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Esclavage et contrat social ?

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« Vie et liberté • Comment peut-on préférer sa tranquillité à sa liberté ? La philosophie politique moderne naît d'une interrogation : le peuple veut-il être libre ? Car le tyran peut être facilement renversé, il suffit de ne point vouloir le servir.

Pour La Boétie, dans son Discours de la servitude volontaire, la nature de l'homme est « telle que naturellement il tient le pli que la nourriture lui donne ».

L'habitude d'obéir à la volonté d'un autre que soi, explique l'état de servitude dans lequel se trouvent les peuples. Le paradoxe de la servitude volontaire chez LA BOETIE Si un tyran peut, à l'origine, asservir les hommes par la force et la terreur, il ne peut se maintenir qu'avec leur consentement.

Les hommes ne sont pas esclaves par contrainte ou par lâcheté, mais parce qu'ils le veulent bien, car il suffirait de ne plus vouloir servir le tyran pour que son pouvoir s'effondre.

En effet, le tyran est infiniment faible comparé à la force du nombre : sa seule force, c'est celle que lui offrent ses sujets.

On peut aussi remarquer que ceux- ci ne manquent pas de courage, car ils pourraient combattre jusqu'à la mort pour leur tyran.

Ils font donc le choix incompréhensible de lui sacrifier leur liberté, aliénant par là leur être même. Cette « volonté de servir » peut s'expliquer par le fait que « la nature a en nous moins de pouvoir que la coutume » : les hommes élevés sous la tyrannie prennent le pli de la servitude.

Le tyran abrutit et corrompt ses sujets par le principe du pain et des jeux, consistant à« sucrer la servitude d'une venimeuse douceur ».

Il utilise la religion pour leur inculquer la dévotion, à travers des fables.

La Boétie évoque ici la croyance aux rois thaumaturges, c'est-àdire faiseurs de miracles (on leur prête la faculté de guérir les maladies), mais esquisse aussi une critique de la théorie du droit divin, ramenée à une histoire qu'on raconte.

Quant aux rares individus éclairés ayant gardé le désir de la liberté, le tyran les élimine ou les isole par la censure. Un seul homme ne pourrait jamais asservir tout un peuple sans une chaîne d'intermédiaires grâce à laquelle « le tyran asservit les sujets les uns par le moyen des autres ».

Le secret de la domination réside en effet dans la complicité des « tyranneaux », ces « mange-peuples » qui soutiennent le tyran pour satisfaire leur ambition et leur cupidité.

Chaque maillon de la chaîne accepte d'être tyrannisé pour pouvoir tyranniser à son tour, démultipliant ainsi la relation de domination jusqu'à enserrer toute la population dans le filet du tyran. • L'homme moderne vit sous la protection de lois qui lui garantissent la propriété de ses biens et les fruits de son travail.

C'est la civilisation qui a libéré les hommes.

Pour Hannah Arendt, dans La Condition de l'homme moderne, la pensée moderne consiste à croire que la liberté de l'homme passe par le travail, c'est-à-dire l'accès au confort matériel de tous et la libération par rapport à l'emprise de la nature.

D'où l'impossibilité de sortir de cette naturalité dans la mesure où ce sont des besoins éphémères, à travers la consommation, qui plongent l'homme dans un cycle répétitif. Domination et consentement • Les fondateurs de la pensée politique moderne, qui font reposer la légitimité* du pouvoir politique sur la notion de consentement, mettent en évidence la contradiction qu'il y aurait à consentir à son propre esclavage.

Pour Rousseau, le contrat social ne peut être un contrat de dupes, comme celui où le roi s'engage à commander et le peuple à obéir.

L'idée de souveraineté du peuple va de pair avec l'impossibilité d'aliéner sa liberté, car ce serait « perdre sa qualité d'homme » et un contrat qui prive une des parties de sa liberté est nul.

La notion de liberté politique implique que le rapport à la loi ne peut être que le rapport à sa propre volonté. D'une servitude volontaire à l'utopie. Un opuscule — qui ne cesse depuis de hanter la philosophie politique à chaque période critique de l'histoire — se déploie alors dans la provocation et le refus.

En saisissant son lecteur au plus vif de ses croyances politiques avec un ouvrage qui n'est pourtant pas simplement un pamphlet antimonarchique local, Étienne de La Boétie (1530-1563) le contraint à s'interroger sur le pouvoir qu'il endure, en même temps que sur sa soumission aux catégories de l'opinion.

Le Discours sur la servitude volontaire (1548, dit aussi le Contr'Un) ne se contente pas d'affirmer que la politique présente est intolérable, il précise encore que l'homme aime la servitude qui lui assigne sa place, à l'encontre de sa liberté politique. Surprenant tout le monde (y compris son ami Montaigne, qu'une telle lecture bouleverse), l'auteur ne souhaite nullement fonder le pouvoir (en Dieu, en nature, dans la psychologie humaine) en utilisant encore des catégories. »

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