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En quel sens peut-on dire que "Le mieux est l'ennemi du bien" ?

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« Introduction : La société de consommation dans laquelle nous vivons aujourd'hui nous invite à vouloir toujours plus, à désirer toujours mieux, et, le marché créant sans cesse de nouveaux besoins à des fins commerciales, ils semble que nous soyons en permanence insatisfaits et obsédé par la recherche du « mieux ».

A peine la dernière génération de téléphone mobile est-elle créée qu'elle est déjà dépassée par un appareil toujours « mieux », c'est-à-dire, plus performant, plus beau, plus pratiques, etc.

Le mieux, c'est ce qui est supérieur à tout points de vue à la chose à laquelle il se rapporte.

C ertes, la notion de « mieux » est un facteur indéniable de progrès, et apparaît d'abord sous un jour positif.

Et pourtant, le mieux est très différent du « bien », et à divers égard, s'y oppose même fondamentalement. 1ère partie : L'idée de mieux nous entraîne sur le terrain de la concurrence et de la compétition, et est susceptible d'engendrer un état d'hostilité entre les individus opposé à l'idée de bien. - L'idée de mieux est liée au désir de perfectibilité intrinsèque à l'homme.

C e qui est bien, c'est ce qui est satisfaisant, accomplit, « comme il faut », tandis que ce qui peut être mieux est ce qui peut être amélioré, qui n'est pas achevé, et comporte une certaine imperfection.

Là où l'idée de bien peut être dangereuse, et opposée au bien, c'est quand elle entraîne une compétition entre les individus.

Persuadé qu'il vaut mieux que les autres, qu'il est mieux que les autres, l'individus cherche à affirmer sa domination sur autrui et entre dans un état de concurrence avec ses semblables.

T. Hobbes explique dans la première partie du Léviathan (Sur l'homme), que les hommes ont tous un orgueil qui les porte à se croire supérieurs aux autres, et c'est ce qui leurs donne l'assurance de s'y opposer.

C'est parce qu'ils ne se pensent pas égaux entre eux qu'ils osent entrer en conflit, persuadés qu'ils pourront vaincre leur adversaire, car ils sont « meilleurs » qu'eux.

Le conflit n'est pas forcément physique, mais peut aussi être intellectuel.

Il semble d'après la théorie hobbesienne que l'idée de mieux donne lieu à l'idée d'inégalité de puissance, et entraîne ainsi des comportements combattants et agressifs qui risquent d'être néfaste au bien, car ils brisent l'entente et l'harmonie entre les êtres. 2ème partie : L'idée de mieux en tant que liée à l'insatisfaction et au désir insatiable conduit au vice et non a la vertu. - Désirer mieux, c'est ne pas se satisfaire de sa situation, c'est chercher à obtenir davantage pour accroître son plaisir.

Or la notion de mieux laisse à penser que le plaisir peut toujours être augmenté, c'est donc contraire à l'idée de bien comme fin. Pour Aristote (Ethique à Nicomaque), le bien est la fin visée par toute action, c'est ce qui doit diriger les hommes dans toute leur conduite.

Mais si le mieux n'a pas de fin, puisque cette lotion porte celle de perfectibilité infinie, elle ne peut être identique au bien.

Le mieux est l'ennemi du bien en tant qu'il n'a pas de fin, et ne peut être un véritable principe d'action.

Le mieux est trompeur car il porte alors l'homme vers le vice, en le poussant à vouloir toujours plus et à sombrer dans le cercle vicieux du désir insatiable. En effet, pour Aristote, ce qui motive l'homme à agir, c'est la gloire, la richesse, ou le plaisir.

L'homme est naturellement porté à rechercher ces qualités, et ce désir devient un vice lorsqu'il tourne à l'obsession incontrôlable et prend des proportions démesurées, parce que l'homme cherche toujours mieux, et n'est pas parvenu à s'arrêter au juste milieu, qui est la vertu, et donc l'action qui vise le bien.

L'idée de mieux entraîne l'excès, et l'excès seul en lui-même est un vice, pour Aristote et quand bien même un homme ne ferait de mal à personne en recherchant la gloire, l'argent ou le plaisir, le penchant pour ces vices suffit à le condamner.

Pour A ristote, il est indéniable qu'il existe un certain type d'hommes qui veulent le mal, ce sont les hommes vicieux, qui se vautrent dans le vice sans autre conscience morale, en se laissant emporter par leurs passions et n'écoutant qu'elles, tandis que se trouve à l'opposé l'homme vertueux, qui reste droit et tempéré, capable de juger du juste milieu, et qui par sa conduite seule témoigne d'une volonté à vouloir le bien. Dans cette acception de la nature dualiste de l'homme, où le mal se définit par opposition au bien, le vice apparaît comme une faiblesse de la volonté humaine qui se laisse emporter par ses passions qui l'invitent à vouloir toujours mieux, et ne parvient à se contraindre et à se résigner à une conduite vertueuse. 3ème partie : Le désir de mieux est une inclination sensible et non pas un acte moral véritable. - Pour Kant ( Fondation de la métaphysique des mœurs), seul le devoir moral nous porte vers le bien véritable.

Par conséquent, si le désir de « mieux » peut nous porter à une conduite vertueuse et conforme au devoir, cette conduite ne sera jamais acte moral véritable, et en tant qu'inclination sensible, elle risque de s'accompagner d'autres penchants tout à fait mauvais, telle que l'ambition par exemple (quand bien même elle revêt une apparence morale).

Le désir de mieux est donc dans la morale kantienne une détermination sensible et égoïste qui prend le dessus sur la véritable morale, qui est seule le vrai bien, et dirige l'individu.

Si l'idée de mieux peut entraîner des actions conformes à la loi morale, elle peut aussi s'en écarter, et n'est nullement garante du bien véritable (seul le respect de la loi morale l'est). En ce sens, le mieux est susceptible d'être l'ennemi du bien.

En tant que le mieux engendre un désir, il ne peut être qu'une inclination sensible pour Kant et donc une détermination qui empêche la liberté morale d'avoir lieu, et barre l'accès au bien véritable, c'est-à-dire à l'acte moral véritable.

Le principe de moralité est indépendant de tout désir sensible, et se situe du côté de la loi et de l'obligation, pour Kant.

A l'opposé de toute morale du plaisir (hédonisme) ou du bonheur (eudémonisme), Kant refuse que le désir, et par conséquent le « mieux », soit principe de bien, et ne conçoit le bien que dans l'obéissance à la loi morale. Conclusion : Si l'idée de mieux peut conduire l'homme au bien, ce n'est en vertu d'aucune nécessité.

Bien au contraire, à de nombreux égards, le mieux semble conduire à des actions opposées au bien.

D'abord, penser l'existence du mieux, c'est introduire un rapport d'inégalité entre les choses et les êtres, et prendre le risque d'entrer en conflit avec autrui. Ensuite, parce que cette notion insère dans l'esprit de l'homme une insatisfaction et une frustration jamais comblées, le mieux, par son inachèvement, s'oppose au bien qui se donne comme fin, et est susceptible de porter les hommes au vice, c'est-à-dire au désir excessif de bien, qui devient alors un mal.

Enfin, le mieux est l'ennemi du bien en tant qu'il n'est pas un principe moral mais une inclination sensible liée au désir, qui ne sera donc jamais garante de l'acte moral véritable, et donc du bien suprême.. »

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