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De la souffrance morale. Comment la distinguez-vous de la souffrance physique ? Quelles sont ses principales modalités ? Quelle est sa valeur ?

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INTRODUCTION. - Les états affectifs d'ordre physique nous sont communs avec les animaux; au contraire, c'est le propre de l'homme de jouir et de souffrir moralement. C'est donc un fait bien spécifiquement humain que nous pourrons observer en étudiant la souffrance morale, dans laquelle nous retrouverons tout l'homme. Sa nature. — On précise la nature de la souffrance morale en l'opposant à la souffrance physique : celle-ci est provoquée directement par l'excitation d'une terminaison dolorifique, ou par l'excitation excessive d'une terminaison sensorielle quelconque : la souffrance physique est une sensation. La souffrance morale, au contraire, est un sentiment au sens usuel du mot : elle est provoquée immédiatement par une représentation (exemples). Sans doute, par suite de réaction constante du physique sur le moral, et du moral sur le physique, douleur physique et douleur morale se compénètrent et s'enchevêtrent de telle sorte qu'il est parfois difficile de distinguer la part de l'une et la part de l'autre dans les états que nous éprouvons : en devenant consciente, la douleur physique se double d'une douleur morale qui la renforce (exemples); inversement, la douleur morale se répercute sur l'organisme, y provoquant des troubles et des désordres qui reviennent à la conscience sous forme de malaises physiques (exemples). Il n'en reste pas moins vrai que le principe de distinction que nous avons donné est parfaitement valable : dans nos états affectifs, tout ce qui dépend de l'état de l'organisme est de nature physique; ce qui dépend d'une représentation doit être considéré comme d'ordre moral (exemples).

« De la souffrance morale.

Comment la distinguez-vous de la souffrance physique ? Quelles sont ses principales modalités ? Quelle est sa valeur ? INTRODUCTION.

- Les états affectifs d'ordre physique nous sont communs avec les animaux; au contraire, c'est le propre de l'homme de jouir et de souffrir moralement.

C'est donc un fait bien spécifiquement humain que nous pourrons observer en étudiant la souffrance morale, dans laquelle nous retrouverons tout l'homme. Sa nature.

— On précise la nature de la souffrance morale en l'opposant à la souffrance physique : celle-ci est provoquée directement par l'excitation d'une terminaison dolorifique, ou par l'excitation excessive d'une terminaison sensorielle quelconque : la souffrance physique est une sensation.

La souffrance morale, au contraire, est un sentiment au sens usuel du mot : elle est provoquée immédiatement par une représentation (exemples). Sans doute, par suite de réaction constante du physique sur le moral, et du moral sur le physique, douleur physique et douleur morale se compénètrent et s'enchevêtrent de telle sorte qu'il est parfois difficile de distinguer la part de l'une et la part de l'autre dans les états que nous éprouvons : en devenant consciente, la douleur physique se double d'une douleur morale qui la renforce (exemples); inversement, la douleur morale se répercute sur l'organisme, y provoquant des troubles et des désordres qui reviennent à la conscience sous forme de malaises physiques (exemples).

Il n'en reste pas moins vrai que le principe de distinction que nous avons donné est parfaitement valable : dans nos états affectifs, tout ce qui dépend de l'état de l'organisme est de nature physique; ce qui dépend d'une représentation doit être considéré comme d'ordre moral (exemples). Ses principales modalités.

— La souffrance morale peut d'abord être provoquée par la représentation d'un mal physique dont on souffre ou dont on redoute d'avoir à souffrir : ce genre d'état affectif constitue la transition entre la souffrance purement physique et la souffrance purement morale. Celle-ci est provoquée par la représentation d'un mal qui affecte l'âme, et non le corps.

Ce mal est souvent hors de nous et consiste dans l'attitude des autres à notre égard : nous souffrons moralement de ne pas être appréciés ou aimés, de ne pas réussir dans la vie.

Mais les esprits réfléchis expliquent ces insuccès par leur insuffisance, et le mal qui leur cause la souffrance morale la plus vive, c'est en eux qu'ils le voient. Il faut faire une place à part à un genre de souffrance qui est « morale » au sens le plus élevé et le plus fort du mot : celle qui résulte du sentiment d'avoir failli à son devoir moral ou de s'être écarté de son idéal et qui, sous sa forme aiguë, s'appelle remords. Sa valeur.

— Il peut paraître étonnant que la question puisse se poser de la valeur de la souffrance : si la valeur se définit comme la satisfaction d'une tendance, la souffrance morale qui résulte de ce que une tendance a été frustrée n'est-elle pas le contraire de la valeur, une valeur négative ? De fait, il est des souffrances morales qui, par leur intensité et surtout par leur continuité, ne peuvent être l'instrument d'aucun bien : elles découragent et amènent la détente du ressort de la volonté (prendre des exemples dans les trois espèces de souffrances signalées à la seconde partie). Mais normalement, surtout quand elle se glisse à titre épisodique dans une vie assez heureuse, la souffrance morale est un précieux stimulant et un important facteur de progrès : le remords porte le pécheur au repentir et à la réforme de sa vie; nos insuccès nous amènent à réfléchir sur nos déficits et à redoubler d'application; quant à la souffrance morale causée par la conscience d'un mal physique grave et prolongé, on sait assez les réflexions salutaires qu'elle provoque et le travail de maturation dont elle est l'occasion; c'est d'elle surtout qu'est vraie l'affirmation du poète : .L'homme est un apprenti, la douleur est son maître. CONCLUSION.

- Le pouvoir de réfléchir sur lui-même, par lequel l'homme se distingue de l'animal, enrichit sa vie affective des échos indéfinis des plaisirs et des souffrances d'ordre moral : nos joies et nos douleurs sont incomparablement plus vives et surtout plus complexes que celles de nos frères inférieurs, par suite de la conscience que nous prenons du bonheur qui nous échoit ou du malheur qui nous frappe.

Tandis que l'affectivité animale se limite aux impressions résultant de la sensibilité de ses organes, chez l'homme, à mesure qu'il s'humanise, elle tend à se déplacer vers la région de l'esprit; par suite, la capacité de souffrir moralement est un signe de spiritualisation.

Cette pensée doit nous aider à supporter la souffrance morale et provoquer de la sympathie à l'égard des âmes qui souffrent moralement. »

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