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Conscience de soi chez Kant: Anthropologie du point de vue pragmatique

Publié le 19/02/2023

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« L’une des formules les plus célèbres de Socrate était « connais toi toi-même », mais qu’est-ce donc que le moi? Quelle est donc la nature de cet objet sur lequel s’exerce la pensée consciente d’elle-même s’interrogeant sur elle-même? C’est pour répondre à cette question que, dans cet extrait de l’Anthropologie du point de vue pragmatique, Kant aborde le thème de la conscience de soi, de l’identité de l’homme et se pose la question de savoir si la conscience est le privilège de l’humanité, et en quoi cela le différencie de tous les autres êtres vivants . Il répond à ce problème en défendant la thèse selon laquelle c’est la conscience de soi qui définit la condition humaine : l’homme a conscience d’être un sujet, une personne morale. Pour défendre sa thèse, son argumentation se divise en trois parties. Dans la première partie, (L 1 à 6 ), il affirme que le pouvoir de la conscience de soi est propre à l’homme et assure sa supériorité sur les choses et les autres êtres vivants parce qu’il lui donne de la dignité .

Cette dignité lui confère une responsabilité car il est conscient et responsable de ses actes. Dans la deuxième partie (L 7 à 9 ), il démontre que l’entendement est une faculté innée de l’homme et que ce qui importe c' est que le « Je » soit pensé, et non la façon dont il est exprimé. Enfin, dans la dernière partie, il développe l’idée que le fait d’avoir conscience de soi est universelle mais n’est pas innée et demande donc un apprentissage, comme c’est le cas pour les jeunes enfants. Mais qu’est le moi indépendamment de toutes ses affections particulières ? Que reste-t-il du moi lorsque j’en ai ôté toutes les qualités accidentelles dont je puis être porteur ? » Telle est la question que Pascal pose dans ses Pensées, à la recherche de ce qui en chacun de nous dépasse les particularités individuelles et constitue la substance même de notre être. Pour répondre à la question « Qu’est-ce qui définit l’homme », Kant affirme dès le début du texte que l’homme a conscience du « Je »car il a conscience de son existence en étant l’objet de ses propres pensées.

Il est donc à la fois la personne qui pense et l’objet de ses pensées, ce qui en fait un être supérieur.

De plus, étant en mesure de se penser lui-même, il reste toujours le même tout au long de sa vie quoi qu’il fasse ou quoi qu’il pense ce qu’il exprime en disant : « grâce à l’unité de la conscience …..il est une seule et même personne.

» La conscience de soi est donc un principe unificateur qui permet à l'individu de ramener à lui toutes les pensées, les émotions, les sensations, les changements qui l'affectent, pour se penser comme étant toujours identique à lui-même.

De plus, la conscience de soi le fait devenir une personne libre et responsable de ses actes et de ses pensées, un sujet moral, dans le sens ou il est soumis au respect des lois , des règles, et des valeurs propres à une société ce qui lui donnent « du rang et de la dignité ». Cette idée est d’ailleurs reprise par Rousseau dans « Emile ou de l’Education », quand il estime qu’il existe chez l’homme un sens naturel de la morale, une capacité à distinguer de façon innée le bien et le mal.

C’est aussi parce qu’il est doté de dignité qu’il se distingue de ce que Kant nomme « les animaux sans raison » et en fait un être supérieur, puisque le pouvoir de posséder le « Je » dans sa représentation « élève l’homme infiniment au dessus des êtres vivants sur la terre ». Cette différence permet à l’homme de « disposer à sa guise » des animaux, puisque eux ne sont pas dotés de raison ni de dignité et qu’il n’entrave donc pas leur entendement.

De ce fait, ils peuvent être assimilés à des objets dont l’homme peut disposer. Partant du fait que la conscience est universelle, Kant montre qu’il n’est pas nécessaire d’exprimer le « Je » pour savoir qu’il « l’a dans sa pensée ».

Certaines langues , comme le latin ou l’espagnol, n’en font pas usage, mais il s’agit alors d’une simple habitude grammaticale qui n’exclue en rien le sujet « Je » qui est pensé puisque l’homme possède l’entendement et que la fonction fondamentale de l’entendement est notre faculté de relier nos représentations à un pôle unique qui est le sujet. Kant prolonge son étude sur la possibilité de l’absence du « Je »en montrant que l’enfant qui commence à parler n’utilise pas le « Je » car il n’a pas conscience de lui-même.

L’enfant éprouve les sensations liées à son corps, donc il se sent, mais il est incapable d’unifier ses pensées et de se les attribuer, donc il ne se pense pas.

Il est conscient qu’il parle mais il n’est pas conscient de luimême.

De ce fait, il parle comme il parle des autres, en utilisant son prénom et la troisième personne.

Pour Kant, l’enfant n’a vraiment conscience de lui-même que lorsqu’il est en mesure d’utiliser le « Je », ce qui pour l’auteur apparaît comme une révélation qu’il souligne en disant « la lumière vient de se lever ».

L’enfant ne parlera plus de lui autrement car il a désormais conscience qu’il est l’auteur de ses pensées : « Auparavant il ne faisait que se sentir, maintenant il se pense ». Nous avons pu voir que pour Kant la conscience de soi se construit à partir de différentes représentations unies par la conscience : c’est ce qui permet à l’homme d’être un sujet.

Cela nous oblige à considérer que la conscience est donc une activité, qu’elle est un pouvoir de synthèse car l’homme a besoin de se voir comme un être persistant à travers le temps : le "Je" sert donc à unifier et synthétiser son expérience.

C’est ce que Kant propose dans « Critique de la raison pure ». Cependant avons-nous la certitude que nous puissions admettre que le « Je » n’ait d’autres fonctions que d’accompagner toutes nos représentations sur les choses et les unifier, que la conscience de soi soit le privilège de l’humanité, et que cela le différencie de tous les autres êtres vivants ? Cette idée de l’unité du « Je » est contestée par d’autres philosophes : Hume, dans le « Traité de la nature humaine » considère que la conscience de soi accompagne toute la représentation de l’individu car on ne saisit jamais le « moi » seul.

Pour lui la conscience de soi repose donc sur les diverses.... »

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