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A quelles conditions une expérience peut-elle être considérée comme scientifique

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« THÈMES DE RÉFLEXION • Le « Vocabulaire de la philosophie » de Lalande. Expérience : «A) Le fait d'éprouver quelque chose, en tant que ce fait est considéré non seulement comme un phénomène transitoire, mais comme élargissant ou enrichissant la pensée : «Faire une dure expérience». B) Ensemble des modifications avantageuses qu'apporte l'exercice à nos facultés, des acquisitions que fait l'esprit par cet exercice, et d'une façon générale, de tous les progrès mentaux résultant de la vie. C) L'exercice des facultés intellectuelles, considéré comme fournissant à l'esprit des connaissances valables qui ne sont pas impliquées par la nature seule de l'esprit, en tant que pur sujet connaissant.

Il est usuel de distinguer en ce sens l'expérience externe (perception) et l'expérience interne (conscience). D) Expérimentation : Une expérience est le fait de provoquer, en partant de conditions bien déterminées, une observation telle que le résultat de cette observation, qui ne peut être assigné d'avance, soit propre à faire connaître la nature ou la loi du phénomène étudié... On discute sur la question de savoir si l'observation doit être opposée à l'expérience uniquement par l'intervention active de l'expérimentateur dans cette dernière ou si, pour qu'il y ait vraiment expérience au sens propre, l'on doit lui adjoindre l'intention soit de vérifier par son moyen une hypothèse déjà formulée, soit de faire naître une idée : « expérience pour voir ». • C'est avant tout le sens D qui doit retenir notre attention.

Mais les trois premiers sens ne sont pas à dédaigner; d'une part parce qu'ils nous amènent à considérer que (au moins) certaines connaissances ne peuvent pas être données a priori et qu'ils posent le problème du lien unissant de telles connaissances à la réalité sensible; d'autre part parce qu'ils nous amènent à penser qu'il ne suffit pas de dire que lorsqu'il y a activité de l'esprit pour penser et agir sur le monde il y a expérience scientifique...

et qu'il faut donc déterminer les conditions spécifiques de cette activité. • Admettons que nous appelions «expérience» toute intervention (pratique (et) ou mentale) volontaire du chercheur dans l'étude des phénomènes naturels et humains. • L'observation peut-elle être une «expérience» scientifique...

? à quelles conditions ? Elle peut être spontanée, fortuite (en ce cas peut-on dire que c'est une expérience scientifique) ? Elle peut être provoquée : Le chercheur peut modifier un phénomène naturel ou créer un dispositif expérimental destiné à «voir ce qui va se passer» et à lui suggérer une hypothèse.

(C'est ce qu'on a appelé l'expérience «pour voir»).

Il faut cependant remarquer ici que sans un certain savoir scientifique il ne saurait y avoir expérience «pour voir» scientifique... (Pour que l'expérience « pour voir » s'inclue dans le processus de « la » science, encore faut-il qu'elle s'inscrive dans un certain « champ théorique » à un certain moment donné, même si, dans l'expérience « pour voir », il ne s'agit pas précisément de confirmer ou d'informer une hypothèse précise.) • Le critère activité-passivité peut-il suffire pour distinguer l'observation de la vérification ? On peut remarquer d'une part que l'observation provoquée consiste à faire naître une hypothèse au moyen d'un dispositif volontairement et «activement» créé.

D'autre part il peut exister dans «la nature» ou dans les «sociétés humaines» des faits identiques à de véritables modifications «expérimentales ». «L'expérimentation» dans ce cas consiste à éprouver, à vérifier certaine(s) hypothèse(s) au moyen de ces faits. • On est ainsi amené à se demander si l'expérience peut être dite scientifique dans la mesure où elle «questionne» selon des « champs théoriques » (quitte à ce que ceux-ci soient remis en cause ultérieurement par le questionnement) en met tant à l'épreuve de la vérification ce questionnement. Cette vérification n'incluant pas nécessairement la production, la reproduction du phénomène à comprendre (c'està-dire à prendre ensemble, à prendre dans un champ théorique — quitte à modifier celui-ci.) • Pourquoi insister si longuement sur la théorie et si peu sur l'expérimentation au sens très strict (c'est-à-dire l'expérimentation provoquée) ? D'une part parce que réduire le champ de la science à ce qui peut être expérimenté au sens strict est abusif. D'autre part parce qu'une expérimentation provoquée (c'est-à-dire récréation du phénomène attendu selon certaine(s) hypothèse(s) ne prouve pas en toute rigueur que la ou les hypothèse(s) rendent compte absolument du phénomène étudié.

(En fait une vérification expérimentale peut infirmer une hypothèse mais non —en toute rigueur— la confirmer.) Refaire certaines expérimentations provoquées de la physique classique pourrait-il être tenu actuellement pour une expérience «scientifique» ? Ce serait faire bon marché du progrès de la physique et des mutations théoriques qui s'y sont produites. En ce sens ne doit-on pas dire que le caractère scientifique d'une expérience ne peut être pensé en dehors des champs théoriques scientifiques actuels (quitte à ce que telle ou telle expérience conduise à un remaniement voire à un bouleversement de tel ou tel «champ théorique».) • Dire cela, n'est-ce pas affirmer, en un certain sens, que ce n'est pas à nous (sauf si nous sommes des scientifiques de dire précisément « à quelles conditions l'expérience peut. »

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