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A-t-on le droit de se taire quand on connaît la vérité ?

Extrait du document

« La vérité semble avoir préoccupé l'humanité depuis sa naissance.

Les sciences et la philosophie ont toujours essayé de trouver et de dire la vérité.

Elle semble être le bien suprême, la chose la plus importante.

Tous les hommes semblent devoir chercher et dire la vérité.

On apprend en effet aux enfants à dire la vérité, le mensonge est considéré comme mauvais, néfaste et constitue dans notre tradition un péché.

Il y a sans doute l'influence de la religion dans cette idée, mais pas seulement.

Pourquoi tant de gens se sentent honteux de mentir? Il s'agit ici de savoir si moralement nous pouvons taire la vérité.

Le verbe « devoir » indique en effet une obligation morale et dans une moindre mesure, une obligation juridique.

Le devoir moral ordonne en premier terme de respecter autrui et d'agir de manière à ce que notre maxime de notre action puisse être universalisable.

Or si tous les hommes mentaient et se plaisaient dans l'erreur, le monde n'aurait plus de sens? Pourtant, il n'est pas sûr que la vérité ne soit pas la réponse à d'autres besoins humains? N'est-il pas possible que le mensonge soit plus moral que la vérité? Toutes les vérités sont-elles bonnes à dire? La vérité doit toujours être énoncée - Il faut d'abord comprendre que la vérité est une valeur qui possède un aspect normatif certain.

C'est à partir d'elle qu'on juge, qu'on comprend.

La vérité est une norme, c'est-à-dire une règle, un modèle qui indique ce qui doit être. La vérité est avant tout une valeur, voire une exigence éthique, comme le montre l'expression quotidienne : "il faut dire toute la vérité.", comme s'il existait un devoir de vérité. - On peut voir plusieurs points pour comprendre ce fait.

Tout d'abord, Kant établit pour définir la moralité ce qu'il appelle l'impératif catégorique : " agis de telle manière que la maxime de ton action puisse être érigée en principe universel".

Or si nous imaginons un monde où tout le monde se ment, vit sans chercher à savoir s'il se trompe, nous voyons bien que cela n'est pas possible. Dans l'opuscule Sur un prétendu droit de mentir par humanité, Kant affirme qu'en mentant, même pour protéger la vie de quelqu'un, je porterai préjudice à la morale, c'est-à-dire à l'humanité tout entière.

D'une part, les hommes ne pourraient plus se faire confiance, chacun craindrait que son voisin le trahisse ou lui raconte n'importe quoi.

La société des hommes deviendrait intenable. Dans le domaine judiciaire, si les témoins ne disaient pas la vérité, plus aucune décision et sanction ne seraient justes et n'auraient un sens. Dans le recueil : La France en l'an 1797 (...) : Des réactions politiques, par BENJAMIN CONSTANT (...), on lit ce qui suit : "Le principe moral que dire la vérité est un devoir, s'il était pris de manière absolue et isolée, rendrait toute société impossible.

Nous en avons la preuve dans les conséquences directes qu'a tirées de ce (...) principe un philosophe allemande qui va jusqu'à prétendre qu'envers des assassins qui vous demanderaient si votre ami qu'ils poursuivent n'est pas réfugié dans votre maison, le mensonge serait un crime." Le philosophe français réfute ce principe de la manière suivante : "Dire la vérité est un devoir.

Qu'est-ce qu'un devoir ? L'idée de devoir est inséparable de celle de droits : un devoir est ce qui, dans un être, correspond aux droits d'un autre.

Là où il n'y a pas de droit, il n'y a pas de devoirs.

Dire la vérité n'est donc un devoir qu'envers ceux qui ont droit à la vérité.

Or nul homme n'a droit à la vérité qui nuit à autrui." Il faut d'abord remarquer que l'expression : avoir droit à la vérité, est dépourvue de sens.

Il faut dire plutôt que l'homme a droit à sa propre VÉRACITÉ, c'est-à-dire à la vérité subjective dans sa personne (...). La véracité dans les déclarations qu'on ne peut éluder est le devoir formel de l'homme envers chacun, si grave soit le préjudice qui puisse en résulter pour lui ; et encore que je ne commette aucune injustice à l'égard de celui qui, de façon injuste, me force à faire des déclarations, en les falsifiant, je n'en commets pas moins une injustice certaine à l'endroit de la partie la plus essentielle du devoir EN GÉNÉRAL par une telle falsification qui, de ce fait, peut également être appelée mensonge (...) : c'est-à-dire que je fais, autant qu'il dépend de moi, que des déclarations de façon générale ne trouvent aucune créance et que par suite aussi tous les droits qui sont fondés sur des contrats deviennent caducs et perdent vigueur : ce qui est une injustice commise à l'égard de l'humanité en général. Ainsi, il suffit de définir le mensonge comme une déclaration intentionnellement fausse et point n'est besoin d'ajouter cette clause qu'il faut qu'elle nuise à autrui (...) Car il nuit toujours à autrui : même si ce n'est pas à un autre homme, c'est à l'humanité en général, puisqu'il disqualifie la source du droit.

KANT Si l'illusion est la réalisation hallucinée d'un désir, on comprend qu'elle puisse aider à vivre : une espérance illusoire ne vaut-elle pas mieux qu'une vérité désespérante ? Plus : n'existe-t-il pas des vérités nuisibles ? Ces interrogations posent un problème moral: n'y a-t-il pas des circonstances qui légitiment le droit de mentir ? En répondant à cette question, Kant s'oppose au philosophe français Benjamin Constant. La position de Benjamin Constant est la suivante : il serait absurde d'affirmer que la vérité est toujours moralement exigible.

Le mensonge est légitime quand il vise à éviter de nuire à autrui (« nul homme n'a droit à la vérité qui nuit à autrui »). La réponse de Kant est la suivante :. »

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