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Distinguer deux notions : observation et expérience ?

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« Avec d'Alembert (article « Expérimental » de l'Encyclopédie), le XVIIIe siècle considère l'observation et l'expérience comme les deux grands moyens de la science expérimentale. L'observation recueille les données apparentes.

L'expérience demande plus d'interventions de la part du scientifique : il s'agit, comme le dit d'Alembert, de « poser des questions à la nature pour en écouter les réponses. Cette distinction sera reprise et développée au XIXe siècle par Claude Bernard l'expérience est une observation provoquée, qui modifie volontairement le cours normal des phénomènes. Au contraire de l'observation, l'expérience exige alors, comme le suggère l'image du questionnement » de la nature, des hypothèses préalables.

Ainsi, si observation et expérience sont toutes deux nécessaires, l'expérience correspond à un état plus avancé de la science.

Elle nécessite une technologie, des laboratoires ; elle permet, dit d'Alembert, de connaître la nature en profondeur, alors que l'observation reste à la surface des phénomènes. Application d'une question traitée habituellement sous sa forme générale, et du point de vue des conditions d'ensemble de la recherche expérimentale.

Le défaut essentiel à éviter sera donc de ne pas se contenter de reproduire les généralités sur l'observation et l'expérience.

De plus, comme il faut caractériser les procédés en biologie, on devra se garder de détailler inutilement une description; il ne faudra le faire que dans la mesure où ce détail servira à préparer (directement ou par contraste) les caractéristiques du travail en biologie.

La méthode de recherche : comme toujours se demander comment les aspects propres du phénomène peuvent entraîner les différences d'attitude ou des difficultés nouvelles.

Le sujet comporte donc : l'idée générale des conditions de recherche qui rapprochent la biologie des autres sciences expérimentales, et donnent l'idée d'une forme d'ensemble commune; — l'idée des conditions propres au phénomène vivant, entraînant la nécessité de nouveaux procédés, ou la présence de difficultés propres.

La première idée fournira normalement l'introduction.

La seconde, le corps du développement. Pour celui-ci on songera utilement, en ce qui concerne l'invention du détail des idées, à la gradation de procédés qui ressort de descriptions classiques : observation des faits tels qu'ils se donnent, et dans les conditions de la perception banale; observation "armée" ; interventions avec procédés d'expérimentation (par dissection, vivisections, etc.) pour l'observation des phénomènes intérieurs des corps vivants; expériences proprement dites (qui peuvent employer les mêmes procédés matériels qu'au degré précédent).

— Reste à chercher une idée directrice; elle devra ressortir de la comparaison du vivant et de la matière brute : ce qui fera nécessairement la première partie du développement. D'autre part, on soupçonne tout de suite qu'on se trouve — en biologie comme partout — en présence de deux sortes de difficultés : réalisation et interprétation.

Verbalement, on pourrait songer à construire d'abord le développement concernant la réalisation du travail, puis celui qui discutera de l'interprétation.

Mais ce sont souvent les difficultés d'interprétation (par ex.

interprétation de « symptômes ») qui conduisent à la recherche de nouveaux procédés.

Il faut donc plutôt essayer de trouver une mise en ordre progressive, où, à chaque degré, la description ou discussion des difficultés préparera celle de procédés plus exacts ou plus pénétrants. (Introduction).

— La biologie veut analyser et expliquer les phénomènes chez les êtres vivants ou en classer les formes : étude de faits que la science a tenté d'organiser sous les mêmes types que celle des faits physiques et chimiques.

Si l'on remarque que la matière vivante doit présenter, au moins à la base, les mêmes propriétés que toute matière, si l'on admet par suite un déterminisme des faits, le but de la science est comme en physique de relier le phénomène à ses conditions; les procédés d'observation et d'expérience doivent s'appliquer : soit constater, sous les aspects donnés spontanément à notre perception; soit provoquer ou modifier les faits pour les observer. Mais peut-on reprendre purement et simplement les procédés des physiciens ? Les caractères propres de la vie doivent nous donner le sens des modifications à apporter à, ces procédés, ou les difficultés qu'imposent les conditions spéciales de la recherche. I (Caractères du fait biologique).

— L'être vivant est caractérisé par une évolution continue, la mobilité et la variabilité des faits et des éléments.

D'autre part, tandis que l'être inerte est modelé par l'action directe de son milieu, le vivant se fait son milieu propre (Cl.

Bernard : « milieu intérieur »), qui le rend indépendant en quelque sorte du milieu extérieur : il agit et réagit; il porte avec lui ses conditions essentielles d'existence, qui commandent les relations avec l'extérieur. Enfin un vivant se caractérise par la solidarité et l'ensemble harmonique de ses manifestations (exemple remarquable de l'action endocrinienne et de ses retentissements) : un fait ne se comprend que dans l'individualité tout entière. II.

Comment dans ces conditions, l'observation peut-elle aboutir ? 1° Pour l'observation simple : A) Si les faits sont fugitifs, ou en perpétuelle évolution, l'observateur est plus que partout ailleurs à la merci des choses. B) Il ne saisit d'abord directement que les faits extérieurs : anatomiquement, les formes extérieures des organes; physiologiquement, les mouvements, c'est-à-dire uniquement la traduction en forme de mécanismes jeux de leviers, contractions, etc.), de phénomènes inaccessibles à la perception; ou encore il ne peut atteindre que le terme initial et le terme final d'une série (aliments et déchets).

L'observation simple est donc ici très incomplète, parce qu'en fait elle ne saisit que les relations de l'être avec le dehors ou ses manifestations superficielles. 2° L'observation aidée des instruments ne peut dans l'ensemble qu'apporter une certaine précision dans les mesures ou la représentation schématique des faits, et elle suppose pour interpréter ses données, toute une science du mécanismé profond des faits, donc d'autres procédés (par ex.

tracé du pouls au sphygmographe).

Le microscope ne donne encore que des formes (et il suppose généralement des interventions pour obtenir des fragments de tissus).. »

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