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Distinguer le rêve de la veille ?

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« Problématique: Songez avant même de traiter ce sujet au caractère trompeur de certains rêves: si, en rêvant, je peux croire que je suis éveillé, puis-je être certain que, lorsque je crois que je suis éveillé et que ce je perçois est réel, je ne suis pas en fait en train de dormir ? Dans un premier temps, développez donc l'ensemble des arguments qui permettent de mettre en doute le caractère réel des objets perçus: il n'y a rien de plus dans ceux-ci que des sensations, des couleurs, des formes, des sons... Or, tout cela peut se produire en rêve. Pourtant, n'y a-t-il pas certains critères au sein même de nos perceptions, à leur durée...

Cela suggère que la solution de ce doute sceptique ne consiste peut-être pas à savoir avec certitude si des objets extérieurs correspondent à nos perceptions, mais plutôt à distinguer parmi nos perceptions celles qui sont réelles de celles qui ne le sont pas: la régularité est alors le signe de la réalité, qu'il y ait ou non des objets hors de notre perception. Ce que vous savez Non, vous ne rêvez pas ! et vous n'avez pas besoin de la philosophie pour vous en apercevoir.

Cela dit, vous pouvez vous demander comment vous le savez, et là commence peut-être la difficulté. .

C'est que, quand on rêve, on ne sait pas que l'on rêve, sous peine de réveil immédiat.

Rêver implique donc une forme d'illusion naturelle.

Or, le propre de l'illusion est d'ignorer qu'elle est illusion.

Alors, quand nous savons être dans le monde réel, sans pouvoir pour autant dire comment nous le savons, qu'est-ce qui nous permet de dire que ce n'est pas une illusion ? Et pourtant, ce n'en est pas une ! Le rêve existe vraiment.

A sa manière, il est donc réel, même si ce que l'on y vit ne l'est pas.

Et vivre dans le « monde réel », c'est parfois savoir composer avec ses rêves, voire avec ceux d'autrui. Ce qu'il faut comprendre Le mot « rêve » est susceptible de plusieurs interprétations.

Il convient cependant de le prendre dans son sens strict.

Il pourrait être tentant, pour fabriquer une antithèse, de considérer que l'action humaine trouve parfois sa motivation dans l'imagination débridée, et que nous commençons par rêver avant d'agir.

Ainsi, il serait aisé de démontrer que la réalité rejoint parfois, au moins en partie, la fiction de projets apparemment irréalisables.

Mais ce n'est pas le sujet.

Que le mot « rêve » soit ainsi susceptible d'extension n'est pas insignifiant, et l'on peut s'en servir.

Mais, au moins au début du devoir, il est préférable de s'en tenir à la question classique des critères permettant de différencier le rêve de la réalité. La notion de réalité constitue la véritable inconnue du sujet, il ne faut donc pas la traiter comme si elle allait de soi.

C'est même seulement par ce biais que l'on peut donner de l'intérêt et du contenu à la dissertation.

Considérez donc le sujet comme une variante particulière de la question : « qu'est-ce qui est vraiment réel ? » Une référence utile Le sujet fait penser à ce que l'on appelle l'argument du rêve dans les Méditations métaphysiques de René Descartes. Sa conclusion est surprenante : il n'existe aucun critère permettant de distinguer objectivement le rêve de la réalité.

Mais il ne faut pas se contenter de cela. Tout d'abord, il convient de préciser le contexte dans lequel se déploie l'argument.

Descartes entreprend de remettre en question tous les fondements de la connaissance, afin de voir s'il peut subsister quelque chose qui soit absolument certain.

Or, ce qui est ordinairement le plus convaincant, c'est ce que l'on reçoit par l'entremise des sens.

La question est donc d'abord celle-ci : puis-je affirmer avec certitude la vérité de mes sensations ? Ou bien, ce qui revient au même, puis-je douter de ce que je perçois sans me contredire ? Il semble bien que le doute en cette matière soit déraisonnable.

Croire que ce que l'on voit n'est pas, n'est-ce pas se croire fou, et se croire fou, n'est-ce pas se donner tort ? C'est à ce moment de la réflexion que Descartes fait intervenir l'expérience du rêve.

Lorsque je rêve, je crois en la réalité de ce à quoi je rêve.

Et, évidemment, lorsque je ne rêve pas, je crois en la réalité de ce qui m'entoure.

Ainsi donc, conclut Descartes, je me trouve dans l'incapacité d'établir un critère objectif de la réalité de mes perceptions, « et mon étonnement est tel, qu'il est presque capable de me persuader que je dors » (remarquez le « presque »). Que retenir de la référence ? Attention tout d'abord de ne pas l'exagérer jusqu'au contresens : Descartes ne prétend pas que la vie ne soit qu'un rêve, ni même que l'on soit incapable de faire la différence entre le rêve et la veille, mais seulement que l'on ne peut pas donner de preuves démonstratives de cette différence.

La réalité est donc d'abord quelque chose qui apparaît à une conscience sans qu'il soit possible à cette dernière d'aller au-delà. Comment est la réalité en soi, indépendamment de la façon dont elle m'apparaît ? Cette question est insoluble.

Ce que Descartes ne dit pas, c'est qu'entre le rêve et la veille se situe une phase de réveil, et que c'est elle qui vient dénoncer l'illusion du rêve.

Mais, dès lors que de la réalité on ne se réveille pas, elle pourrait être illusoire sans qu'il y ait moyen de le savoir. Quelle stratégie adopter ? Il faut tout d'abord trouver le ton juste : d'une part, il faut remettre en question l'évidence naïve, pour qui le réel est le réel, d'une façon absolue et incontestable ; d'autre part, il faut éviter toute tentation de délire.

Pour cela, le bon point de vue est celui de la conscience : efforcez-vous d'envisager le sujet en ayant toujours à l'esprit non pas. »

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