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Dans quelle mesure peut-on dire que le langage est un moyen de maîtrise et de domination ?

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« • N'y aurait-il pas lieu de distinguer avec soin ce qui peut relever de la maîtrise et ce qui peut relever de la domination. • Remarquer qu'il ne s'agit pas de savoir si le langage est un moyen de maîtrise et de domination, mais dans quelle mesure on peut le dire. • Dans la mesure (à préciser) où le langage intervient dans la mise en œuvre de la pensée abstraite et que celle-ci est un moyen de maîtrise et de domination de la nature, dans quelle mesure peut-on dire que le langage est un moyen de maîtrise et de domination? • Le langage comme moyen de domination « sur les autres »? Cf.

le problème de la « norme ». La norme est le mode d'existence de la domination d'une pratique linguistique sur les autres. La norme ne reflèterait-elle pas, y compris par le changement, la pratique linguistique dominante elle-même expression, médiation et reflet complexe de la domination idéologique d'une classe sur les autres? Langue de classe (Cf.

Marx). Langue du peuple tout entier (Cf.

Staline). Dans chaque nation existe-t-il des pratiques linguistiques différenciées en relation étroite avec les rapports de classes dans une formation socio-économique donnée? • Le langage est-il, dans la cure psychanalytique, moyen de maîtrise? de domination? sur qui ? sur quoi ? en quoi ? Introduction Le langage transforme les éléments du sensible et de l'expérience en concepts : il brise la taciturne opacité du monde, lui ôte son étrangeté, et permet que l'homme soit chez lui dans un monde sur lequel il puisse exercer un plein empire.

Mais abstraire, c'est catégoriser, découper, ce qui ne va pas sans écraser les mille nuances du sensible comme de la vie intérieure.

De même, passer maître en l'art de parler, c'est captiver l'autre, voire l'écraser de sa supériorité.

Toute maîtrise semble devoir s'inverser en son contraire, la domination.

Il paraît alors légitime de dire que le langage est à la fois moyen de maîtrise et de domination.

Mais est-ce bien sous le même rapport que le langage permet de maîtriser et qu'il permet de dominer? Si on s'attache à définir l'essence du langage, n'est-on pas fondé à affirmer qu'il rend possible une maîtrise qui ne serait que maîtrise? Certains usages du langage, trahissant son essence, n'autorisent-ils pas toutefois à dire indissociables maîtrise et domination? Ne peuton exiger, inversement, un usage conforme à son essence? Serait-on alors fondé à affirmer que maîtrise et domination, loin de s'appeler l'une l'autre, s'excluent réciproquement? 1) L'essence du langage autorise à le penser comme moyen d'une maîtrise qui ne serait que maîtrise. a) L'essence du langage ne se révèle que lorsqu'on saisit sa spécificité humaine : - Le signe linguistique : le son articulé renvoie à un concept, il est une forme produite par l'esprit. - La parole permet la maîtrise de la pensée : elle la rend consciente, déterminée, effective. - Cette capacité représentative, d'essence symbolique, catégorise, analyse et organise la réalité. b) C'est donc par essence que le langage rend possible l'empire de l'âme sur elle-même : - Produisant activement des concepts en parlant, je cesse de subir passivement la sensation. - Je contrôle mes pensées selon «l'ordre des raisons», et me libère de «l'ordre des matières». - De la justesse du langage, qui permet la rectitude de la pensée, dépendent l'harmonie et la justice de l'âme. c) La maîtrise de la pensée permet donc la maîtrise du réel que la pensée prend pour objet : - Le logos (parole rationnelle) fait passer du sensible à l'intelligible.

Il structure la perception, fait accéder au savoir. - Ce savoir donne pouvoir sur le temps : parlant le passé, l'homme peut se souvenir de la culture du passé et la transmettre; parlant l'avenir, il peut prévoir pour pourvoir. - Ce savoir donne pouvoir sur l'espace : l'homme peut utiliser les lois de la nature au lieu de les subir. Transition : Si en droit, de par son essence, le langage nous libère du sensible et nous donne le contrôle de nos pensées, de notre histoire et de notre environnement, en usons-nous toujours en fait conformément à son essence? Qu'en est-il de l'usage le plus ordinaire du langage? 2) L'usage le plus courant du langage autorise bien à dire indissociables son pouvoir de maîtrise et son pouvoir de domination. a) Par son efficacité même, la maîtrise s'inverse en son contraire, la domination : - Le langage, favorisant la prise théorico-technique sur la matière, matérialise l'esprit lui-même. - L'intelligence analytique, qui découpe le réel à l'aide de concepts, écrase la continuité de la vie intérieure. - Ainsi, la représentation spatiale écrase la durée spirituelle, le moi social domine le moi profond. b) L'homme domine du simple fait qu'il parle, car parler place en position de supériorité : - Par la nomination, l'homme transcende la nature.

Par la parole, il domine tout ce qui ne parle pas. - Parler, c'est s'inscrire comme dominant ou dominé dans la hiérarchie des langues et dialectes. - Maîtriser un certain niveau de langue, c'est aussi se subordonner ceux qui ne le maîtrisent pas. c) Pouvoir de maîtrise et domination sont, au sein du langage, le plus souvent indissociables : - Toute domination suppose une maîtrise : il faut être passé maître en l'art de parler pour subjuguer. - Toute maîtrise du langage porte en elle des enjeux de pouvoir, car le langage est une puissance. - Ainsi, très tôt, la maîtrise de l'écriture est un savoir symbolique qui donne du pouvoir politique. Transition : Si maîtrise et domination sont le plus souvent indissociables, est-ce toutefois inhérent à l'essence même du langage ? Le pouvoir dominateur du langage prend-il vraiment sa source dans celui-ci ? Si tel n'est pas le cas, ne pourrait-on pas alors parler sans dominer? Comment?. »

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