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Douter est-ce renoncer à la vérité?

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« Introduction Le doute est une attitude ordinaire de l'esprit, quand il se reconnaît inapte à juger ; le jaloux doute, de même que l'éternel indécis, ou le scientifique, conscient de la difficulté de valider une hypothèse.

Aussi différents que soient ces trois sortes de doute, elles manifestent chacune une forme d'incertitude donc une certaine distance vis-à-vis de la vérité.

Mais s'agit-il pour autant d'un renoncement à la vérité ? Le problème philosophique qui apparaît ici est celui de la définition de la vérité et de moyens par lesquels l'esprit peut atteindre : se donne-t-elle directement à l'esprit ou bien doit-on l'inventer, l'élaborer ? Peut-il la reconnaître ou le risque de l'erreur exige-t-il de douter avant de juger ? C'est le problème que nous étudierons en montrant, dans un premier temps, que le doute ordinaire manifeste l'impuissance de l'esprit a atteindre la certitude, puis, dans un deuxième temps, que le renoncement à la vérité ne mène pas forcément au doute, avant de nous demander si le doute ne serait pas la seule manière pour l'esprit de poursuivre son idéal de vérité. I. Douter, ce n'est pas renoncer à la vérité/à l'idée de vérité 1. Si l'on se place au plan de l'expérience commune, le jaloux, l'indécis, l'inquiet...

doutent parce qu'ils n'ont pas de certitude (nb : la certitude = la vérité d'un point de vue subjectif), mais ils aspirent à la vérité. 2. Si l'on se place au plan philosophique, le sceptique doute non parce qu'il considère que la vérité n'existe pas mais parce qu'elle lui semble définitivement hors d'atteinte ; il renonce à la certitude, non à la vérité. 3. Le doute manifeste dans tous ces cas l'impuissance et la faiblesse de la raison incapable de se déterminer avec certitude. Transition : dans ces différentes formes de doute, l'idée de vérité est maintenue mais de manière négative, comme une réalité idéale à laquelle la raison n'a accès que partiellement.

Mais renoncer, n'est-ce pas finalement renoncer à la vérité elle-même ? II. Renoncer à dire la vérité c'est renoncer à la vérité En effet, 1. Il n'y a de vérité que dans le jugement c'est-à-dire le langage ; renoncer à dire la vérité, c'est renoncer à la vérité 2. Renoncer à l'idéale de vérité, ce n'est pas douter ; c'est renoncé à rechercher la vérité, à penser, à s'interroger, à reconnaître la pensée rationnelle comme capable d'élaborer des vérités universelles. 3. Renoncer à la recherche de la vérité parce que toute certitude serait hors d'atteinte serait faire droit au scepticisme ; et au-delà, au relativisme, qui représente le véritable renoncement à la vérité (puisque, pour le relativisme, il n'y a pas de critère absolu du vrai ou du faux, on peut tout affirmer et tout nier).

C'est renoncer à faire de la vérité une valeur, renoncer à l'idée même de vérité. Transition : On vient de voir que l'idée d'une vérité substantielle (c'est-à-dire existant indépendamment de la raison humaine et que l'homme devrait découvrir) décourageait la recherche de la vérité et finissait par ruiner l'idée même de vérité.

Mais entre le renoncement à dire la vérité (I) et le renoncement à l'idée de vérité (II) n'y a-t-il pas place pour une autre conception de la vérité face à laquelle l'usage du doute témoignerait non pas de l'impuissance mais de la puissance de la raison ? III. Douter ce n'est pas renoncer à la vérité : le doute comme moyen de découvrir la vérité (à condition de définir la vérité) En effet, 1. La vérité consiste en une somme de jugements élaborés par les hommes quand ils font usage de leur raison (est vrai un énoncé ayant une valeur universelle) 2. C'est donc l'usage de la raison qui me permet la recherche de la vérité : or, quand la raison manifeste-t-elle sa puissance ? Non pas quand elle affirme (dogmatisme) mais quand elle met à distance les évidences des sens et de la culture pour les soumettre à un examen critique (au doute). 3. Ainsi conçu, le doute (critique et provisoire) est le seul moyen d'atteindre des points de vérité, par la découverte de critères de vérité et par la visée de l'universel, la vérité étant par définition hors d'atteinte (rappel du caractère partielle parce que progressif de l'élaboration de la vérité).. »

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