La crise de la culture – Hannah Arendt
Publié le 30/03/2023
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La crise de la culture – Hannah Arendt
IPAG Nantes
La crise de la
culture
- Hannah Arendt -
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La crise de la culture – Hannah Arendt
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TABLE DES MATIERES
I.
LA TRADITION ET L’ÂGE MODERNE
3
II.
LE CONCEPT D’HISTOIRE :
6
III.
QU’EST-CE QUE L’AUTORITE ?
10
IV.
QU’EST-CE QUE LA LIBERTE ?
14
LA CRISE DE L’EDUCATION
17
V.
VI.
LA CRISE DE LA CULTURE - PORTEE SOCIALE ET POLITIQUE
19
VII.
VERITE ET POLITIQUE
21
VIII.
LA CONQUETE DE L’ESPACE ET LA DIMENSION DE L’HOMME
28
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I.
La tradition et l’âge moderne
A travers cet ouvrage Hannah ARRENDT entend nous aider à savoir comment penser en
notre siècle, notamment par une analyse critique de la crise de la culture vécue aujourd’hui
dans le rejet de la tradition, quand longtemps la tradition lui servit de guide.
I.1
Paragraphe1
La tradition de pensée politique s’illustre dans la doctrine de Platon, et notamment
dans l’allégorie de la caverne, qui peut être considérée comme le commencement de la
tradition de pensée politique.
Dans sa volonté de s’en affranchir, voire de la nier, Marx en fixe
la fin et paradoxalement en affirme la puissance.
C’est principalement dans son rapport au travail que Marx marque la distance à la
tradition de pensée politique platonicienne.
En effet, dans l’idéal marxiste, et plus
particulièrement dans la partie de sa doctrine habituellement nommée utopique, la
productivité parvenue à son paroxysme provoquerait la fin de l’Etat et engendrerait une
société universellement tournée vers le loisir, puisque affranchie de la contrainte laborieuse.
L’administration de la société devient alors si simple qu’elle ne revêt d’intérêt que pour les
esprit les plus « médiocres ».Dans la tradition athénienne la condition de citoyenneté n’était
subordonnée à l’affranchissement du travail que du fait de la difficulté de la chose publique et
de l’attention qu’elle requérait ; le loisir consistait alors à non pas à se libérer du travail, mais
de l’activité politique.
Pour Marx la société idéale réalise la délivrance de ces deux
contraintes, du travail et le l’activité politique, pour une vie consacrée à des buts plus élevés.
Ses « prédictions », théorie d’une société sans classes, sans Etat et sans travail interviennent
dans la négation de la tradition comme inadaptée à la société contemporaine, mais grâce à
l’appréhension de cette société au moyen de concepts traditionnels.
De manière constante Marx s’est rebellé contre la tradition, et c’est dans cette lutte que
chacune de ses thèses puise sa signification.
La philosophie classique n’a plus droit de cité et
émane désormais de la classe laborieuse.
En effet l’homme n’est plus l’œuvre de Dieu, mais
créé par son propre travail, et distinct de l’animal non pas par la raison, mais par son travail,
traditionnellement activité la plus méprisée.
La violence des guerres et des révolutions n’est plus ici l’ultime arme de la tyrannie,
mais le révélateur de la réalité sociétale derrière l’hypocrisie des discours idéologique.
Elle se
fait l’arme indispensable à la classe dirigeante pour exercer son oppression.
Quand Aristote distingue le citoyen du barbare ou de l’esclave par sa participation volontaire
au jeu des contraintes politiques, établies par le discours et la persuasion, par opposition au
travail qui tenait des affaires privées et établissait un rapport négatif entre les hommes, Marx
établit que les superstructures idéologiques ne reposent que sur l’hostilité au dialogue et la
glorification de la violence.
Pour Marx la philosophie ne peut plus être limitée à la réflexion, elle doit être
complétée par l’action, et rejoindre le monde des affaires communes des hommes.
La
philosophie ne sera plus alors pour quelques uns, mais la réalité de sens commun pour tous.
Ces théories contiennent cependant des contradictions insolubles en leurs propres
termes : si l’homme se définit par son travail, né par l’action violente alors action humaine du
plus haut rang, qu’adviendra-t-il quand l’un et l’autre auront fondu dans l’aboutissement de la
lutte des classes et la disparition de l’Etat ?
Si les contradictions de Marx jugées mineures sont généralement présentées comme
les divergences « entre le point de vue scientifique de l’historien et le point de vue moral du
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prophète », celles évoquées supra traduisent la difficulté de Marx, que connaissent également
Kierkegaard et Nietzsche, à penser contre la tradition en lui empruntant ses outils conceptuels.
Ainsi, en privant la pensée de réalité au profit de l’action vidée de sens, Marx sonne le
glas de la pensée politique apparue lorsque Platon découvrit que la pensée philosophique ne
se concevait qu’affranchie des contingences de l’activité humaine.
I.2
Paragraphe 2
A l’exception de la période romaine au cours de laquelle ont utilisé la tradition comme
lien entre les génération et moyen de compréhension du monde contemporain par l’expérience
de civilisations antérieures, la tradition n’a jamais exercé son emprise sur la pensée de
l’homme occidental par la conscience qu’il en avait.
La fin de la tradition cependant n’induit pas la fin des concepts traditionnels qui
puisent leur force dans la volonté même chez Marx, Kierkegaard et Nietzsche de rompre
radicalement avec les thèses fondamentales politiques, religieuses et métaphysiques.
La
rupture dans notre histoire s ‘explique plutôt par la résultante de problèmes de masse dans ces
trois domaines, générés par une idéologie totalitaire.
Le totalitarisme en tant que fait institué
ne peut par essence s’appréhender au regard de concepts traditionnels et la rupture est
irréversible.
Tenir les penseurs du XIXe responsables, par leur opposition à la tradition, de cette
rupture serait injuste, voire risqué.
C’est l’apparition de nouveaux problèmes, résultant
notamment de l’émergence de l’ère industrielle, auxquels la tradition était impuissante à
apporter des solutions, qui les a mis dans l’obligation de choisir d’autres voies.
Cependant ces bribes d’explication ne sauraient justifier à elles seules une rupture, qui
pour être irrévocable, ne peut être que le fait d’actes et non de pensées, la réaction de Marx,
Kierkegaard et Nietzsche s’inscrivant par ailleurs dans un cadre traditionnel.
Hegel, en définissant l’histoire comme un déroulement continu dont il serait lui-même
un élément entre le passé et le futur, indépendant de l’un et de l’autre, se libère du joug de
l’autorité de la tradition à laquelle il substitue la continuité historique, ouvrant ainsi la voie à
ses successeurs , Marx, Kierkegaard et Nietzsche, vers un système libéré du passé, même dans
son cadre traditionnel.
A ce titre, s’il est parfois regrettable que la culture soit considérée comme un fossile de
peu d’intérêt, la liberté de regard que confère ce détachement au passé permet d’observer ce
dernier libre de toute pression.
I.3 Paragraphe 3
Chaque atteinte à la tradition peut être regardée comme une tentative de rapporter la
nouveauté à ce qui est connu donc maîtrisé.
Ainsi Kierkegaard se réfugie dans la croyance
pour échapper à l’angoisse du doute quant à l’existence de Dieu, mais également quant à la
raison.
Pour Marx, la transformation par Hegel de la métaphysique en philosophie de
l’histoire et du philosophe un l’historien enchaîné au passé rend inévitable l’abandon de la
contemplation au profit de l’action.
Nietzsche quant à lui cru possible de se détourner des
valeurs platoniciennes par une « transvaluation des valeurs ».
Tous trois ont en commun un débouché de leurs luttes respectives inverse au but
recherché.
En essayant d’échapper au doute par la croyance, Kierkegaard en fit une religion qui
ne ce concevait que par lui et qui supposait que la pureté ne pouvait s’envisager que dans un
esprit simple, privé de potentiel intellectuel.
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En théorisant l’action politique pour en chasser la notion philosophique, Marx, pour
vouloir confondre loi de l’histoire et politique, finit par perdre la signification et de l’une, et
de l’autre.
Enfin , Nietzsche dans sa tentative de « transvaluation », découvrit que le sensible ne
pouvait s’entendre sans le suprasensible et le transcendant.
Si la volonté d’opposer la dignité , pour Kierkegaard de la foi contre la raison, pour
Marx de l’action humaine contre la contemplation ou pour Nietzsche de la vie humaine contre
l’impuissance de l’homme moderne, si donc cette volonté s’est soldée par un échec, la
grandeur et la pertinence de ces entreprises ne sauraient être remises en cause, car elles
mettent en évidence mais également prennent en considération les incompatibilités de la
tradition avec certains aspects de la modernité.
Kierkegaard avait compris qu’un esprit de défiance qui ne se fie qu’à ce qu’il a lui
même établi ne peut se satisfaire de présupposés issus de la tradition.
En essayant de sauver la
foi de la modernité, il la rendit moderne et donc en proie au doute et à la défiance.
Marx essaya de sauver la pensée philosophique par sa réalisation grâce au travail élevé
jusqu’à exprimer la liberté de productivité de l’homme, et l’assujettit dans le même temps au
despotisme de la nécessité.
Avec l’émergence de la science nouvelle qu’est l’économie apparaît....
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