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Apprend-on à être libre ?

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« "Être libre", cela désigne un état.

"Apprendre" désigne un processus.

La liberté peut-elle être le résultat d'un processus ? L'homme n'est-il pas immédiatement libre ? La liberté n'est-elle pas inscrite dans sa nature ? Si la liberté désigne la liberté de la volonté, le libre-arbitre, cette liberté ne nous est-elle pas donnée immédiatement avec cette faculté qu'est la volonté ? Cette immédiateté de la liberté, comment la concilier avec le processus d'apprentissage ? La liberté comporte-t-elle des degrés, est-on plus ou moins libre au fur et à mesure qu'on progresse dans l'apprentissage ? Ces changements de degrés, ces progrès peuvent-ils aller jusqu'à transformer la liberté, ou la définition de la liberté reste-t-elle la même ? Par ailleurs, si un apprendre est nécessaire, comment faut-il concevoir cet apprentissage ? De manière théorique ? Faut-il être un savant pour être libre ? Ou alors de manière pratique, dans l'action ? Comment faudrait-il concevoir cet apprentissage ? Ces questions doivent amener à s'interroger sur les facultés mises en oeuvre par cet apprentissage : la volonté, la raison ? Les deux ? Si la liberté désigne la liberté de la volonté (Descartes), qu'est-ce qui permet d'orienter cette liberté, de lui donner une direction ? Enfin, si la liberté s'apprend, qui l'enseigne ? Y-a-t- il des maîtres, des experts, des personnes exemplaires ? INTRODUCTION La question semble paradoxale : selon le sens commun, l'idée d'apprentissage suppose un effort, une discipline, une contrainte.

Apprendre est de l'ordre de l'acquis.

Au contraire, la liberté semble naturelle, spontanée, dégagée de toute contrainte.

Ainsi, si l'on a besoin d'apprendre à être libre cela signifie qu'on ne l'est pas.

La liberté ne serait pas donnée. I.

La liberté ne s'apprend pas • C'est par l'expérience de la solitude que l'on se connaît libre.

Puisque la liberté est l'absence de contraintes, «on ne peut être vraiment soi qu'aussi longtemps qu'on est seul ; qui n'aime donc pas la solitude n'aime pas la liberté, car on n'est libre qu'étant seul », (Schopenhauer, Le Monde comme volonté et comme représentation).

En effet, la société étant régie par des lois, exige des compromis.

C'est un obstacle à la liberté.

Seule la solitude garantit la liberté. • Puisque la liberté est par excellence l'absence de contraintes, être libre c'est désobéir, c'est transgresser les interdits.

L'anarchiste Bakounine considère la désobéissance d'Adam et Ève comme le « premier acte de l'humaine liberté ». • Être libre c'est ainsi assouvir tous ses désirs.

Tel est le point de Calliclès dans le Gorgias de Platon. La théorie la plus classique qui définit la liberté comme absence de contraintes et libre jeu des passions est celle de Calliclès, sophiste du ive siècle av.

J.C., adversaire acharné de Socrate.

Définissant l'impossibilité du bonheur dans l'état de servitude et d'esclavage à l'égard d'un autre ou des autres, il préconise la culture des passions et des désirs que l'on doit multiplier et accroître en nombre et en intensité pour les satisfaire lorsqu'ils atteignent leur plus haut degré.

Si la répression et la maîtrise de ses instincts, volontés, désirs, pulsions de vie engendrent tristesse et douleur, l'épanouissement et le plein éclat des forces de vie, ainsi que de notre puissance, nous réalisent dans le plaisir et la volupté.

Cette culture de la force vitale est un art véritable, réservé à peu de gens.

L'opprobre général auquel un tel mode de vie donne lieu l'atteste largement.

Les disciples d'Epicure n'ont-ils pas été par la suite traités de pourceaux ? Notre lâcheté et notre faiblesse nous font préférer la tempérance, la mesure et la justice.

Pour quelques caractères d'exception qui en ont le courage et la force, la liberté consiste à vivre dans le luxe, l'incontinence et les passions démesurées. II.

Mais la liberté comme naturellement absence de contraintes est illusoire • On aboutirait à une liberté synonyme de barbarie. • Assouvir tous ses désirs c'est être esclave de ses passions.

Ainsi, celui qui ne se maîtrise pas n'est pas libre. Etre libre, c'est donc se déterminer, se discipliner à agir selon ce qu'il y a de plus intérieur à soi : la raison.

Le plus libre n'est donc pas nécessairement celui qu'on croit, la liberté ne se déterminant pas à travers de critères extérieurs et superficiels, mais à travers un critère intérieur, celui de la raison qui est cette discipline venant mettre fin à la tyrannie des passions.

Dès lors, le véritable esclave n'est pas celui qui obéit ou doit obéir à une discipline. »

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