Bergson et la science
Extrait du document
«
Trop souvent nous nous représentons encore l'expérience comme destinée
à nous apporter des faits bruts : l'intelligence, s'emparant de ces faits, les
rapprochant les uns des autres, s'élèverait ainsi à des lois de plus en plus
hautes.
Généraliser serait donc une fonction, observer en serait une autre.
Rien de plus faux que cette conception du travail de synthèse, rien de plus
dangereux pour la science et pour la philosophie.
Elle a conduit à croire qu'il y avait un intérêt scientifique à assembler des
faits pour rien, pour le plaisir, à les noter paresseusement et même
passivement, en attendant la venue d'un esprit capable de les dominer et
de les soumettre à des lois.
Comme si une observation scientifique n'était pas toujours la réponse à une
question, précise ou confuse ! Comme si des observations notées
passivement à la suite les unes des autres étaient autre chose que des
réponses décousues à des questions posées au hasard ! Comme si le travail
de généralisation consistait à venir, après coup, trouver un sens plausible à
ce discours incohérent.
BERGSON
I - LES TERMES DU SUJET
Il s'agit de définir la relation entre l'expérience et l'intelligence à partir de la critique d'une conception erronée de leurs
rapports.
Il faut donc faire attention aux définitions données par l'auteur et souligner en quoi elles s'opposent.
Du point de vue le plus commun, l'expérience est une activité purement passive, ne faisant appel qu'à une faculté
d'enregistrer des faits, c'est-à-dire des données empiriques.
L'intelligence serait seule capable de définir le sens et viendrait régler l'expérience par des lois générales.
BERGSON cherche à supprimer cette opposition.
II - UNE ANALYSE DU PROBLEME
Le texte développe une opposition entre deux thèses : la plus commune, qui distingue l'expérience de la pensée, et
celle de BERGSON, qui montre qu'il n'y a pas d'expérience purement empirique.
Cette opposition est la reprise d'un problème philosophique classique : l'opposition entre l'empirisme et le rationalisme.
Ici, BERGSON s'intéresse aux conséquences de cette opposition : si l'on isole l'expérience de la raison, il ne sera plus
possible de développer la science ou la philosophie.
La première ne sera plus qu'une suite de faits incohérents, la seconde régira un système purement abstrait.
Cela conduit à accentuer la coupure entre théorie et expérience d'une part, et entre la philosophie et la science
d'autre part.
III - ETUDE ORDONNEE
A - DEFINITION COMMUNE DE L'EXPERIENCE ET DE L'INTELLIGENCE (Du début du texte à "une autre")
Il s'agit donc de bien situer la position à critiquer :
- d'un côté, la réalité nous livre des faits sans aucun sens,
- de l'autre, l'expérience décide du sens et unifie les phénomènes donnés sous les lois de la raison.
La connaissance se définirait selon deux sources : l'expérience sensible et la raison. Dès les premières lignes, BERGSON souligne le caractère passif de l'expérience, sorte de contenu immédiat et au contraire le caractère volontariste de l'intelligence qui "s'empare" de l'expérience. B - CONSEQUENCES DE CETTE DEFINITION COMMUNE SUR LA DEMARCHE SCIENTIFIQUE (De "Rien de plus faux" à "lois"). »
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