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BERGSON: SOUVENIR ET MEMOIRE

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Derrière les souvenirs qui viennent se poser ainsi sur notre occupation présente et se révéler au moyen d'elle, il y en a d'autres, des milliers et des milliers d'autres, en bas, au-dessous de la scène illuminée par la conscience. Oui, je crois que notre vie passée est là, et que tout ce que nous avons perçu, pensé, voulu depuis le premier éveil de notre conscience, persiste indéfiniment. Mais les souvenirs que ma mémoire conserve ainsi dans ses plus obscures profondeurs y sont à l'état de fantômes invisibles. Ils aspirent peut-être à la lumière : ils n'essaient pourtant pas d'y remonter ; ils savent que c'est impossible, et que moi, être vivant et agissant, j'ai autre chose à faire que de m'occuper d'eux. Mais supposez qu'à un moment donné je me désintéresse de la situation présente, de l'action pressante. Supposez, en d'autres termes, que je m'endorme. Alors ces souvenirs immobiles, sentant que je viens d'écarter l'obstacle, de soulever la trappe qui les maintenait dans le sous-sol de la conscience, se mettent en mouvement. Ils se lèvent, ils s'agitent, ils exécutent, dans la nuit de l'inconscient, une immense danse macabre. Et, tous ensemble, ils courent à la porte qui vient de s'entrouvrir.BERGSON

Le thème soulevé par le texte est celui de l’inconscient. Bergson y affirme que l’inconscient humain est constitué des souvenirs de l’individu, et que ceux-ci peuvent ressurgir à certains moments, lorsque l’hégémonie de la conscience s’efface. Le philosophe nous montre donc que la vie du sujet humain est bien plus riche que ce qu’elle semble être de prime abord. Mais par ailleurs, cette thèse présente des difficultés, car comment peut-on affirmer l’existence de l’inconscient puisque, par définition, ce dernier échappe à notre conscience ?

            Dans un premier temps, l’auteur fera une description sommaire de l’inconscient, qu’il liera à la mémoire. Dans un second temps, il usera d’une métaphore pour présenter ces souvenirs inconscients comme des « fantômes invisibles. » Enfin, dans un troisième temps, Bergson montrera que cet inconscient n’est pas pure invention fantaisiste, et qu’on y accède notamment au cours du rêve.

 

« "Derrière les souvenirs qui viennent se poser ainsi sur notre occupation présente et se révéler au moyen d'elle, il y en a d'autres, des milliers et des milliers d'autres, en bas, au-dessous de la scène illuminée par la conscience.

Oui, je crois que notre vie passée est là, et que tout ce que nous avons perçu, pensé, voulu depuis le premier éveil de notre conscience, persiste indéfiniment.

Mais les souvenirs que ma mémoire conserve ainsi dans ses plus obscures profondeurs y sont à l'état de fantômes invisibles.

Ils aspirent peut-être à la lumière : ils n'essaient pourtant pas d'y remonter ; ils savent que c'est impossible, et que moi, être vivant et agissant, j'ai autre chose à faire que de m'occuper d'eux. Mais supposez qu'à un moment donné je me désintéresse de la situation présente, de l'action pressante.

Supposez, en d'autres termes, que je m'endorme.

Alors ces souvenirs immobiles, sentant que je viens d'écarter l'obstacle, de soulever la trappe qui les maintenait dans le soussol de la conscience, se mettent en mouvement.

Ils se lèvent, ils s'agitent, ils exécutent, dans la nuit de l'inconscient, une immense danse macabre.

Et, tous ensemble, ils courent à la porte qui vient de s'entrouvrir." BERGSON Introduction : Le thème soulevé par le texte est celui de l'inconscient.

Bergson y affirme que l'inconscient humain est constitué des souvenirs de l'individu, et que ceux-ci peuvent ressurgir à certains moments, lorsque l'hégémonie de la conscience s'efface.

Le philosophe nous montre donc que la vie du sujet humain est bien plus riche que ce qu'elle semble être de prime abord.

Mais par ailleurs, cette thèse présente des difficultés, car comment peut-on affirmer l'existence de l'inconscient puisque, par définition, ce dernier échappe à notre conscience ? Dans un premier temps, l'auteur fera une description sommaire de l'inconscient, qu'il liera à la mémoire. Dans un second temps, il usera d'une métaphore pour présenter ces souvenirs inconscients comme des « fantômes invisibles.

» Enfin, dans un troisième temps, Bergson montrera que cet inconscient n'est pas pure invention fantaisiste, et qu'on y accède notamment au cours du rêve. Proposition de plan : 1.

Description de l'inconscient.

(du début du texte jusqu'à « …persiste indéfiniment.

») a) L'inconscient recueille des souvenirs oubliés.

(du début du texte jusqu'à « …illuminée par la conscience.

») Ici, Bergson soulève et affirme l'hypothèse de l'inconscient.

Il met en avant l'existence d'un quelque chose « audessous de la scène illuminée par la conscience », un quelque chose rempli de souvenir et qu'il convient d'appeler avec lui l'inconscient.

S'il semble qu'il caractérise ici la conscience comme ce qui se focalise sur des souvenirs éveillés par nos actions présentes, il apparaît qu'à l'inverse, l'inconscient consiste en une accumulation de souvenirs qui restent dans l'ombre de la conscience et qui cependant continuent d'exister. b) La totalité de notre vie repose dans l'inconscient.

(de « Oui, je crois… » à « persiste indéfiniment.

») Loin d'en rester à cette seule considération sur l'inconscient, Bergson ajoute qu'en l'inconscient repose « tout ce que nous avons perçu, pensé, voulu depuis le premier éveil de notre conscience.

» L'inconscient ne trie donc pas – que ce soit par hasard ou par choix –, les souvenirs qu'il capture.

Il recueille en fait l'intégralité de notre vie psychique et la thésaurise en nous-mêmes sans nous en faire part, de telle manière que celle-ci « persiste indéfiniment.

» Transition : Mais le texte amène alors à se poser ces questions : quel est le statut de ces souvenirs inconscients ? Quel intérêt peuvent-ils présenter pour la compréhension de l'homme ? 2.

Les souvenirs inconscients considérés comme des « fantômes invisibles ».

(de « Mais les souvenirs… » à « …m'occuper d'eux.

») a) Ils continuent d'avoir une influence sur notre vie.

(de « Mais les souvenirs… » à « …fantômes invisibles.

») Bergson use ici d'une métaphore sur laquelle il convient de s'arrêter.

En dehors de l'effet de style, quel est l'intérêt de considérer les souvenirs comme des « fantômes invisibles » ? Cela met en avant le fait que ces souvenirs inconscients continuent de « hanter » notre vie consciente.

En effet, un fantôme est une créature qui, bien que morte (et appartenant ainsi au passé) continue d'agir sur le présent sans se montrer.

Ainsi en est-il des souvenirs inconscients qui ne sont ni morts ni vivants et qui se font sentir en notre vie.

Cette métaphore du « fantôme. »

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