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Comment distinguer pensée et réalité ?

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« Définition des termes du sujet: PENSÉE: Faculté de connaître, de comprendre, de juger, de raisonner, qui est censée caractériser l'homme, par opposition à l'animal.

Synonyme d'entendement, de raison. PENSER: Exercer une activité proprement intellectuelle ou rationnelle; juger; exercer son esprit sur la matière de la connaissance; unir des représentations dans une conscience. Réalité / Réel : Réalité: * Caractère de ce qui a une existence concrète, par opposition aux apparences, aux illusions ou aux fictions de notre imagination. * Ensemble des choses et des faits réels. Réel: * Comme adjectif : qui existe effectivement, et pas seulement à titre d'idée, de représentation ou de mot (exemple : un pouvoir réel). * Comme nom : l'ensemble des choses qui existent, le monde extérieur (synonyme : réalité). DEVELOPPEMENT 1) a) On distingue couramment les idées et les choses : par exemple, dans l'expression « ce n'est qu'une idée » ; ou encore en soulignant, dans un classique sujet de concours, que « le mot chien (signe de l'idée) ne mord pas ». b) Nous pouvons supposer ici que la pensée est faite d'idées (ou de notions, concepts, jugements par lesquels des idées sont liées entre elles ; mais aussi de représentations ou d'images, ce qui est le sens plus spécifique d'idée chez Descartes, l'idée étant un tableau du réel). c) La réalité, elle, est supposée constituée, étymologiquement et « intuitivement », de « choses » (res). 2) a) Pour suivre une analyse de Kojève (Première Introduction à l'Histoire raisonnée de la philosophie païenne), on a coutume d'opposer les idées et les choses au motif que les premières seraient générales et abstraites, les secondes particulières et concrètes. b) La généralité et l'abstraction expriment l'une et l'autre la séparation du domaine « intellectuel » à l'égard du « sensible » (les logiciens débattent d'ailleurs de leur « priorité » psychologique respective : l'idée générale de couleur est-elle obtenue par « détachement » à partir de la chose colorée, ou perçoit-on déjà la généralité dans la chose ? ). c) La particularité et la concrétude paraissent, elles, se rattacher à la « matérialité » de la chose qui est ceci, ici, maintenant (« hic » et « nunc »). 3) a) Toutefois, comme l'a montré Hegel (Phénoménologie de l'esprit, chap.

1), l'ici, ceci, maintenant sur lesquels repose notre certitude de l'existence des choses sont aussi des abstractions (qu'on peut rattacher à d'autres choses, en se retournant pour décrire ce qu'on voit — alors — maintenant) et des généralités (qu'on détache de toutes les choses).

« C'est comme un universel que nous percevons le sensible », conclut Hegel. b) Dès lors, la distinction des pensées et des choses est moins « évidente » qu'il n'y paraissait de prime abord.

On peut parler, note Kojève, de « choses générales » (l'oxygène en général, ou l'or), d'« idées particulières » (l'idée de Napoléon) et des choses correspondantes (qui sont tout simplement les individus) ; enfin, et bien sûr, des idées générales. c) 1) Les unes comme les autres — indissociables dans le langage — sont « plus » ou « moins » abstraites ou concrètes selon que l'on considère leur insertion dans la totalité du réel (distinct ici, comme pour Lacan, de la réalité « psychologique ») : 2) si le réel est le tout, toute donnée fragmentaire — qu'elle soit « réalité » ou « pensée » — en est « abstraite », et de ce fait même « particulière » (Hegel, Introduction à l'Encyclopédie des sciences philosophiques). 3) Ainsi Hegel (par exemple dans son article, au titre ironique : « Qui pense abstrait ? ») n'a-t-il aucune difficulté à montrer que c'est « l'homme de la rue » qui, dans son incohérence fondamentale (clichés, préjugés, croyances), pense le plus abstraitement, et est par suite le plus éloigné du réel, dont la réalité n'est qu'un fragment .. »

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