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Par quels caractères précis pensez-vous qu'on puisse distinguer l'état de veille et l'état de rêve ?

Extrait du document

« Observation.

— La question est posée de façon bien ambiguë.

Qui doit-on entendre par «on »? Est-ce le sujet à l'état éveillé ou dans l'état de rêve ? Ou bien est-ce le psychologue ? Nous adopterons cette seconde interprétation, quitte à dire, pour terminer, quelques mots de la première. Position de la question.

L'état de veille et l'état de rêve se distinguent, du point de vue psychologique, par des caractères différents.

Ce sont ces caractères que nous essaierons de déterminer.

Nous nous demanderons ensuite dans quelle mesure le sujet lui-même peut en être conscient et distinguer ainsi s'il rêve ou est éveillé. I.

La structure psychologique de la veille et du rêve. A.

— On peut dire que ce qui caractérise l'état de veille, c'est « l'attention au réel ».

La pensée de la veille est une pensée structurée en relation avec le monde des objets, et cette structure se marque par trois traits principaux : — 1° distinction du subjectif et de l'objectif, de l'imaginaire et du réel; — 2° organisation des objets perçus dans les cadres de l'espace et du temps objectifs; — 3° structuration logique qui implique une certaine cohérence et qui manifeste l'intervention de l'intelligence.

Tous ces caractères sont d'ailleurs en rapport avec le fait que la pensée de l'état de veille est étroitement liée avec notre action sur les choses. B.

— Le rêve se caractérise au contraire par un état mental qui a « entièrement perdu la fonction du réel » et qui est prisonnier de l'imaginaire, qui ne peut se libérer de « l'attitude imageante » (SARTRE).

C'est un état d'indifférence : — 1° à la distinction du subjectif et de l'objectif; — 2° aux rapports objectifs d'espace et de temps; — 3° à la cohérence logique.

C'est qu'en effet la pensée onirique est une pensée qui a rompu ses liens avec l'action : « Dormir, c'est se désintéresser » (BERGsoN). II.

La conscience onirique. Mais dans quelle mesure ces caractères nous permettent-ils, quand nous rêvons, de distinguer notre état de l'état de veille ? Précisément parce que le rêve est, comme a dit SARTRE, « une conscience qui ne peut sortir de l'attitude imageante », cette distinction nous est alors à peu près impossible.

Coupée du réel, cette « conscience » ne prend pas conscience de sa subjectivité.

Elle est indifférente aux bouleversements des rapports spatiaux et temporels. Enfin son incohérence logique n'est telle que pour la pensée éveillée.

Le rêve possède d'ailleurs, à sa manière, une certaine unité, fournie le plus souvent par un thème affectif : autre raison pour que la contradiction ne lui apparaisse pas.

— C'est seulement dans certains cas assez rares que nous avons le sentiment que nous rêvons, que tout cela n'a pas d'importance, que c'est indifférent.

Mais cette conscience ne se produit guère que lorsque nous sommes tout près de nous éveiller.

Et c'est là, au fond, du point de vue subjectif, l'unique critère : nous nous éveillons du rêve, et non inversement; l'univers de la veille enveloppe celui du rêve ou du moins le commande. Conclusion.

Les critères qui distinguent l'état de veille et l'état de rêve sont donc objectivement très nets.

Mais ils restent ignorés de la connaissance onirique.. »

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