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En quel sens peut-on dire que nos paroles nous trahissent ?

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« Partie du programme abordée : Le langage. Analyse du sujet : tin sujet très classique interrogeant sur l'adéquation du langage au propos volontaire et la personnalité profonde du locuteur. Conseils pratiques : Évitez de faire de ce sujet une simple question de cours sur le lapsus selon Freud, ou les actes manqués en général.

Élargissez votre réflexion et demandez-vous en qui une certaine façon de s'exprimer, ou un certain style peuvent êtrte représentatifs ou non d'une personnalité. Bibliographie : ARISTOTE, De l'interprétation, Vrin. FREUD, Introduction d la psychanalyse, Payot. SAUSSURE, Cours de linguistique générale, Fayot. Difficulté du sujet : ** Nature du sujet : Classique. CORRECTION Parler, c'est dire ce que l'on pense, c'est-à-dire rendre publiques nos pensées.

De ce point de vue, les paroles que nous proférons transmettent un message dont nous fixons nous-mêmes le sens.

Dès lors, comment penser que nos paroles puissent, en un sens, nous trahir ? D'abord, on peut s'interroger sur les conditions dans lesquelles nous parlons : sous le coup de la colère, je dis des choses que je ne pense pas (« mes paroles dépassent ma pensée ») ou bien que je ne voulais pas dire.

La trahison ce joue alors dans le décalage entre ce que je pense et ce que je dis, c'est-à-dire par l'absence de maîtrise dans ce que je dis. Dès lors, nous devons remarquer deux choses : d'une part, parler, c'est parler à quelqu'un.

Autrement dit, ce que je dis en susceptible d'être interprété par autrui : le sens de mes paroles se fixent aussi dans leur réception.

Il ne s'agit pas de dire qu'autrui comprend mal mes propos, mais que mes paroles disent toujours plus que ce que je pense y mettre.

La parole est donc le lieu d'un excès de sens.

D'autre part, depuis les travaux de la psychanalyse, il n'est plus possible de tenir la pensée pour maîtresse d'elle-même : ainsi, ce que nous disons révèle toujours plus que ce que la pensée elle-même ne cherche à révéler dans la parole.

C'est le cas, par exemple, du lapsus.

Là encore, la parole est soumise à l'excès de sens.

C'est cet excès que nous devons examiner, puisque nous nous demandons bien en quoi nos paroles, et non nous-mêmes, nous trahissent lorsque nous parlons. I – La parole et la pensée publique Un problème extrêmement débattu en philosophie de l'esprit reste celui sur l'antériorité de la parole ou de la pensée : pensons-nous avant de parler ou bien parlons-nous pour penser ? Nous n'avons pas ici à répondre à une telle question, aussi, pour plus de commodité, nous tiendrons pour acquis le fait que nous parlons couramment pour exprimer nos pensées.

Puisque nous sommes capables de réfléchir en silence, la parole est le moyen que nous empruntons pour rendre nos pensées publiques.

Si nous nous sentons heureux ou triste, nous dirons respectivement « Je suis heureux » ou « Je suis triste ».

La bonne expression de la pensée passe le bon choix de mots, c'est-à-dire par l'adéquation entre ce que je pense et ce que je dis.

Dès lors, si je m'exprime mal, si mes paroles sont confuses, la situation de communication est altérée et l'on ne me comprend pas ou peu.

« Que vouliez-vous dire ? », me demandera-t-on. De ce point de vue, nos paroles ne nous trahissent pas, mais nous nous exprimons mal, c'est-à-dire nous faisons un mauvais usage de la parole.

Toutefois, cette conception simplifie à l'extrême les choses, car elle revendique une maîtrise totale de la parole par la pensée.

Or, si la pensée se rend publique par la parole, elle se soumet alors à un ensemble de conditions qui ne dépendent plus d'elle.

Cette idée s'appuie la constatation que la manière dont nous parlons trahit ou laisse toujours transparaître quelque chose de nous.

Les niveaux de langage en sont un exemple : ce n'est pas la même chose que de dire « C'est de la balle » (argot), « C'est chouette » (langage familier) ou « C'est intéressant » (langage soutenu) ; en l'entendant, nous savons alors que nous n'avons pas affaire à la même personne.

Ensuite, le langage possède des ressources de sens qui excèdent les mots employés : c'est le cas de l'ironie.

Par exemple, si dans une situation où je m'ennuie profondément, je dis sur un certain ton : « C'est génial », on comprendra alors que je m'ennuie.

Ce que signifie mes paroles va donc au-delà de ce que je dis, puisqu'en disant « C'est génial » je veux dire « C'est nul ».

Dès lors, nos paroles, parce qu'elles se détachent de la pensée, nous trahissent toujours, c'est-à-dire révèlent quelque chose de nous. II – La parole et l'inconscient Au niveau que nous avons atteint, nous avons commencé à remettre en question l'idéal d'une maîtrise de la parole par la pensée, compris sous la forme : ce que je dis signifie/exprime ce que je pense.

Pour continuer à battre en brèche cette idée, nous devons non plus considérer les conditions de la parole (détachée de la pensée), mais le rapport de la pensée à elle-même.

Pour ce faire, on peut observer que certaines situations nous dépossèdent de fait de nous-mêmes, au point de nous faire dire « ce que nous ne pensions pas ».

Or, dans ces cas-là, dit-on ce. »

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