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En quel sens peut-on parler de déterminisme psychologique ?

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« En quel sens peut-on parler de déterminisme psychologique ? INTRODUCTION.

— Se fondant sur l'observation intérieure, l'homme est fermement convaincu que certaines de ses décisions sont libres, et cette conviction est confirmée par le spectacle de la société humaine, dont l'organisation suppose la liberté : si l'homme n'était libre, de quel droit le tenir pour responsable de ses actions, lui manifester estime ou mépris, le récompenser ou le punir ? Mais si la liberté se présente à nous comme un fait d'expérience, ce fait heurte violemment la raison.

Un principe fondamental de la raison est que tout a sa raison d'être, que les mêmes causes, dans les mêmes circonstances, produisent les mêmes effets.

L'acte libre semble contredire ce principe : la dernière raison de mon activité libre est que je veux, et mon vouloir semble bien ne pas avoir de raison; si je puis choisir librement, dans les mêmes circonstances, les mêmes causes ne produiront pas toujours les mêmes effets. Ne pouvant admettre une telle exception aux lois essentielles de l'esprit, certains philosophes ont appliqué à l'activité spirituelle de l'homme le principe du déterminisme universellement admis pour, la matière.

C'est la théorie qu'on peut appeler déterminisme psychologique. Discutant cette conception, nous allons voir en quel sens on peut parler de déterminisme psychologique. I.

Il n'y a pas de déterminisme psychologique en ce sens que tous les événements de notre vie intérieure dépendraient rigoureusement de leurs antécédents, en sorte que, ces antécédents étant donnés, il n 'y a plus qu'une résultante, ou plutôt qu'une chaîne de résultantes possible. A.

Bien qu'étroitement dépendante à son égard, la vie psychologique n'est pas rigoureusement déterminée par les divers éléments du monde extérieur avec lesquels elle est en relation. a) Elle n'est pas un simple reflet, de l'activité du corps, comme le prétend le déterminisme physiologique, ainsi nommé d'après l'antécédent qui est considéré comme déterminant de la vie psychologique.

En effet, si l'état de mon corps influe sur mes sentiments et sur mes idées, je puis aussi, par un choix délibéré, agir sur mon corps; par là, j'agis indirectement sur les états psychiques qui sont sous son influence et soustrais ainsi ma vie intérieure au déterminisme de la vie organique. b) Elle n'est pas rigoureusement commandée par le milieu social.

Il y a peut-être un déterminisme social, en ce sens que, dans une société donnée, les mêmes phénomènes se reproduisent avec une constance régulière.

Mais il ne s'ensuit pas que l'activité psychique de l'individu soit, dans chaque cas particulier, déterminée par les conditions sociales : si les statistiques nous permettent de prévoir combien il y aura de suicides en France cette année, rien ne nous permet de prédire qui décidera de se suicider. B.

Quoique tout fait psychique s'explique par ses antécédents, la vie psychique n'est pas rigoureusement déterminée par les divers éléments du monde intérieur.

Tout notre avenir psychique n'est pas dans notre état psychique actuel, ainsi que le prétend la théorie à qui on réserve communément l'appellation de déterminisme psychologique parce qu'elle place dans les antécédents psychologiques la cause déterminante de toutes nos décisions. a) Les désirs et, d'une façon plus générale, l'affectivité, constituent le ressort indispensable de l'action : celui qui n'éprouverait aucun attrait ou aucune répulsion resterait indéfiniment inerte.

Bien plus, sur nos désirs ou sur nos sentiments, nous ne pouvons directement rien : ce sont des forces aussi brutales que le vent ou le feu.

Mais nous avons sur eux un pouvoir indirect : en modifiant nos représentations, nous pouvons agir sur notre affectivité. b) Les représentations, elles aussi, sont un élément nécessaire de l'activité volontaire comme, d'ailleurs, de l'affectivité : tout sentiment implique une certaine connaissance.

Mais les représentations ne s'imposent pas nécessairement à notre esprit : nous pouvons nous attarder à la considération du plaisir que nous éprouverions à un bon goûter dans une pâtisserie ou, au contraire, écarter ces images et fixer notre attention sur la beauté d'un geste désintéressé et altruiste.

Le pouvoir d'orienter notre attention ou de la maintenir, introduit dans la vie de l'esprit une certaine indétermination : elle y laisse cependant un vrai déterminisme, celui qu'exige la raison. II.

Il y a un déterminisme psychologique en ce sens que toutes nos décisions ont leur raison suffisante dans leurs antécédents immédiats. A.

Toutes nos décisions ont une raison suffisante : celui qui aurait de notre vie intérieure une connaissance exhaustive pourrait expliquer chacun de nos choix sans faire appel au mystérieux coup d'Etat que constituerait un : « je veux, parce que je veux.

» a) On peut l'affirmer a priori : un acte sans raison suffisante est impensable et, par suite, sous peine de renoncer à penser, impossible. b) A posteriori, l'introspection confirme l'assertion du philosophe.

Qui sait s'observer trouve si bien les motifs de ses décisions qu'il en vient à se demander si ces motifs ne l'ont, pas déterminé et s'il a choisi librement. B.

Mais il est des antécédents, il est des raisons qui dépendent d'un choix de celui qui agit, et ce choix ne viole pas le principe de raison suffisante. a) Si mon état organique et mes états affectifs sont indépendants de moi, dans une grande mesure, je suis maître de mes idées.

En particulier, je puis choisir entre la considération d'intérêts vulgaires ou égoïstes et celle d'intérêts supérieurs ou désintéressés, et par là agir sur mes décisions. b) Ce choix ne viole pas le principe de raison suffisante, car j'agis toujours suivant mon plus grand intérêt.

On ne peut pas dire, en effet, que le plaisir du goût l'emporte sur la joie du dévouement.

Ce sont des valeurs qu'on ne saurait comparer, et l'appréciation comparative portée sur elles dépend du point de vue où se place celui qui juge, de son niveau moral. CONCLUSION.

— Si la liberté reste un fait mystérieux, elle ne constitue point un scandale ou une contradiction.

Elle s'explique, en définitive, par la dualité de notre nature.

Matière et esprit, nous pouvons nous élever du niveau de la matière à celui de l'esprit : c'est ce pouvoir qui constitue la liberté.

Le plus grand mystère n'est pas dans le fait de la liberté, mais dans l'union du corps et de l'âme.. »

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