de ce qui incombe à d'autres — le contraire du privilège étant la servitude ; de ce point de vue, le privilège implique une forme de liberté.

Mais si la liberté implique la responsabilité, le pouvoir un devoir, ne peut-on et ne doit-on pas penser notre rapport à l'histoire en termes de responsabilité, c'est-à-dire littéralement comme ce à quoi (et/ou devant quoi) nous devons répondre ? Le privilège implique alors une charge ou une obligation, un devoir. b) Or c'est bien là ce que l'on retrouve aussi dans l'idée que notre rapport à l'histoire n'est pas « objectif » c'est-à-dire le rapport d'un sujet à un objet, dans la mesure où nous lui appartenons ; et en tant que nous sommes les héritiers d'une histoire ou d'une tradition, nous n'« avons » cette histoire que pour autant que nous nous la sommes appropriée par un travail de remémoration (cf.

Hegel, Husserl, etc.), et de ce fait, nous avons plus la charge que le privilège de cet héritage, ou la charge du privilège.

Mais la fidélité à un héritage suppose aussi la capacité de répondre à son défi de façon créatrice. Conclusion Avoir une histoire, c'est devoir s'approprier son propre être historique.. »

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