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De la nature de Lucrèce

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Épopée philosophique, le De rerum natura de Lucrèce (traduction H. Clouard, Garnier Flammarion, 1964) fait l'éloge de la pensée d'Épicure. À sa mort, en 55 avant Jésus-Christ, Lucrèce laisse un manuscrit presque achevé que Cicéron se serait chargé de mettre au net et de publier. La vigueur de la pensée et l' audace de l' auteur font de ce poème de sept mille quatre cents vers une oeuvre originale, véritable manifeste destiné à déraciner la crainte des dieux, au sein même d'une époque troublée, tout en élevant un chant grandiose à l'infini de l'univers et à la puissance de la vie. Mais donnons la parole au poète : « Je parcours des régions non frayées [...]. J'aime aller puiser aux sources vierges ; j'aime cueillir des fleurs inconnues. [...] C'est que d'abord je donne de grandes leçons, et tâche à dégager l'esprit des liens étroits de la superstition ; c'est aussi que sur un sujet obscur je compose des vers lumineux, le parant tout entier des grâces de la Muse » (préambule du livre IV).


« De la nature Épopée philosophique, le De rerum natura de Lucrèce (traduction H.

Clouard, Garnier-Flammarion, 1964) fait l'éloge de la pensée d'Épicure.

À sa mort, en 55 avant Jésus-Christ, Lucrèce laisse un manuscrit presque achevé que Cicéron se serait chargé de mettre au net et de publier.

La vigueur de la pensée et l' audace de l' auteur font de ce poème de sept mille quatre cents vers une oeuvre originale, véritable manifeste destiné à déraciner la crainte des dieux, au sein même d'une époque troublée, tout en élevant un chant grandiose à l'infini de l'univers et à la puissance de la vie.

Mais donnons la parole au poète : « Je parcours des régions non frayées [...].

J'aime aller puiser aux sources vierges ; j'aime cueillir des fleurs inconnues.

[...] C'est que d'abord je donne de grandes leçons, et tâche à dégager l'esprit des liens étroits de la superstition ; c'est aussi que sur un sujet obscur je compose des vers lumineux, le parant tout entier des grâces de la Muse » (préambule du livre IV). 1.

LA MATIÈRE (LIVRES I, H) A.

L'essence de la matière Une invocation à Vénus précède la dédicace du poème à Memmius (qui sera l'interlocuteur de tout le poème), puis l'exposition du sujet et l'éloge d'Épicure. Suit une réfutation des objections possibles contre la doctrine du philosophe.

Lucrèce justifie également son entreprise d'exprimer en latin les positions épicuriennes. Un premier principe est posé : l'être ne peut sortir du néant ni y entrer (Démocrite, Épicure et Aristote s'accordent sur ce point). Ce principe suffit à établir l'existence de corpuscules primitifs ou atomes, dont tous les corps sont formés.

C'est aussi la décomposition d'un organisme constitué en ces particules primitives que nous considérons comme la mort. Invisibles, ces corpuscules primitifs n'en sont pas moins incontestables. Mais sans vide, ils ne pourraient agir, se mouvoir ou même exister.

L'univers est donc le résultat de la matière et du vide. Ce qui n'est ni matière ni vide est propriété ou accident. B.

La réfutation des présocratiques Les corps premiers sont nécessairement solides, indivisibles et éternels. Héraclite a donc tort de donner aux corps le feu pour principe, comme d'autres philosophes prennent pour principe l'eau, l'air ou la terre, et Empédocle les quatre éléments. Anaxagore n'explique pas mieux la formation des êtres par son « homéométrie » (un os est un assemblage de tout petits os, le feu provient de particules ignées, etc.). Le grand Tout, indestructible dans ses principes, est infini dans sa masse ; il ne comporte donc pas de centre, qui attirerait les corps.

« Toujours et partout c'est un perpétuel mouvement pour l'accomplissement des choses ; sans cesse se succèdent, précipités en foule dans l'espace infini, les éléments d'une matière éternelle.

» C.

Le mouvement des atomes (livre II) Après un éloge de la philosophie, le poème traite du mouvement des atomes. Les changements continuels que subissent tous les corps excluent l'hypothèse d'une matière immobile. 1 Le mouvement est donc essentiel aux atomes.

Il n'y a pas de centre où les atomes puissent s'arrêter.

2.

Ce mouvement est très rapide, car, dans le vide, rien ne lui fait obstacle.

3.

La direction en est de haut en bas.

Mais leur chute n'est pas rigoureusement parallèle, sinon, ils n'auraient pas pu s'unir en masse ni dévier d'une direction nécessaire pour former des âmes libres.

Il faut donc admettre qu'ils s'écartent un peu, très peu, de la direction perpendiculaire. Tels sont les mouvements dont les atomes ont toujours joui et jouiront toujours, parce que la quantité de mouvement est toujours la même dans la nature.

Nous le savons par la raison, car les sens ne peuvent apercevoir l'atome. D.

Les figures des atomes Les figures des atomes sont diverses : les corps qui nous entourent ne pourraient agir sur nos sens de tant de manières différentes si leurs atomes n'étaient diversement configurés.

Mais le nombre de ces classes d'atomes est borné, même s'il y a une multitude infinie d'atomes dans chaque classe de figures.

En effet, le nombre de ces classes ne pourrait être infini que si l'atome lui-même était immense et si les qualités sensibles des corps croissaient indéfiniment. Un nombre peu considérable de figures, combiné diversement dans tous les corps, suffit à établir la variété que nous constatons. La solidité, l'indivisibilité, l'éternité, le mouvement et la figure sont les qualités de ces corps simples. Quant aux qualités qui sont saisies par les sens, elles sont le résultat d'une association.

Les atomes ne sont pas sensibles non plus, et ce n'est que leur situation et leurs mouvements respectifs qui produisent la sensibilité de certains assemblages. Ces atomes ont produit notre monde, mais aussi une infinité d'autres.

Rien ne nous autorise à borner la puissance de la nature.

Notre monde n'est qu'un individu particulier dans une classe nombreuse, et comme individu il est comme tout autre soumis à la naissance, à la croissance, au déclin et à la mort. Sur la perspective atomiste, voir livre II, vers 59-141, p.

55-57.. »

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