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ALAIN: La langue est un instrument à penser

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La langue est un instrument à penser. Les esprits que nous appelons paresseux, somnolents, inertes, sots, vraisemblablement surtout incultes, et en ce sens qu'ils n'ont qu'un petit nombre de mots et d'expressions ; et c'est un trait de vulgarité bien frappant que l'emploi d'un mot tout fait. Cette pauvreté est encore bien riche, comme tes bavardages et les querelles te font voir ; toutefois ta précipitation du débit et le retour des mêmes mots montrent bien que ce mécanisme n'est ement dominé. L'expression prend alors tout son sens. On observera ce bavardage dans tous les genres d'ivresse et de délire. Et je ne crois même point qu'il arrive à l'homme de déraisonner par d'autres causes ; l'emportement dans le discours fait de la folie avec des lieux communs. Aussi est-il vrai que le premier éclair de pensée, en tout homme et en tout enfant, est de trouver un sens ce qu'il dit. Si étrange que cela soit, nous sommes dominés par la nécessité de parler sans savoir ce que nous allons dire ; et cet état sibyllin est originaire en chacun ; l'enfant parle naturellement avant de penser, et il est compris des autres bien avant qu'il se comprenne lui-même. Penser, c'est donc parler à soi.ALAIN
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Le langage tire sa racine de logos, qui en grec signifie raison, autant dire que le langage est en prise directement avec l’exigence de raison et donc celle de vérité. Auprès de Platon, la pensée se fait dialogue que l’âme instaure avec elle-même. Ainsi, la pensée est une activité et s’opère par la réflexion, elle est acte de reprise.
E si pour Hegel nous ne serions penser sans les mots, selon Alain il ne suffit pas de parler pour penser. Si donc le langage est un instrument, c’est-à-dire un moyen, qui vient remplir une fin c’est qu’il possède un lien essentiel avec la pensée. La pensée est donc ce qui fixe la fin de la communication.
De là on peut distinguer une approche superficielle du langage, qui considère le langage comme préposé à la pensée, et une approche plus profonde qui caractérise les esprits vigilants qui quant à eux s’approprient le langage.
Ce sont ces deux distinctions qui sont à l’initiative du texte de Alain. En un premier moment du texte, Alain dépeint une attitude face au langage naïve qui nous fait basculer dans les bavardages et le délire, et par lequel nous perdons prise face à la réalité. (de « La langue est un instrument à penser » à « …avec les lieux communs ». Et de l’autre une attitude consciencieuse qui prend le langage non comme tout fait pour exprimer la pensée, mais qui fait du langage un instrument à la bonne pensée. (de « Aussi est-il vrai.. » à « c’est donc parler à soi »).

« Le langage tire sa racine de logos, qui en grec signifie raison, autant dire que le langage est en prise directement avec l'exigence de raison et donc celle de vérité.

Auprès de Platon, la pensée se fait dialogue que l'âme instaure avec elle-même.

Ainsi, la pensée est une activité et s'opère par la réflexion, elle est acte de reprise. E si pour Hegel nous ne serions penser sans les mots, selon Alain il ne suffit pas de parler pour penser.

Si donc le langage est un instrument, c'est-à-dire un moyen, qui vient remplir une fin c'est qu'il possède un lien essentiel avec la pensée.

La pensée est donc ce qui fixe la fin de la communication. De là on peut distinguer une approche superficielle du langage, qui considère le langage comme préposé à la pensée, et une approche plus profonde qui caractérise les esprits vigilants qui quant à eux s'approprient le langage. Ce sont ces deux distinctions qui sont à l'initiative du texte de Alain.

En un premier moment du texte, Alain dépeint une attitude face au langage naïve qui nous fait basculer dans les bavardages et le délire, et par lequel nous perdons prise face à la réalité.

(de « La langue est un instrument à penser » à « …avec les lieux communs ».

Et de l'autre une attitude consciencieuse qui prend le langage non comme tout fait pour exprimer la pensée, mais qui fait du langage un instrument à la bonne pensée.

(de « Aussi est-il vrai..

» à « c'est donc parler à soi ». Parler ce n'est pas penser L'usage des mots sans pensée, c'est-à-dire en somme sans réflexion est le signe d'un esprit « paresseux », « somnolents », « inertes » et « sots », c'est-à-dire d'un esprit faible, passif. La thèse est affirmée dés la première phrase du texte, quand Alain écrit : « la langue est un instrument à penser », « un moyen » de réflexion.

De même que l'instrument ne saurait constitué une fin en soi, de même nous ne serions admettre le langage comme ce qui permet d'exprimer de prime abord notre pensée.

C'est dés lors le meilleur moyen pour non pas de penser par soi-même mais adhérer à une pensée toute faite.

Car ce n'est pas parce que nous utilisons les que pour autant nous pensons réellement.

Car l'acte de pensée, exige réflexion c'est-à-dire retour sur soi : acte de reprise, et approfondissement.

L'acte de penser est un acte au premier sens du terme ; de ce fait celui qui ne pense pas ou mal est un esprit paresseux, « somnolents », « inertes », « sots », « incultes ». Dans cette posture, nous ne pensons que mal, car nous ne sommes pas maîtres de nous-mêmes.

Le seul usage que nous faisons des mots n'est pas essentiel, il n'a rien par ailleurs de significatif.

Nous nous confondons dans un usage accessoire des mots que l'on peut nommer avec Alain de « bavardage » et « querelles ».

Ces attitudes nous égarent dans un usage inauthentique du langage, nous n'avançons guère vers la progression de l'intelligibilité de notre pensée, mais nous ajoutons le même au même, en somme nous nous « répétons ».

Tels sont d'ailleurs les signes d'une pensée vulgaire et lente, qui est habitée par la vacuité. Ce mode de langage, apparaît sous le trait de « l'ivresse », non parce qu'il est susceptible de nous guider vers des réalités au-delà de nous-mêmes c'est-à-dire vers des réalités supérieures, mais parce qu'il est signe que nous ne nous maîtrisons pas ni d'ailleurs le langage dont nous usons.

En cela il est « mécanisme », c'est-à-dire ni plus ni moins qu'un automatisme sans réflexion. Il est plus encore « déraisonnement », ici le langage perd même son assise gnoséologique et épistémologique avec la raison, et devient « délire », c'est-à-dire sans signification. La pensée comme dialogue de l'âme avec elle-même Si le premier acte de réflexion apparaît sous les traits de la lumière c'est donc que l'autre mode du langage, pour le coup corrompu, était marqué par l'obscurité.

Il était signe d'une pensée aveugle. En effet ce que Hegel dénomme premier « éclair » désigne cette capacité que nous avons de donner « sens à ce qu'il dit », ce qui suppose de ne pas se laisser emporter par ce que l'on dit, mais être à l'initiative de ce que l'on dit et par là même de ce que l'on pense.

La pensée est imbriquée dans la bonne utilisation du langage, elle désigne cette étape supérieure du langage. Nous ne saurions nous accommoder de ce premier rapport naïf au langage, où nous parlons sans penser.

Alain exprime cela sous la forme d'un paradoxe en énonçant que « si étrange que cela soit, nous sommes dominés par la nécessité de parler sans savoir, ce que nous allons dire ».

La signification est une conquête, un travail, une élaboration secondaire.

Qui prend la place du vide, de l'obscurité qui habite notre esprit lorsque celui-ci tombe dans le « bavardage », détaillé plus haut. La pensée est une élaboration seconde, comme nous l'avons dit, qui se fait grâce à une reprise de notre usage commun du langage. C'est pour cette raison que, pour paraphraser Alain, nous parlons avant de penser.

Le langage n'est pas nécessairement apte à rendre compte de notre pensée, de la façon la plus authentique.

Si le langage est une « nécessité », cette disposition au langage peut être vide et mal construite et dés lors donner lieu au bavardage et au délire. Alors que notre acquisition première du langage, se fait de façon contingente, et accessoire, la pensée apparaît comme une acquisition secondaire du langage.

Celle-ci se veut plus essentielle, puisqu'elle prend la forme d'un dialogue intérieure.

Alain fait ainsi sienne une tradition du langage qui remonte au moins à Platon, qui définit la pensée comme un dialogue intérieure, avec soi-même.

En effet Platon écrivait au cours du Théétète : « penser, ce n'est pas autre chose, pour l'âme, que de dialoguer, s'adresser à elle-même les questions et les réponses, passant de l'affirmation à la négation.

Quant elle a, soit dans un mouvement plus ou moins long, soit même dans un élan plus rapide.

Si bien que cet acte de juger s'appelle pour moi discourir, et l'opinion, un discours exprimé, non certes devant un autre et oralement, mais silencieusement et à soi-même.

». C'est pour cette raison que « l'enfant est compris des autres avant qu'il se comprenne lui-même.

», l'enfant parle, ici, mais sans penser.

De là nous pouvons dire que l'usage « délirant » exposé en premier lieu peut être rapproché aux premiers balbutiements de l'enfant qui n'ont de sens que accessoire mais ne constitue en rien une entrée dans le monde de la signification. Conclusion -Comme nous l'avons vu, le langage est une disposition vide lorsque son utilisation se fait de façon superficielle.

En tant qu'instrument il doit être mis au service d'une certaine fin mais doit être également utilisé d'une certaine façon.

La pensée nécessite une bonne utilisation du langage. - La pensée dépasse la simple acquisition spontanée du langage.

Si l'on peut parler sans être significatifs, la pensée marque cette prise de possession par le langage du monde de la signification.

Par là nous devenons plus intelligibles à nous-mêmes.

Autant dire que Alain s'inscrit dans la lignée de Hegel qui écrivait notamment : « Nous avons conscience de nos pensées, nous n'avons des pensées déterminées et réelles que lorsque nous leur donnons la forme objective, que nous la marquons de la forme externe, mais d'une forme qui contient aussi le caractère de l'activité interne la plus haute », Philosophie de l'esprit.. »

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