Lecture linéaire Barbier de Séville Acte III scène 2
Publié le 21/06/2023
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«
LECTURE LINEAIRE, « Le Barbier de Séville », BEAUMARCHAIS
INTRODUCTION
Le Barbier de Séville est une pièce comique de Beaumarchais, représentée pour la première fois en 1775.
C’est le
premier volet d’une trilogie qui reprendra les mêmes personnages dans des intrigues différentes : notamment le
comte Almaviva et son valet Figaro, ici devenu barbier à Séville.
Dans cette pièce, Beaumarchais va multiplier les
ressorts comiques autour des différentes ruses de ses personnages, avec comme leçon finale le triomphe de la
jeunesse et de l’amour contre les abus d’un vieux tuteur tyrannique.
Le comte Almaviva est tombé amoureux de Rosine mais celle-ci est enfermée dans sa chambre par son vieux tuteur
Bartholo qui veut l’épouser.
Pour déjouer ce plan de mariage, le comte Almaviva aidé de Figaro va multiplier les
stratagèmes afin de s’introduire chez Rosine.
[Dans l’Acte II, il parvient à remettre une lettre à Rosine déguisé en soldat mais Bartholo
a été averti par don Basile, le maître de musique de Rosine, des plans du comte et met le soldat dehors avant d’exiger de voir la lettre.
Rosine
fait alors semblant d’être indignée et parvient à retourner la situation en sa faveur.]
Dans l’Acte III, le comte Almaviva se présente sous un autre déguisement chez Bartholo : il affirme être l’élève de don
Basile qui l’envoie à sa place pour la leçon de musique car il est malade.
Pour vaincre la méfiance de Bartholo, il invente
un mensonge s’appuyant sur les craintes du vieillard : il prétend qu’il est envoyé par Basile pour avertir de la présence
du comte Almaviva en ville et que Rosine lui aurait effectivement écrit.
En guise de preuve, il se voit obligé de lui faire
lire la lettre que Rosine lui a envoyée afin d’achever de le convaincre.
Cette ruse lui permettra de gagner la confiance
de Bartholo et pouvoir passer un moment avec la belle Rosine dans la scène suivante.
Dans l’extrait qui nous intéresse on assiste à la fin de la scène 2 de l’Acte III et l’efficacité de la ruse élaborée du comte.
Celui-ci, toujours sous les traits de l’élève de don Basile, explique à Bartholo qu’il est dans la confidence de ses projets
de mariage et explique comment le fait de montrer cette lettre au moment opportun pourra obliger la jeune femme
à épouser le vieil homme et vaincre ses résistances : il suffira de faire croire à Rosine que le comte l’a trahie.
Comment cette scène montre-t-elle l’habileté du comte Almaviva à tromper Bartholo ?
MOUVEMENT 1 : Le comte fait croire à Bartholo qu’il est dans la confidence de ses projets de mariage
LE COMTE.
— D’après un travail que fait actuellement don Basile avec un homme de loi…
BARTHOLO.
— Avec un homme de loi ! pour mon mariage ?
LE COMTE.
—Vous aurais-je arrêté sans cela ? Il m’a chargé de vous dire que tout peut être prêt pour demain.
Alors, si
elle résiste…
BARTHOLO.
— Elle résistera.
dans sa première réplique, le comte Almaviva fait semblant de travailler pour don Basile et d’être au courant de
tous ses projets pour favoriser le mariage de Bartholo
l’adverbe « actuellement » met en valeur à quel point le sujet est sa priorité
on observe un présent d’énonciation : « un travail que fait actuellement » qui donne l’impression que c’est un
travail qui est d’actualité au moment où il s’exprime
« homme de loi » renvoie au vocabulaire juridique, ce qui montre le sérieux de l’entreprise qui est donc sur le
point de se conclure
Bartholo lui coupe la parole comme le montre les points de suspension et la phrase nominale exclamative qui
marque sa surprise et son enthousiasme : « Avec un homme de loi ! » + le rajout de l’interrogative « pour mon
mariage ? » montre qu’il n’ose y croire, il cherche une confirmation de la nouvelle.
Le Comte rentre dans son jeu en justifiant sa confidence par l’importance de cette nouvelle et du fait qu’il a été
envoyé comme émissaire :
« Vous aurais-je arrêté sans cela » est une question rhétorique qui sert à parfaire ce déguisement de messager
de Basile
Il se veut rassurant en évoquant le projet de mariage du lendemain : « tout peut être prêt ».
Bien sûr, c’est un
mensonge mais il cherche d’abord à convaincre de la faisabilité du mariage.
Le verbe pouvoir dans « tout peut
être prêt » introduit une nuance où on a l’impression qu’il place Bartholo en position de seul décideur.
« Alors si elle résiste » : la résistance de Rosine est évoquée comme une hypothèse, seul obstacle possible à
ce mariage.
Une nouvelle fois, Bartholo coupe la parole du comte, montrant son fort caractère et son ton catégorique qui
transforme l’hypothèse de la résistance de Rosine en une certitude, comme le prouve l’usage du futur : « elle
résistera ».
En effet, dans les scènes précédentes, Rosine s’était montrée particulièrement en colère contre son
tuteur et pas dans de bonnes prédispositions pour consentir au mariage avec lui.
MOUVEMENT 2 : La double tromperie de la lettre pour amadouer Bartholo
LE COMTE.
— veut reprendre la lettre, Bartholo la serre.
Voilà l’instant où je puis vous servir : nous lui montrerons sa lettre ; et s’il le faut (plus mystérieusement), j’irai jusqu’à lui
dire que je la tiens d’une femme à qui le comte l’a sacrifiée.
Vous sentez que le trouble, la honte, le dépit, peuvent la
porter sur-le-champ…
BARTHOLO.
— riant
De la calomnie ! Mon cher ami, je vois bien maintenant que vous venez de la part de Basile !....
»
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