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Faut-il renoncer à chercher la vérité ?

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« AIDE ENVOYEE PAR L'ELEVE: Il s'agit ici de s'interroger sur la vérité.

Plus précisément, on vous demande de réfléchir au prix de la recherche de la vérité.

Faut-il la rechercher coûte que coûte, c'est-à-dire, indépendamment des conséquences de cette recherche ? Est-ce dans ce domaine, la fin justifie les moyens ? Vous pouvez donc partir de l'expression « coûte que coûte » qui signifie peu importe les conséquences.

Lorsqu'on dit que l'on veut obtenir une chose coûte que coûte, on signifie que tous les moyens sont bons et que cette chose est alors la plus importante.

La question est donc celle de la valeur.

Se demander s'il faut chercher la vérité coûte que coûte, c'est s'interroger à savoir si la vérité n'est pas la valeur suprême.

Au demeurant, on peut penser que c'est la vérité qui importe plus que tout.

Même si elle peut occasionner de la souffrance, même si elle peut décevoir ou inquiéter, ne faut-il pas toujours préférer la vérité au mensonge ou à l'illusion ? Dans un premier temps, vous pouvez donc montrer la valeur de la vérité.

Ici, vous pouvez penser aux analyses de Platon par exemple.

Reportez-vous au texte de la République, livre 7 lorsque Platon montre en quoi la vérité est une valeur absolue.

Même si on doit souffrir (le prisonnier que l'on détache souffre), même si on risque de mourir (lorsqu'il redescend dans la caverne les autres veulent le tuer), la vérité est ce qu'on doit chercher à atteindre.

Certes, souvent nous désirons savoir, mais même lorsque nous préférons l'ignorance ou le mensonge ou encore l'illusion, la vérité semble s'imposer comme la seule valeur.

Mais n'y a-t-il pas certaines circonstances où le mensonge est préférable à la vérité ? Parfois, une vérité peut entraîner plus de malheur et de destruction que l'illusion à laquelle elle s'oppose.

On peut aussi, au nom de la quête de la vérité, sacrifier un certain nombre d'impératifs moraux.

Vous devez donc déterminer à quelles conditions la vérité doit être dévoilée et problématiser son rapport à des questions de nature éthique.

Ne peut-on pas parfois choisir le bonheur contre la vérité ? Ne peut-on pas choisir non plus parfois la vie contre la vérité.

Vous pouvez opposer aux analyses de Platon, celles de Nietzsche par exemple.

De même, si vous vous interrogez sur la question du mensonge, vous pouvez opposer les analyses de Kant sur le refus d'un droit de mentir à celles de Nietzsche.

Ce dernier va montrer à chaque fois que cette valeur accordée à la vérité se fait au détriment de la vie.

Quoi qu'il en soit, c'est davantage dans la vérité que nous pouvons nous épanouir et surtout agir et puis, on ne voit pas bien comment la préférence au mensonge pourrait constituer une règle viable.

L'erreur, la croyance, la superstition, l'illusion ne produisent rien d'autre qu'un enfermement du sujet sur lui-même.

Pourtant, s'agit-il de faire de la vérité la valeur absolue ? La vérité est inconnaissable Le scepticisme est défini par Lalande comme : « La doctrine d'après laquelle l'esprit humain ne peut atteindre avec certitude aucune vérité ».

L'esprit se déclare incapable d'affirmer ou de nier quoi que ce soit. Enésidème avait groupé les arguments sous dix titres ou « tropes que Sexus Empiricus réduisit à cinq.

Il faut connaître ces arguments qu'on retrouve chez Montaigne, chez Pascal et chez Anatole France. (a) La contradiction des opinions. Les sophistes grecs frappés par la contradiction des opinions des philosophes (par exemple : Héraclite disait que le réel n'est que changement, alors que Parménide niait le changement) aboutissent à la conclusion pessimiste que la vérité (qui devrait être universelle) est inaccessible.

Les sceptiques ont été parfois de grands voyageurs qui, à force d'avoir vu les gens les plus divers professer des opinions contradictoires, adopter des valeurs différentes, ne croient plus à rien.

Pyrrhon avait par exemple accompagné le conquérant Alexandre dans un grand nombre de ses expéditions.

Montaigne avait visité l'Allemagne, l'Italie, mais avait surtout dans sa « librairie » voyagé parmi des systèmes philosophiques innombrables et tous différents.

Pascal reprend les thèmes de Pyrrhon et de Montaigne : « Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà.

» (b) La régression à l'infini. Une vérité ne peut pas être acceptée sans preuves comme telle car il n'existe pas un signe du vrai « comparable à la marque imprimée sur le corps des esclaves et qui permet de les reconnaître quand ils sont en fuite.

» Mais si je propose une preuve pour une affirmation, le sceptique me dira « Prouve ta preuve ».

ainsi la preuve qu'on apporte pour garantir l'affirmation a besoin d'une autre preuve et celle-ci d'une autre à l'infini. Pour connaître la moindre chose je suis d'autre part contraint de remonter à l'infini, c'est-à-dire de mettre ce donné en rapport avec une infinité d'autres faits.

Car chaque chose est relative à toutes les autres et pour connaître le moindre objet il faudrait connaître son rapport avec tout l'univers.

Nous ne connaissons le tout de rien, ce qui revient à ne connaître rien du tout. (c) La nécessité d'accepter des postulats invérifiables. Ne pouvant remonter de preuve en preuve à l'infini, l'esprit accepte toujours sans démonstration un point de départ. »

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