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Dans la perception, le sujet est-il passif ?

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« La passivité de la perception. «Le sens est la faculté apte à recevoir les formes sensibles sans la matière, de même que la cire reçoit l'empreinte de l'anneau sans le fer ni l'or.» Aristote, De l'âme (ive siècle av.

J.-C.), II, 12. • Contrairement à la représentation imaginaire, que je provoque moi-même en moi, je reçois la perception de l'extérieur, sans en avoir le choix.

La métaphore de la tablette de cire proposée par Aristote rend bien compte de l'aspect passif de la perception. • Comparer les sens (l'âme sensitive) à une matière «informée» par les objets du monde extérieur, c'est en même temps reconnaître dans la perception un mode de connaissance du monde extérieur, même si celle-ci reste limitée.

Aristote est, à ce sujet, plus optimiste que Platon, pour qui la perception ne peut nous donner aucune connaissance. La perception suppose une activité intellectuelle. [À propos d'un morceau de cire] «ce que je croyais voir par l'oeil, c'est par la seule faculté de juger, qui est en mon esprit, que je le comprends.

» Descartes, Méditations métaphysiques (1641), II. • Descartes réfléchit sur ce qu'est percevoir un objet, et il a pris pour cela l'exemple d'un morceau de cire soumis à la chaleur, qui fond sous ses yeux et change radicalement d'apparence.

Comment se fait-il, dit Descartes, que je sache encore que c'est «le même» morceau de cire? Ce doit être, dit-il, que lorsque je perçois un objet, mes sens m e donnent un ensemble d'impressions changeantes, mais ma raison perçoit, plus fondamentalement, son unité. • Ainsi, dire que l'on «perçoit» un objet est une erreur qui vient d'une commodité de langage car, audelà des impressions fugitives et contradictoires données par les sens, c'est la raison qui «comprend» qu'il y a là un objet. "Prenons pour exemple ce morceau de cire qui vient d'être tiré de la ruche : [...] sa couleur, sa figure, sa grandeur sont apparentes ; il est dur, il est froid [...].

Mais voici que, cependant que je parle, on l'approche du feu ; ce qui y t restait de saveur s'exhale, l'odeur s'évanouit, sa couleur se change, sa figure se perd, sa ! grandeur augmente, il devient liquide, il s'échauffe [...].

La même cire demeure-t-elle après ce changement ? Il faut avouer qu'elle demeure, et personne ne le peut nier.

Qu'est-ce donc que l'on connaissait en ce morceau de cire avec tant de distinction ? Certes ce ne peut être rien de tout ce que j'y ai remarqué par l'entremise des sens, puisque toutes les choses qui tombaient sous le goût, ou l'odorat, ou la vue, ou l'attouchement, ou l'ouïe, se trouvent changées, et cependant la même cire demeure." DESCARTES Dans ses Méditations métaphysiques, Descartes expose son cheminement, partant de la nécessité du doute à la première certitude du Cogito, suivie par la garantie d'un savoir enfin possible grâce à la certitude de l'existence de Dieu.

Dans ce passage, extrait de la Méditation seconde, il n'est pas encore parvenu à cette certitude.

Ainsi, comment un morceau de cire peut-il être encore de la cire, alors que sous l'action de la chaleur, il change du tout au tout ? Problématique Sous leur apparente stabilité, les choses sont changeantes, au point qu'il est difficile d'en dégager des caractéristiques solides.

Et pourtant, les images diverses par lesquelles je me représente la cire ne sont pas le fait de l'imagination.

Dès lors, qu'est-ce, finalement, que ce morceau de cire ? Un objet doit toujours être identique à lui-même pour être dénommé et connu en tant que tel. Enjeux Comment pouvons-nous penser les objets en eux-mêmes ? Les données que nous fournissent les sens et l'imagination reproductrice ne sont-elles par erronées ? Pour être objective, la connaissance doit dépasser la multiplicité des représentations sensibles. La conciliation entre perception et raison. «Si toute notre connaissance débute AVEC l'expérience, cela ne prouve pas qu'elle dérive toute DE l'expérience.» Kant, Critique de la raison pure (1781). • La conception de Descartes est si radicale qu'elle revient presque à nier tout rôle à la perception dans la connaissance.

Les empiristes comme Locke, pour qui toute connaissance passe nécessairement par la perception, critiqueront sévèrement ce primat donné à la raison par Descartes. • C'est Kant qui essaiera de montrer de manière la plus précise quels sont les rôles respectifs de la perception et de la raison, en montrant que la perception effectue une première synthèse de l'expérience, qui rend celle-ci disponible pour une appréhension par l'entendement. • Ainsi, selon Kant, l'espace et le temps, que nous croyons être des réalités extérieures à nous, sont déjà des «formes a priori de la sensibilité», c'est-à-dire des produits de la structure de notre propre conscience.

La perception n'est donc pas neutre par rapport à l'être : elle est une activité de notre esprit qui façonne le cadre spatio-temporel du monde dont nous faisons l'expérience.. »

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